(Photo: 123RF)
ENTRE LES LIGNES. Les fêtes étant maintenant terminées, le temps est venu de nous préoccuper à nouveau de l’économie et des marchés boursiers !
À la faveur de nombreuses rencontres familiales et entre amis, j’ai pu glaner certaines informations intéressantes concernant les marchés boursiers et leurs perspectives. En particulier, j’ai eu la chance de croiser mes deux bons amis, MM. Bull et Bear, lors d’un party du Nouvel An. J’ai pensé partager avec vous ce dont ils ont discuté:
M. Bull: Salut ! Comment ça va ? Il y a longtemps qu’on s’est parlé. Comment as-tu trouvé l’année 2022?
M. Bear: Ça va, ça va. Très difficile, vivement qu’arrive 2023 ! Même si j’ai bien peur que 2023 soit une autre année difficile pour l’économie, la Bourse et la situation géopolitique. Je ne vois pas, par exemple, comment la guerre en Ukraine pourrait se résorber rapidement.
M. Bull: C’est sûr.
Beaucoup d’incertitude plane sur les marchés et l’économie. Mais n’est-ce pas toujours le cas ? Y a-t-il déjà eu un moment où on a pu investir en Bourse sans qu’il n’y ait d’incertitude ?
M. Bear: Probablement pas, mais la période actuelle est particulièrement incertaine. Je pense notamment au haut niveau d’inflation qui devrait perdurer pendant plusieurs mois. Je ne vois pas la Réserve fédérale américaine interrompre ses hausses de taux avant longtemps. On ne le voit pas encore réellement dans les statistiques économiques, mais il me semble évident que des taux aussi élevés auront une incidence néfaste sur la croissance économique. Je crois franchement qu’on assistera à une récession au cours du premier semestre de l’année.
M. Bull: C’est en effet bien possible. Mais une récession ne serait-elle pas une bonne chose pour l’économie à long terme ? N’a-t-on pas besoin d’un ralentissement économique pour enfin juguler l’inflation et la ramener à des niveaux plus normaux et soutenables ? Par exemple, une récession pourrait permettre d’alléger les problèmes de main-d’oeuvre observés au cours des dernières années.
M. Bear: Je le crois aussi. Mais je crois que le ralentissement économique pourrait être plus sévère et prolongé que ne l’anticipent la plupart des gens. Il n’est pas si simple de mater l’inflation lorsqu’elle s’emballe. Et c’est sans compter la baisse prévisible des bénéfices des sociétés. La hausse des taux diminuera leurs revenus et exercera une pression sur leurs marges; ce n’est pas une bonne recette pour les bénéfices à venir. Un autre gros problème est la levée des mesures de confinement en Chine; on doit s’attendre à une forte vague de contagion à la COVID et à un effet marqué sur l’économie mondiale.
M. Bull: D’accord. Mais il ne faut pas mettre toutes les sociétés dans le même panier. Il est probable que celles qui n’étaient pas rentables au cours des dernières années et qui requièrent régulièrement du capital connaissent de sérieuses difficultés. Plusieurs de ces sociétés pourraient même ne pas survivre aux prochains trimestres. En revanche, de nombreuses autres entreprises sont rentables et en excellente santé financière. Non seulement elles ne devraient pas être trop affectées par la hausse des taux, mais elles pourraient aussi profiter des difficultés de leurs concurrents moins solides. Il ne faut pas non plus sous-estimer la capacité des entreprises à s’adapter aux conditions changeantes de l’économie.
M. Bear: Je crois aussi que l’évaluation des marchés est encore trop élevée, considérant la hausse des taux déjà survenue et, surtout, celles qui surviendront en 2023. C’est encore plus vrai si l’on prévoit une baisse des bénéfices des entreprises. Le S&P 500 se négocie à près de 17 fois les profits prévus en 2023. Et ces derniers reposent selon moi sur une prévision de croissance d’environ 13 % des bénéfices par rapport à ceux de 2022. C’est trop optimiste.
M. Bull: Tu as peut-être raison. Il me semble toutefois qu’après une correction de 18,1 % du S&P 500 en 2022, on peut présumer que la plupart des mauvaises nouvelles sont en grande partie escomptées. Le marché peut certainement baisser davantage, mais le pire est probablement derrière nous. De plus, s’il est vrai qu’un ratio de 17 fois les bénéfices prévus soit plus élevé que la moyenne historique de près de 15, il faut mettre un tel ratio en relation avec le niveau des taux d’intérêt. Même si les taux ont fortement monté l’an dernier, ils demeurent bas par rapport à leur niveau historique.
M. Bear: Tout ce que je peux dire, c’est que je n’ai confiance ni dans les actions ni dans les obligations pour la prochaine année. J’ai retiré une grande partie de mes billes du marché ces derniers mois et je les garde en encaisse et en certificats de dépôt. Je dors sur mes deux oreilles. En plus, les rendements offerts commencent à être attrayants !
M. Bull: Oui, mais tu ne tiens pas compte de l’effet de l’inflation sur tes rendements. En termes réels, ils seront négatifs. De mon côté, c’est tout le contraire. Je crois que la table est mise pour que l’investisseur à long terme obtienne des rendements attrayants dans les années à venir. Et c’est vrai autant pour les actions que pour les obligations, à la condition de se montrer sélectif et de favoriser les titres de sociétés de qualité, celles qui font des profits et sont en bonne santé financière. J’ai profité de la forte correction des marchés l’an passé et suis pleinement investi pour la prochaine année.
M. Bear: On verra bien. En dépit de toutes les mauvaises nouvelles, je te souhaite une bonne année 2023 ! J’ai bien hâte de recroiser mes deux bons amis au party du Nouvel An de 2024. En les quittant, je n’ai pu m’empêcher de penser qu’il faut des investisseurs de tous genres pour faire un marché boursier.
D’ici là, je vous souhaite une bonne année ! Santé, bonheur et prospérité.