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L’écriture inclusive pour donner du poids à vos idées

Le courrier des lecteurs|Publié le 06 octobre 2021

L’écriture inclusive pour donner du poids à vos idées

(Photo: 123RF)

Un texte d’Anik Pelletier, vice-présidente du service de Langage de marque chez Bleublancrouge.

COURRIER DES LECTEURS. C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai pris connaissance de l’invitation à la journée sur l’équité, la diversité et l’inclusion le 18 novembre prochain dans le cadre des Événements Les Affaires. C’est un sujet d’actualité qui m’interpelle: j’ai pris il y a quelque temps déjà le virage vers l’écriture inclusive. Aussi, dans mon milieu de travail, on la considère comme nécessaire pour articuler une pensée inclusive et centrale pour la réflexion sur la diversité en général.

Aujourd’hui sur toutes les lèvres, le débat sur l’inclusion dans les communications ne date pourtant pas d’hier. On n’a qu’à penser aux batailles qui ont été livrées dans les années 1970 pour la féminisation des titres et des noms de métiers. Mais si je vous disais qu’il s’agissait plutôt d’une reféminisation et que l’origine du débat remonte à beaucoup plus loin ?

 

Un peu d’histoire

Peu de gens savent que la langue française a été masculinisée de façon arbitraire au 17e siècle. À cette époque est apparue la fameuse règle du masculin qui l’emporte sur le féminin. Dans sa Grammaire générale, l’académicien Nicolas Beauzée écrit: «Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle.»

Propos aussi tenus par les grammairiens Vaugelas et Bescherelle à la même époque. De fil en aiguille, le masculin du genre noble est devenu le masculin générique ou neutre. On convient que c’est une curieuse façon de prétendre à la neutralité !

 

Des mythes qui ont la vie dure

Aujourd’hui, on n’ose plus parler de noblesse ni de supériorité d’un genre sur l’autre, mais on continue de défendre les mêmes règles désuètes. Les arguments vont dans tous les sens. L’écriture inclusive, ça ne fera pas avancer la cause de l’égalité. Ça alourdit le texte. Ça appauvrit la langue. Ça nuit à l’apprentissage du français. C’est laid.

Il est plus que temps de déboulonner ces vieux mythes !

S’il est vrai que l’écriture inclusive ne règle pas tout en matière d’égalité, éviter la discrimination fondée sur le genre dans les communications est un pas dans la bonne direction. À force de voir des noms de métiers au féminin, de lire des textes neutres auxquels tout le monde peut s’identifier et dans lesquels tous et toutes se sentent inclus·es, peut-être arrivera-t-on à avoir une vision plus égalitaire de la société. C’est ce qu’on se souhaite collectivement.

Pour ce qui est d’alourdir le texte, je soupçonne les personnes qui le prétendent de se concentrer sur les doublets (comme mesdames et messieurs, Québécois et Québécoises, etc.) et de ne pas bien connaître les autres procédés à leur disposition. Pour ce qui est du danger qui guette la richesse de la langue, l’écriture inclusive peut au contraire revitaliser le français en favorisant un vocabulaire varié, une syntaxe affinée et des textes plus concis.

Et que répondre à l’argument sur la laideur de l’écriture inclusive ? Il repose souvent sur des mots orthographiés ou prononcés d’une manière inhabituelle. On pense tout de suite au mot autrice, qui vient du latin auctrix et qui était abondamment utilisé avant d’être mis à l’index. Beaucoup trouvent cette forme trop cassante et lui préfèrent le terme auteure plus doux à l’oreille. On n’a pourtant aucun mal à utiliser actrice, productrice ou encore agricultrice. Allez comprendre !

 

Des mots pour le dire

C’est bien beau, tout ça, mais comment s’y prend-on pour adopter l’écriture inclusive ? Tout devrait commencer avec une discussion franche avec les personnes concernées, que ce soit votre clientèle, votre équipe ou votre public cible, le cas échéant. Le changement, ça se gère. Ensuite, il faut repérer les occasions d’amélioration dans vos propres communications. Avez-vous des tics d’écriture ou des formulations à retravailler, comme les salutations d’usage ? Pourriez-vous mettre votre terminologie au goût du jour ?

Ensuite, au moment de la rédaction, attaquez vos textes avec l’inclusion en tête. Croyez-moi, il est beaucoup plus facile de rédiger de façon inclusive que de rendre un texte inclusif ! Mettez-vous à la place de ceux et celles à qui vous vous adressez. Si vous étiez une femme, un trans, une personne plus âgée, un jeune, vous sentiriez-vous interpelé·e ? Parce que l’inclusion n’est pas qu’une question de genre.

Finalement, consultez des spécialistes de l’écriture inclusive. Elles ou ils pourront vous guider en vous fournissant des outils et en orientant vos pratiques pour des résultats qui toucheront un plus large public

Une chose est certaine: l’écriture inclusive est gagnante pour tous et toutes, vous y compris !