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Panier bleu: achat local ou seulement de proximité?

La Presse Canadienne|Publié le 04 mai 2020

Panier bleu: achat local ou seulement de proximité?

Pour les consommateurs québécois, c’est surtout la fabrication locale qui compte selon Fabien Durif. (Photo: 123RF)

Un mois après le lancement du bottin en ligne « Panier bleu », boulangeries de quartier, coopératives agricoles et librairies indépendantes y côtoient des franchises de multinationales étrangères, telles que des épiceries IGA et un restaurant Subway.

Le répertoire, que le gouvernement avait pourtant présenté comme la panacée de l’achat local, réunit aujourd’hui près de 17 500 entreprises québécoises — que leurs produits, eux, soient d’ici ou non. Or, pour les consommateurs québécois, c’est surtout la fabrication locale qui compte, souligne le directeur de l’Observatoire de la consommation responsable de l’Université du Québec à Montréal.

« Il va falloir qu’ils arrivent à flécher et à expliquer ce qui est du commerce de proximité, c’est-à-dire une entreprise qui est ici, et ce qui est du fabriqué localement, parce que le citoyen ne veut pas forcément encourager les deux de la même façon », expose Fabien Durif.

M. Durif, qui est également vice-doyen à la recherche de l’École des sciences de la gestion (ESG UQAM), anticipe une sensibilité grandissante à l’achat local dans la foulée de la pandémie, comme ça avait été le cas après la crise financière mondiale de 2008, à l’insistance des gouvernements.

Mais cet élan pourrait selon lui être freiné par un manque d’encadrement autour de la provenance des produits dans le secteur manufacturier, dont la traçabilité est beaucoup plus complexe que dans le secteur alimentaire, où la certification « Aliments du Québec » est solidement implantée, par exemple.

À l’ère de la mondialisation, il reste difficile pour les citoyens d’identifier les produits qu’ils aimeraient soutenir, d’autant plus que certaines entreprises peuvent délibérément manquer de transparence.

Au gouvernement de donner l’exemple

Confronté à plusieurs défis d’approvisionnement depuis le début de la crise sanitaire, le premier ministre François Legault est souvent revenu sur la nécessité d’accroître l’autosuffisance de la province, notamment sur le plan alimentaire et sur le plan du matériel médical. 

M. Legault a aussi évoqué une sortie de crise axée sur une diminution des importations au profit de la production manufacturière québécoise, quitte à contourner des accords internationaux.

Tandis que le gouvernement plaide qu’il est plus important que jamais d’acheter local, à lui de donner l’exemple, dit Québec solidaire.

Le parti d’opposition propose que les ministères, organismes et institutions publiques remplacent, sur un horizon de quatre ans, près de la moitié de leurs achats faits hors Québec par des achats locaux, que ce soit pour des fournitures de bureau ou encore la nourriture servie dans les centres de la petite enfance par exemple.

La co-porte-parole solidaire, Manon Massé, y voit un « levier collectif » pour améliorer la résilience de la province et dynamiser ses régions.

Et faciliter les choix des citoyens, Québec solidaire suggère la création d’une nouvelle certification « Fabriqué au Québec ».

« Je pense que la crise actuelle est venue éveiller un certain nombre de préoccupations chez les consommateurs, et maintenant il y a des outils qui manquent », fait valoir Mme Massé.