Mon hommage à Kobe Bryant: le sportif, le papa, l’entrepreneur
Nicolas Duvernois|Publié le 28 janvier 2020Gianna Bryant et Kobe Bryant. (Photo: Getty images)
BLOGUE INVITÉ. J’écris cette chronique avec une profonde tristesse. J’ai appris, comme tout le monde, la mort tragique de neuf personnes incluant l’un des plus grands sportifs de tous les temps, Kobe Bryant, durant la fin de semaine. Pire, il a succombé dans un accident d’hélicoptère avec sa fille adorée, Gianna, âgée d’à peine 13 ans. Ils étaient en direction du centre d’entraînement haute performance qu’il avait fondé il y a quelques années, le Mamba Sports Academy. Sa fille avait un match, Kobe était l’entraîneur.
Sur le terrain, Kobe n’était pas mon joueur préféré, cependant j’ai toujours respecté l’extrême talent et la fougue qu’il avait. Les surdoués comme Kobe sont rares, peu importe le sport ou même le travail qu’ils font. Plus jeune joueur de l’histoire de la NBA à 18 ans, il a eu une brillante carrière de 20 saisons, toutes dans la même équipe, les Lakers de Los Angeles. Cinq championnats, 18 nominations au match des étoiles, deux médailles d’or aux Jeux olympiques, quatrième plus grand marqueur de l’histoire de la NBA (National Basketball Association), un oscar pour le meilleur court métrage en animation… Bref, un personnage plus grand que nature.
Depuis quelques années, j’aimais suivre Kobe, l’homme. Mari, homme d’affaires, investisseur, philanthrope et surtout papa, il est un des rares sportifs ayant réussi avec brio sa transition post-sport. Comme le démontrent tant de tristes exemples, prendre sa retraite à 38 ans avec des millions de dollars en banque et après avoir été adulé par des stades entiers aux quatre coins de la planète n’est pas fait pour tout le monde.
Grâce à sa présence sur les réseaux sociaux, je suivais Kobe tel un véritable fan. Sans le connaître, je me retrouvais en lui. L’univers du basket est en fait une grande famille. Même si je n’ai jamais joué à son niveau (pas même proche!), il faisait partie de ma famille. Je me reconnaissais en lui. Âge similaire, passion pour le basket, goût pour le monde des affaires et amour inconditionnel pour sa femme et ses filles.
De plus, ce qui m’a beaucoup rapproché de lui ces dernières années est le fait qu’en tant que père de quatre filles, il avait décidé de s’impliquer activement dans la promotion du sport féminin. D’ailleurs, quelques jours avant sa mort, il affirmait haut et fort qu’il croyait sincèrement que certaines joueuses de la WNBA, (la NBA version féminine) avait tout pour jouer actuellement dans la NBA. Ceux qui me connaissent savent à quel point je partage ces mêmes idéaux.
Jeune, je n’étais pas très bon étudiant. Certes, j’avais d’excellentes notes dans les quelques cours qui m’intéressaient (surtout l’histoire et la géographie), mais quand le sujet ne m’intéressait pas, je n’écoutais tout simplement pas. Comme dirait ma mère, c’est cependant grâce au basketball que je suis resté à l’école.
Un sport qui a fait de moi un entrepreneur
C’est en 1992, lors des Jeux olympiques de Barcelone, que j’ai commencé à m’y intéresser. Ce ballon rond a changé ma vie à tout jamais. La «Dream Team» de l’époque, composée de plusieurs des meilleurs joueurs de tous les temps comme Michael Jordan, Magic Johnson, Larry Bird, Karl Malone et j’en passe, était tout simplement la meilleure équipe, tous sports confondus, de tous les temps. Non seulement je découvrais un sport qui allait m’ouvrir bien des portes, mais je découvrais aussi un sport qui allait faire de moi un entrepreneur.
Rapidement, je suis devenu un fan fini. Dès que j’avais un moment de libre, j’avais un ballon entre les mains. Mes meilleurs amis, mes meilleurs moments d’adolescence, mes plus beaux voyages, mes plus beaux souvenirs d’école… je les ai grâce au basketball. De l’équipe juvénile AAA du lycée Stanislas en passant par Sun Youth, ou dans le programme de sport-étude de Vanier College, j’ai appris ce qu’il fallait non seulement pour être un bon joueur, mais aussi pour être un bon entrepreneur.
Car ce sport ne m’a pas seulement appris à mettre un ballon dans un panier. C’est grâce au basketball que j’ai appris que le talent sans éthique de travail ne vaut pas grand-chose. C’est aussi grâce à lui que j’ai réalisé l’importance du travail d’équipe afin d’atteindre un objectif. J’ai découvert aussi l’influence que chaque détail, chaque microdécision a sur le résultat final.
C’est grâce à lui que j’ai appris qu’il fallait être prêt à perdre pour espérer gagner. J’ai compris la véritable définition des mots «sacrifice» et «prise de risque». J’ai aussi réalisé que ce n’était pas toujours le plus grand, le plus fort ou le plus rapide qui gagnait. C’était plutôt celui avec la plus profonde conviction, celui qui se préparait quand les autres fêtaient, celui qui, quelques heures après une victoire, retournait au gymnase jusqu’à sa fermeture afin de perfectionner un tir qu’il avait raté pendant le match.
Finalement, sans le savoir, c’est en jouant au basketball que je suis devenu entrepreneur. C’est en m’inspirant des plus grands, comme Kobe, que j’ai découvert tout ce qu’il fallait faire pour avoir, ne serait-ce que la plus petite chance de réussir au basketball et en affaires. Car les leçons de vie de ce grand athlète sont aussi bonnes sur un terrain qu’au bureau.
Comme pour bien des tragédies de ce genre, nous restons sans mot derrière l’horreur du moment. Bien que chaque vie humaine qui est perdue de cette manière laisse un immense vide, le décès de Kobe et Gianna me touche particulièrement. En écrivant ces mots, je n’ai qu’une seule envie, soit de me coller à mes filles, à ma femme, à mes amis et à ma famille afin de leur dire à quel point je les aime. On dit souvent que la vie est fragile, et bien cet évènement en est la pire des preuves.