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Les restaurateurs ne digèrent pas d’être encore pénalisés

La Presse Canadienne|Publié le 29 septembre 2020

Les restaurateurs ne digèrent pas d’être encore pénalisés

(Photo: Paul Chiasson pour La Presse canadienne)

La deuxième vague de propagation de la COVID-19 qui déferle sur le Québec pourrait faire de nouvelles victimes économiques, préviennent plusieurs organismes qui appellent le gouvernement à la prudence.

Lundi, le premier ministre François Legault a annoncé le passage à l’état d’alerte, en zone rouge, des régions de Montréal, de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches à compter de jeudi. Ce statut sera assorti d’une fermeture de 28 jours des bars, des salles à manger des restaurants, des théâtres, des cinémas et autres salles de réception.

Dans le camp des restaurateurs, on s’explique très mal l’annonce du gouvernement visant leurs salles à manger. L’Association Restauration Québec (ARQ) souligne que la semaine dernière François Legault reconnaissait lui-même que le problème « n’est pas dans les bars, ni dans les restaurants, ni dans les rassemblements extérieurs », alors qu’on jetait le blâme sur les réunions dans les maisons.

« Les restaurants n’ont pas été un lieu d’éclosion. Au contraire, on pense qu’on était une partie de la solution, pas le problème! On offre un lieu encadré, structuré, surveillé par la police et la santé publique », a commenté le vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’ARQ, François Meunier.

Il ajoute que ce n’est pas juste les restaurants qui vont souffrir de cette décision, mais toute la chaîne de distribution, de transformation et de production alimentaire.

Selon les données fournies par l’association, l’industrie de la restauration aurait perdu 30 % de ses ventes au cours des sept premiers mois de l’année 2020. Un taux qui grimpe à 40 % dans le cas du service aux tables. On estime les pertes à 4 milliards $ sur une base annuelle.

L’ARQ réclame l’interdiction d’expulser un locataire commercial pour non-paiement de loyer; un congé de versement de la TPS et de la TVQ ; l’annulation ou le remboursement des taxes foncières ; et un programme de compensation des pertes de produits périssables.

Consternation des diffuseurs

L’Association professionnelle des diffuseurs de spectacles (RIDEAU) dit avoir appris « avec consternation » la nouvelle visant les salles en zone rouge. La fermeture forcée de 28 jours va affecter environ une centaine d’établissements.

« Il n’y a pas eu d’éclosion du tout dans les salles de spectacle », clame le président de RIDEAU David Laferrière. Ses membres n’ont même jamais été approchés dans le cadre d’une enquête de traçage liée à un cas de COVID-19.

À ce sujet, M. Laferrière fait remarquer que tout a été mis en place pour que les spectateurs ne se croisent pas dans les salles. Et si jamais une opération de traçage était nécessaire, il rappelle que toutes les personnes sont faciles à retrouver puisqu’elles ont dû acheter un billet.

L’organisme demande carrément au gouvernement de réviser sa décision alors que les salles ont déployé énormément d’efforts pour adapter leur programmation à la crise sanitaire.

David Laferrière se désole également pour les artistes qui vont souffrir de cette annonce.

Situation critique

À la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), on insiste sur le fait que « la situation est critique pour de nombreuses PME » ayant difficilement survécu à la première vague.

Par voie de communiqué, la FCEI se dit encouragée par les mots du premier ministre qui dit travailler à l’élaboration d’un programme de compensations pour les entreprises touchées par ces nouvelles restrictions prévues pour 28 jours.

« Nos PME ont mis les bouchées doubles lors de la réouverture économique, notamment en investissant d’importantes sommes afin de créer des milieux sécuritaires pour les employés et les clients », peut-on lire dans une citation attribuée au vice−président de la division québécoise de la fédération, François Vincent, qui qualifie l’annonce de démoralisante pour plusieurs entrepreneurs.

Du côté de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), on dit reconnaître la nécessité des mesures restrictives pour freiner le virus, mais on s’inquiète de l’impact « dévastateur » que ces consignes pourraient entraîner.

Le président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc, réclame une aide financière additionnelle pour tous les commerces touchés.

« Nous demandons au ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, de considérer l’élimination de tous leurs coûts fixes publics, de leur accorder un crédit d’impôt remboursable pour leurs taxes foncières et de faire en sorte qu’ils aient un accès immédiat au programme d’aide au loyer, sans exiger un appui des propriétaires », énumère M. Leblanc dans un communiqué publié en fin de journée.

Sur le même thème, la Fédération des chambres de commerce du Québec prie le gouvernement d’annoncer rapidement ses mesures de compensation afin de rassurer les PME. 

Elle souhaite de l’aide directe pour « prévenir la fermeture définitive d’un maximum d’entreprises », a plaidé par communiqué son président−directeur général Charles Milliard.