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Grâce à l’IA, Montréal aura désormais sa propre voix

Alain McKenna|Publié le 13 septembre 2019

Grâce à l’IA, Montréal aura désormais sa propre voix

Quand on visite une ville ou une région pour la première fois, on fait des plans. On sort les livres (pour les plus vieux d’entre nous, en tout cas), on surfe la Toile, on pense à Airbnb, Hopper, OpenTable… Mais il reste toujours ces moments creux qui, une fois sur place, permettent de sortir du circuit touristique officiel.

C’est plus apparent encore dans les voyages d’affaires : entre deux conférences, deux soupers ou deux déplacements organisés par les hôtes, que faire, à proximité de l’hôtel où on se trouve?

En partenariat avec Prologue AI, une jeune pousse spécialisée en intelligence artificielle liée de près au centre universitaire montréalais IVADO, Tourisme Montréal espère que les visiteurs posent la question directement à la ville. Plus exactement, l’organisme veut inciter les touristes à ouvrir son appli mobile, puis à interagir verbalement avec l’assistant vocal qui sera bâti sur mesure, au fil des prochains mois, pour incarner La voix de Montréal.

La voix de Montréal, c’est d’ailleurs le nom du projet, qui sera discuté de façon ouverte et relativement informelle au fil des prochaines semaines avec d’autres intervenants des secteurs du tourisme, de la technologie, de l’IA. Car l’idée est que le tout Montréal soit heureux d’avoir une porte-parole qui, littéralement, possède une voix qui leur ressemble.

«On a organisé des groupes de discussion avec des gens de l’Ontario et du nord-est des États-Unis. On leur a demandé de donner une personnalité à Montréal. Ce qui est ressorti, c’est que contrairement à Boston, ou Toronto ou New York, Montréal était perçue comme étant une femme. On aura donc une voix féminine», débute Emmanuelle Legault, responsable de la stratégie de Tourisme Montréal.

À partir de là, il faudra trouver le bon timbre de voix. Ce ne sera pas une voix de synthèse, ajoute Mme Legault, qui compte bien organiser un casting pour trouver une voix humaine le plus près possible de ce qui est désiré. À partir de là, il s’agira de rattacher cette interface à une base de données comptant plus de 20 000 établissements montréalais en tout genre, et de reproduire les tâches automatisées que fait notamment l’Assistant Google, comme la prise de rendez-vous auprès d’un restaurant, ou d’un hôtel, sans intervention directe de l’utilisateur.

Pas de «Bonjour, hi!» ici

Aux premiers balbutiements de sa création, la voix de Montréal n’est évidemment pas entièrement définie. Le rôle de Prologue AI dans l’aventure sera donc de trouver les bons intervenants technologiques pour s’assurer que la sauce prendra. «On commence avec une réunion ouverte la semaine prochaine, pour embarquer les spécialistes en tourisme, en expérience utilisateur, en intelligence artificielle. On n’a pas de date de lancement ferme, mais on espère arriver avec un produit final quelque part en 2020», résume Jonathan Rouxel, fondateur de Prologue AI.

Déjà, on sait qu’on devra trouver un partenaire capable de livrer l’interface vocale. Étonnamment, ce n’est pas le choix qui manque. À Montréal seulement, entre Nuance Communications, qui donne corps à la voix de Helix chez Vidéotron, notamment, et LyreBird AI, qui peut créer une voix de synthèse fidèle au timbre de n’importe qui à partir de quelques vidéos seulement, il y a plusieurs options.

Ce qui étonne encore un peu plus, c’est que cette industrie existe dans l’angle mort du grand public québécois, qui est loin du niveau d’adoption de l’interface vocale d’autres marchés, comme les États-Unis ou le reste du Canada (ce qui, en soi, n’est rien de bien nouveau).

Dans ce sens, on comprend mieux le manque d’urgence de Tourisme Montréal, qui songe à la prochaine génération de touristes. «La génération Z, elle, utilise déjà beaucoup les commandes vocales. C’est à elle qu’on pense», laisse tomber Mme Legault. «Il y a aussi beaucoup de touristes américains qui visitent Montréal en voiture. Pour eux, une interface visuelle est moins pratique.»

Naturellement, comme cette clientèle ne parle pas français, ou pas beaucoup, l’interface vocale créée sera anglophone. «Mais avec un petit accent franco-montréalais», précise M. Rouxel.

La question qui tue, est évidemment de savoir si celle-là aussi lancera la conversation avec le fameux «Bonjour, hi!» qui fait tant rager certains commentateurs. Ne désirant pas relancer ce débat, Emmanuelle Legault dit «assumer pleinement le bonjour». À tel point que le déclencheur de conversation, le «Ok Google» ou le «Dis, Siri» de la voix de Montréal sera «Bonjour Montréal». Tout simplement.

Pas bête. Le défi ensuite sera de faire connaître cette voix aux visiteurs étrangers pour qu’ils la préfèrent à Siri ou à Google…

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