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Lancer et maintenir en vie des idées, comme Martin Sorrell

Karl Moore|Publié le 05 novembre 2019

Lancer et maintenir en vie des idées, comme Martin Sorrell

Sir Martin Sorrell, fondateur et président exécutif de S4 Capital (Photo: courtoisie)

BLOGUE INVITÉ. Martin Sorrell, fondateur et directeur exécutif de la société de services de publicité et de marketing numérique S4 Capital, pense que l’éducation devrait être une constante dans la trajectoire d’un dirigeant. Une position à contre-courant avec celle favorisée par les employeurs et les penseurs du monde des affaires d’aujourd’hui.

 Selon lui, « il faut faire un MBA après deux ans dans le monde professionnel, suivi d’un programme de développement de la gestion pendant l’ascension à la gestion intermédiaire, puis un programme de gestion avancée entre 45 et 50 ans quand un dirigeant est plus âgé et plus mature. Le problème avec le MBA en ce moment, c’est qu’il est traité comme un guichet unique alors qu’il agira comme un tremplin vers le développement futur. » 

Ancien élève de l’Université de Cambridge et de la Harvard Business School, M. Sorrell a bénéficié d’une éducation d’élite. Cependant, il estime qu’il a pu profiter au maximum de ses études lorsqu’il a été en contact avec des éducateurs et des penseurs passionnés, une attitude qu’il essaie d’imiter dans ses propres entreprises.

« Les grands enseignants sont aussi de grands acteurs et actrices, affirme M. Sorrell. C’est le genre de personnes qui ont un impact dramatique sur soi. »

L’appétit pour l’apprentissage et les connaissances de l’homme d’affaires britannique lui a souvent valu l’étiquette de microgestionnaire. M. Sorrell préfère voir cette caractérisation comme un éloge de son engagement envers son entreprise plutôt que comme une insulte. 

« Je ne pense pas qu’il y ait un problème inhérent à la microgestion, soutient-il. La curiosité intellectuelle est très importante pour le succès d’une entreprise et elle fait partie de la microgestion. Avoir une compréhension détaillée de l’entreprise n’est que l’un des moyens par lesquels je me tiens au courant de l’état des choses. »

M. Sorrell a fait de la connaissance des dernières tendances dans la publicité et le marketing l’un des fondements du succès de la société S4 qu’il a fondé récemment. Dans le cadre de ses fonctions passées chez Saatchi & Saatchi et WPP, il était principalement concentré sur la mondialisation, alors que sa dernière entreprise vise de façon incisive la croissance de son chiffre d’affaires tout en limitant son exposition aux risques des technologies de la publicité et du marketing.

L’innovation numérique au cœur des valeurs de S4 est l’un de ses avantages les plus distinctifs, notamment par rapport aux priorités dispersées d’autres services de publicité et de marketing traditionnels.

« La rapidité et l’agilité sont essentielles, en particulier dans la gestion d’une entreprise dans le secteur traditionnel, affirme M. Sorrell. Le nombre de cadres supérieurs qui dirigent des entreprises traditionnelles et qui sentent qu’ils n’ont pas agi assez rapidement dans la façon dont ils mènent leurs affaires est étonnamment élevé. Dans les entreprises de technologie, ils n’ont pas encore ce problème, mais lorsque la croissance commencera à ralentir ou que son modèle commencera à changer, cela variera aussi. » 

L’accent mis sur la croissance chez S4 s’est avéré extrêmement profitable au cours de l’année écoulée depuis son lancement. M. Sorrell a réussi à organiser des fusions avec des acteurs numériques de premier plan pour assurer la dominance de son contenu et de ses unités programmatiques. Rien qu’en octobre, S4 a acquis trois nouveaux acteurs mondiaux dans le domaine de la publicité et du marketing numériques : la société de données londonienne ConversionWorks, le service de conseils sud-coréen Datalicious Korea et Firewood, la plus grande société de marketing numérique de la Silicon Valley. En 2019, la société a également acquis un nombre important de nouveaux contrats avec des clients de classe mondiale tels que Google, Netflix et le Service olympique de radiotélévision.

Le groupe emploie 1 850 personnes dans 24 pays, tout en s’efforçant de fonctionner de façon unitaire. La vision précise de S4 garantit que la société peut offrir la facilité d’intégration souhaitée par ses clients et qui stimule la croissance qui fait de S4 un concurrent aussi puissant.

« Notre mantra est plus vite, meilleur et moins cher parce que c’est ce que veut la clientèle, explique M. Sorrell. Nous sommes ici pour perturber l’approche traditionnelle et fournir quelque chose qui est plus rapide, meilleur et moins cher en exécutant nos idées d’une manière totalement différente de l’approche traditionnelle, et nous voyons que cela cause déjà des points de pression. » 

S4 ne cherche pas seulement à surpasser ses concurrents, la société cherche constamment à surpasser la qualité de ses propres offres. La dernière initiative de M. Sorrell s’appuie fortement sur les données pour informer le développement de son contenu et de son travail de programme. Ces données permettent à S4 d’avoir un flux d’information constant qui alimente le processus publicitaire. 

« Nous diffusons du contenu basé sur des données, puis nous obtenons plus de données sur cette distribution programmatique qui informent le contenu une fois de plus, explique M. Sorrell. C’est comme une boucle qui s’améliore continuellement. C’est presque impossible d’atteindre la perfection au début, mais au fur et à mesure que l’on obtient de plus en plus de données, on se rapproche de plus en plus de la perfection. »

M. Sorrell a cherché à atteindre de nouvelles hauteurs tout au long de sa carrière et avec S4. Il semble être prêt à satisfaire ses propres attentes exigeantes.

« Il y a certaines personnes qui sont douées quand il s’agit de lancer quelque chose, mais pas forcément quand il faut les gérer. D’autres savent gérer, mais pas lancer un projet, dit M. Sorrell. J’ai toujours voulu faire les deux à la fois et avec S4 j’ai cette opportunité, tout comme je l’ai eu avec WPP. » 

Lien vers le balado (en anglais seulement)

Le présent article est une transcription condensée et modifiée d’une entrevue animée par Karl Moore, professeur agrégé à l’Université McGill, dans le cadre de l’émission The CEO Series, présentée sur les ondes de CJAD et produite par Marie Labrosse, étudiante à la maîtrise en langue et littérature anglaises à l’Université McGill. L’entrevue intégrale fait partie de la plus récente saison de The CEO Series et est disponible en baladodiffusion