Christine Regimbal, chef de la diversité et de l’inclusion, Raymond Chabot Grant Thornton (Photo: courtoisie)
PROFESSION: COMPTABLE. L’actualité des derniers mois a replacé les questions de racisme et de discrimination au coeur des débats politiques et sociaux. La profession comptable n’y échappe pas et poursuit ses efforts pour accorder plus de place à la diversité dans ses rangs.
Le 23 juin, Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT) a officiellement nommé Christine Regimbal chef de la diversité et de l’inclusion. Dans son communiqué d’annonce, le cabinet a admis que «l’actualité des dernières semaines nous sensibilise à l’importance de réfléchir aux questions entourant le racisme et la discrimination».
Christine Regimbal sera appuyée dans ses efforts par un comité regroupant une vingtaine d’employés issus de diverses disciplines et provenant de plusieurs régions du pays. «C’est essentiel, parce que nos 115 bureaux du Québec, du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario ne vivent pas les mêmes réalités ni les mêmes défis en ce qui a trait à la diversité», explique-t-elle.
Depuis plus d’un an maintenant, RCGT travaille à étoffer son approche en matière de diversité et d’inclusion. Le cabinet a d’abord réalisé un diagnostic basé sur des entrevues avec 80 membres du personnel issus de différentes communautés culturelles ou de genres. Les répondants ont souligné le soutien qu’ils reçoivent de RCGT, mais les femmes ont manifesté le besoin d’obtenir plus d’appui dans la progression de leur carrière vers le poste d’associée. Cela passerait, selon elles, par une meilleure conciliation travail-famille.
Par ailleurs, tous les associés du cabinet ont participé à une formation sur les biais inconscients. Celle-ci sera bientôt offerte à l’ensemble du personnel, en plus d’être ajoutée au processus d’intégration de tous les nouveaux employés.
Christine Regimbal note que le sujet de la diversité et de l’inclusion est très mobilisateur au sein du cabinet. «Lors de ma nomination, j’ai reçu plus de 200 courriels et textos de membres du personnel qui se disaient fiers de nous voir travailler sur ces questions», raconte-t-elle. Selon la CPA, améliorer la diversité et l’inclusion permet d’attirer les meilleurs talents, d’augmenter la qualité des prises de décision et de favoriser l’innovation.
Faciliter l’intégration
De son côté, l’Ordre des CPA du Québec travaille sur la question de la diversité depuis plusieurs années, confie sa présidente et chef de la direction, Geneviève Mottard. Il cherche d’abord à améliorer l’intégration des professionnels formés à l’étranger. C’est pourquoi il a collaboré avec le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration au développement d’un site web visant à faciliter la reconnaissance des acquis.
Pour pratiquer au Québec, les comptables doivent se voir reconnaître l’équivalent d’une formation de deuxième cycle universitaire, en plus de l’équivalent de deux ans d’expérience et d’un examen. «C’est assez simple lorsqu’ils arrivent de la France, qui jouit d’une entente de reconnaissance des acquis avec le Québec et où le parcours des experts-comptables ressemble à celui de nos CPA, mais ça se complique lorsqu’ils proviennent de pays où la formation est très différente», précise Geneviève Mottard. Le nouveau site web permet à l’Ordre d’aller chercher des informations au sujet du parcours des candidats pour comprendre quels acquis il peut leur reconnaître.
L’urgence d’agir
L’Ordre des CPA tente aussi d’améliorer son propre bilan en matière de diversité. Lors du dernier renouvellement de son conseil d’administration (CA), en juin dernier, certains lui ont reproché qu’aucune nomination ne provienne de minorités culturelles. Geneviève Mottard rappelle que le Code des professions ne permet pas à la direction d’un ordre professionnel de proposer des nominations au CA. «Nous aimerions disposer d’un comité de nomination afin de solliciter des candidatures issues des communautés culturelles pour assurer une plus grande diversité, mais nous ne pouvons pas le faire présentement», explique-t-elle.
Actuellement, l’Ordre compte six femmes sur un total de 15 membres du CA, mais un seul représentant d’une minorité culturelle. Le comité de direction compte 10 femmes et 1 seul homme, mais aucun membre d’une minorité culturelle. Sa présidente souligne toutefois que près de 25 % des employés de l’Ordre proviennent de la diversité ethnoculturelle, et qu’elle compte «continuer de travailler pour augmenter leur représentation à tous les échelons».