« Patron, je me suis blessé en travaillant sur la table
Événements Les Affaires|Publié le 05 août 2020(Photo : 123rf)
La pandémie a forcé les entreprises à revoir leurs façons de travailler, ce qui peut entraîner de nouveaux risques pour la santé psychologique et physique des travailleurs, mais également de meilleures pratiques. Un panel de discussion se penchera sur ce sujet lors de la conférence Santé et Sécurité du travail des Événements Les Affaires, qui aura lieu en ligne le 23 septembre prochain. Karolyne Gagnon, vice-présidente Travail et affaires juridiques au Conseil du Patronat du Québec, participera à cette discussion.
Quels enjeux la pandémie a-t-elle soulevés en matière de santé et sécurité au travail?
Karolyne Gagnon : Le télétravail est un grand enjeu. Il a pris de l’essor pendant la pandémie et beaucoup d’employés continueront à en faire après. Or, dans un monde traditionnel, l’employeur a la responsabilité d’assurer la santé et la sécurité de ses employés dans leur lieu de travail. Mais que faire lorsque le lieu de travail est le domicile de l’employé? Les employeurs se questionnent. Selon la jurisprudence, si un salarié se blesse ou développe une maladie professionnelle là où il effectue ses tâches, l’employeur pourrait être tenu responsable d’avoir omis de mettre en place des mesures de sécurité adéquates.
Dans ce cas, qu’est-ce que les employeurs devraient faire?
K.G. : L’employeur ne doit pas nécessairement venir aménager lui-même l’espace de travail de son employé à la maison. Toutefois, il doit lui fournir de l’information et des conseils sur l’ergonomie de son poste de travail, la hauteur du clavier, de l’écran et du fauteuil, l’éclairage, les bonnes postures, les pauses pour se dégourdir et reposer ses yeux, etc. Pourrait-il y avoir un ergonome qui se rende chez le travailleur? C’est une possibilité. Dans un lieu de travail traditionnel, l’employeur a un droit de coordination et de contrôle. Mais au domicile de l’employé, il y a des enjeux d’atteinte à la vie privée. Il va y avoir beaucoup de questions à se poser et des balises à définir. Et il sera important de consigner cela dans les contrats de travail.
Y a-t-il d’autres problématiques associées au travail à distance?
K.G. : La question de l’isolement en est une. Est-ce que cela pourrait affecter la santé mentale de certains travailleurs? Les employeurs auraient avantage à mettre en place des façons de susciter les échanges entre employés et de cultiver le sentiment d’appartenance à distance. Ils devront aussi se pencher sur l’organisation du travail pour éviter que leurs employés en télétravail se laissent envahir par le travail, qu’il n’y ait plus de barrière entre la vie privée et la vie professionnelle.
En matière de santé et sécurité au travail, est-ce qu’il y a quelque chose de positif qui ressort de cette crise sanitaire?
K.G. : Avec toute l’information qui a été donnée sur les règles d’hygiène de base et les précautions qui ont été prises, les employeurs et les employés sont désormais plus conscients des risques de propagation et savent comment les limiter. C’est quelque chose qui va rester. Et pas seulement pour prévenir la COVID-19, mais également la grippe, la gastro, le rhume. Des maladies qui, souvent, n’ont pas d’impact sur la santé à long terme, mais qui entraînent des absences du travail qui nuisent à la productivité.
Les entreprises sont-elles mieux préparées à affronter d’autres vagues de la COVID-19 ou une pandémie?
K.G. : Affirmatif! Avant la COVID, très peu d’employeurs avaient prévu des mesures pour poursuivre leurs opérations en cas de pandémie. Maintenant, c’est fait. Les entreprises ont dépensé beaucoup d’argent pour réorganiser leurs lieux de travail et leurs façons de faire les choses. Elles sont prêtes à poursuivre leurs activités de manière sécuritaire. Car s’il fallait encore tout mettre sur pause, les dommages seraient irréversibles pour plusieurs.