Les négociations pour renouveler la convention collective durent depuis un an. (Photo: Christinne Muschi La Presse Canadienne)
La grève partielle et illimitée des débardeurs du port de Montréal a débuté à 11h, jeudi, comme prévu.
C’est un potentiel de 320 des 1200 débardeurs qui tiennent cette fois une grève illimitée, mais ne touchant que les deux terminaux exploités par l’entreprise Termont, soit ceux de Viau et Maisonneuve.
Cette entreprise avait déjà été ciblée par une grève partielle des débardeurs durant trois jours, au début du mois d’octobre.
De plus, les débardeurs refusent de faire des heures supplémentaires depuis le 10 octobre.
Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affilié à la FTQ, s’était dit prêt à surseoir à sa grève annoncée s’il y avait, d’ici là, une entente entre les parties au sujet du recours à un certain type d’horaire de travail, mais l’offre syndicale n’aura pas permis d’éviter la grève.
C’est d’ailleurs cette question des horaires de travail qui fait que c’est l’entreprise Termont qui est visée par la nouvelle grève partielle et illimitée. La section locale du SCFP affirme que Termont a généralisé le recours à ce type d’horaire, auquel s’opposent les débardeurs.
Le syndicat affirme qu’en 2021, un représentant de l’entreprise avait affirmé devant un arbitre que ce type d’horaire n’était utilisé que dans 1 % des cas. Or, depuis, le recours à ce type d’ «horaire à quart» s’est généralisé chez Termont, soutient le syndicat. L’entreprise dit être dans son droit, puisque cela est permis par la convention collective.
L’Association des employeurs maritimes a rejeté la condition posée par le syndicat pour éviter la grève. «L’AEM ne peut accéder à la demande du Syndicat de modifier les horaires de travail en dehors d’une négociation en bonne et due forme. Les horaires utilisés sur les différents quais – à quart et à relais – remis en question par le Syndicat ces derniers jours, sont inscrits dans la convention collective en vigueur et ne peuvent servir de monnaie d’échange à une grève ciblant un seul opérateur, comme c’est le cas aujourd’hui», a-t-elle fait savoir jeudi.
Les négociations pour renouveler la convention collective durent depuis un an. La précédente négociation, en 2021, avait pris fin par une loi spéciale forçant le retour au travail.
À la mi-octobre, le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, avait proposé aux parties de recourir à un médiateur spécial, choisi hors de la fonction publique, pour tenter de résoudre le litige. Cela aurait supposé que les deux parties s’abstiennent de tout moyen de pression pendant 90 jours. Mais son offre n’a pas abouti.
Le litige porte principalement sur les horaires, la conciliation travail-vie personnelle et les salaires.
Le syndicat se dit prêt à accepter les augmentations de salaire qui ont été accordées aux débardeurs des ports de Vancouver et Halifax, soit 20 % sur quatre ans.
«Affectée depuis quelques mois déjà par une baisse de volume au port de Montréal, l’AEM a dû procéder à certaines coupures au sein de l’organisation et révise régulièrement sa situation. Des décisions difficiles, mais nécessaires, pourraient devoir être prises pour faire face aux impacts multiples de cette nouvelle grève», a prévenu l’association.
Par Lia Lévesque