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Moderna annonce que son candidat-vaccin est efficace à 94,5%

AFP|Publié le 16 novembre 2020

Moderna annonce que son candidat-vaccin est efficace à 94,5%

(Photo: 123RF)

La perspective des premières vaccinations contre la Covid-19 d’ici la fin de l’année se concrétise : après Pfizer/BioNTech la semaine dernière, la société de biotechnologie américaine Moderna (MRNA) a annoncé lundi que son vaccin était efficace à 94,5 %. Elle compte en fabriquer 20 millions de doses d’ici fin décembre.

Cela signifie que le risque de tomber malade de la Covid-19 a été réduit de 94,5 % entre le groupe placebo et le groupe vacciné du grand essai clinique en cours sur 30 000 personnes aux États-Unis, selon une analyse préliminaire des tout premiers cas : en l’occurrence, 90 participants du groupe placebo ont attrapé la Covid-19, contre 5 dans le groupe vacciné.

On ignore encore la durée de la protection conférée par le vaccin, ce que seul le temps révélera.

Mais si ce niveau d’efficacité était le même dans la population générale, ce serait l’un des vaccins les plus efficaces qui existent, comparable à celui contre la rougeole, efficace à 97 % en deux doses, et bien meilleur que contre la grippe (19 à 60 %), selon les Centres américains de lutte contre les maladies.

Le vaccin de Pfizer aurait une efficacité de 90 %, et le vaccin russe Spoutnik V de 92 %, selon de premiers résultats communiqués la semaine dernière.

« C’est un moment charnière dans le développement de notre candidat-vaccin contre la Covid-19 », s’est réjoui le patron de Moderna, Stéphane Bancel. « Cette analyse intérimaire positive issue de notre essai de phase 3 nous donne les premières indications cliniques que notre vaccin peut prévenir la maladie de Covid-19, y compris la forme grave ».

Aucun malade grave de la Covid-19 n’a été enregistré parmi les personnes ayant reçu le vaccin Moderna, contre 11 dans le groupe placebo.

Environ 9 à 10 % des personnes vaccinées ont eu des effets secondaires importants après la seconde dose tels que fatigue, courbatures, ou rougeur autour du point d’injection. Les données n’ont pas été évaluées indépendamment par des scientifiques.

Moderna demandera une autorisation de mise sur le marché « dans les prochaines semaines » aux États-Unis. 

Si le vaccin était approuvé, la rapidité de développement serait une prouesse scientifique, moins d’un an après la sortie du virus de Chine. 

 

20 millions de doses en 2020

Il fallut neuf ans dans les années 1950 pour développer et autoriser le vaccin contre la rougeole. Dans les dix dernières années, la durée moyenne de développement pour les 21 vaccins approuvés par la FDA fut de huit ans, selon une étude parue dans la revue internationale Jama.

L’Europe examine également le vaccin de Moderna, devenu lundi le troisième projet soumis à un « examen continu » par l’Agence européenne des médicaments, après ceux d’Oxford/AstraZeneca puis de Pfizer/BioNTech début octobre.

Le vaccin se fait en deux injections séparées de quatre semaines. Il doit être transporté à -20 °C, mais pourra ensuite être stocké décongelé dans un réfrigérateur (2 à 8 °C) pendant 30 jours.

Il a été co-développé avec les scientifiques de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses, dirigé par Anthony Fauci, un organisme de recherche public.

Il est fondé sur une technologie récente (Moderna n’a été créée qu’en 2010), qui n’avait encore jamais fait ses preuves : l’ARN messager. Des instructions génétiques pénètrent directement les cellules humaines, qu’elles reprogramment pour qu’elles fabriquent elles-mêmes un antigène du coronavirus… afin de déclencher une réponse du système immunitaire.

Pour Moderna, qui a reçu 2,5 milliards de dollars d’argent public américain et promis 100 millions de doses au gouvernement américain dont 15 millions, avant fin décembre, ces résultats sont la consécration de dix années de développement qui n’avaient, jusqu’à présent, jamais dépassé les phases initiales d’essais cliniques.

La biotech, installée à Cambridge dans le Massachusetts, avait été la première à tester un vaccin sur des humains, le 16 mars, deux mois à peine après le séquençage du coronavirus par des scientifiques chinois.

Moderna a aussi signé des contrats avec le Canada, la Suisse, le Japon, Israël et le Qatar et est en négociation avec l’Union européenne, le Royaume-Uni et le programme international Covax. 

Elle prévoit de produire 20 millions de doses cette année, et entre 500 millions et un milliard en 2021, grâce à des sites de production et des partenaires industriels aux États-Unis, en Suisse et en Espagne.