(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. L’immense popularité des réseaux sociaux a modifié la définition que nous avons collectivement de l’influence.
Du jour au lendemain, un nouveau type d’influenceur a pris d’assaut nos fils d’actualité, remettant à l’avant-plan le concept et l’importance de l’influence.
Vieux comme le monde, le fait de poser une action avec l’espoir d’une réponse positive de la personne ou du groupe ciblé. En politique afin d’aller chercher un vote, en religion afin de convaincre un futur fidèle, en publicité afin de vendre un produit et même en amour afin de trouver l’âme sœur… le concept est utilisé à toutes les sauces.
Nous sommes tous, à des degrés différents, des influenceurs. Que ce soit dans notre cercle d’amis, au sein de notre famille, au bureau avec nos collègues ou avec notre communauté Instagram, l’influence fait partie de notre quotidien.
Au cours des 15 dernières années, la naissance et surtout montée en puissance des plateformes sociales ont permis à certains individus d’augmenter drastiquement leur influence en profitant, gratuitement, d’une tribune planétaire.
Savez-vous que 281 millions de personnes (incluant moi) suivent le footballeur Cristiano Ronaldo sur Instagram, faisant de son compte, le 4e «pays» le plus populeux sur la planète, après la Chine, l’Inde et les États-Unis!
Savez-vous que les 750 000 abonnés du compte Instagram d’Olivier Primeau, le flamboyant propriétaire du Beach Club, pourraient remplir 35 fois le Centre Bell et 16 304 autobus scolaires? Ce nombre équivaut à 16 fois le nombre total de soldats évoluant dans les Forces armées canadiennes!
Jamais n’a-t-on pu, dans l’histoire de l’humanité, avoir la possibilité d’atteindre autant d’êtres humains grâce à une application que l’on télécharge gratuitement sur notre téléphone!
Cette influence, ou plutôt ce quasi-monopole de l’influence a cependant un lourd prix, celui de l’excès et du danger. Bien évidemment, comme quoi la vie n’est qu’un éternel recommencement, cette influence n’est malheureusement pas toujours utilisée à bon escient.
Certes, le fait de pouvoir communiquer son message avec un auditoire est attirant, mais que fait-on lorsque ce message est violent, haineux, raciste et j’en passe?
Nous avons pu voir, au cours de la Présidence Trump, à quel point l’esprit ambiant de «Far West» contamine les multiples plateformes, quitte à littéralement menacer la démocratie.
Bien que le fait de mentir ou de tenter d’influencer à tout prix n’est pas nouveau dans l’univers politique américain (et ailleurs aussi), le fait de pouvoir instantanément «tweeter» ou partager une fausse nouvelle ou un appel à l’insurrection à plusieurs dizaines de millions de fidèles est relativement nouveau.
Je vous rappelle qu’il a fallu près de deux mois avant que la nouvelle de la mort, sur l’Île Sainte-Hélène, de l’Empereur des Français, Napoléon, atteigne la France. Aujourd’hui, une simple publication suffit pour faire le tour du monde, enflammer le web et être vu, commenté et partagé par des milliards d’êtres humains en quelques instants.
Lorsque la nouvelle est bonne ou cherche à améliorer le sort de l’humanité, parfait. Lorsque celle-ci est fausse, vexatoire ou encourage toutes sortes de haine, le danger est immédiat et les conséquences potentiellement catastrophiques.
L’influence se doit d’être accompagnée d’une certaine responsabilité. Bien que je sois entièrement pour la liberté du droit de parole, je suis également pour la liberté de réfléchir aux conséquences que l’exercice de ce droit peut entraîner.
Nous évoluons aujourd’hui dans une société à la recherche d’une nouvelle identité et de nouveaux repères. Les profonds changements s’effectuant à une vitesse éclair, ce qui était une habitude hier est aujourd’hui inhabituel.
Une chose est cependant claire. Comme nous avons pu le constater le 6 janvier dernier aux États-Unis lors de l’attaque du Capitole, ou dans d’autres pays lors de sinistres évènements semblables, l’équilibre est fragile. Il suffit bien souvent que de quelques mots d’une personne profitant d’une grande influence, pour que la situation dégénère en un bain de sang.