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Le véhicule électrique personnel n’est pas raisonnable

Le courrier des lecteurs|Publié le 20 mars 2023

Le véhicule électrique personnel n’est pas raisonnable

(Photo: 123RF)

Un texte de Louise Millette, professeure agrégée, Département des génies civil, géologique et des mines, Polytechnique Montréal, Patrick Cigana, ing. et de Véronique Gisondi, ing. Les propos n’engagent que leurs auteurs.

COURRIER DES LECTEURS. Monsieur le Premier ministre,

Dans votre Plan pour une économie verte (PEV) 2030, votre gouvernement établit un objectif de 1,6 million de véhicules électriques sur les routes du Québec d’ici 2030. Sachant qu’en juillet 2022, ce nombre était d’environ 150 000, cela signifie 1,45 million de nouveaux véhicules électriques au cours des sept prochaines années.

Une batterie de voiture électrique contient, en moyenne, 7 kg de lithium. L’atteinte de cet objectif du PEV nécessiterait donc plus de 10 000 tonnes de lithium. Or, la production mondiale totale de lithium, au cours des dernières années, varie entre 80 000 et 100 000 tonnes par année.

Est-il réaliste de penser que pour une seule application (l’électrification des véhicules personnels), pour un seul État, le Québec (qui ne représente qu’un millième de la population mondiale), nous allons pouvoir consommer entre 10 et 12% d’une année de production mondiale de ce métal? Avec les autres sociétés qui s’y mettent aussi?

Forcément, il faudra augmenter de manière draconienne l’extraction de ce minerai, avec les impacts environnementaux et sociaux que cela implique. Et avec une telle demande, les prix ne pourront qu’exploser. De plus, comme nous en informait récemment Radio-Canada, cet enjeu s’étend également à d’autres métaux associés à la transition énergétique.

Et tout ça, pour une solution qui, au mieux, déplace certains impacts sans vraiment les réduire, mais qui n’atténue en rien les coûts collectifs liés à la congestion, l’étalement urbain et l’entretien des infrastructures (pour ne nommer que ceux-là).

Il faut d’abord réduire la demande de transport par véhicule personnel, par un aménagement plus intelligent du territoire et un investissement massif dans les transports collectifs (oui, électriques, mais c’est secondaire — mieux vaut un autobus à essence que 50 voitures électriques) et actifs.

Monsieur le Premier Ministre, vous qui êtes comptable, nous vous invitons à ressortir votre calculatrice. Vos calculs ne tiennent tout simplement pas… la route.