(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Quand j’ai écrit au sujet de la phrase « OK, Boomer » en novembre 2019, elle venait tout juste de commencer à se répandre sur les réseaux sociaux et il me semblait que sa popularité serait éphémère, à l’instar de biens d’autres tendances sur Internet.
Cependant, elle me paraissait être une piste commode pour illustrer mes recherches sur les divisions générationnelles. Elle reflétait plus particulièrement une de mes réflexions sur la volonté des baby-boomers de se moquer des désirs de la génération Y, avant de convoiter la même chose par la suite.
Contrairement à la plupart des autres tendances que l’on voit apparaître sur les réseaux sociaux, la popularité de cette expression a pris plus de temps à s’éteindre. Avec du recul, elle semble même avoir capturé, dans une certaine mesure, l’essence d’une réalité sociale et entrepreneuriale fracturée.
Aujourd’hui, un tiers de la main-d’œuvre américaine est composée de membres de la génération Y, tandis que la génération X et les Boomers représentent respectivement 33 et 25 pour cent des travailleurs. Nous sommes témoins de la première fois où quatre générations différentes — les baby-boomers, ainsi que les membres des générations X, Y et Z — occupent simultanément un même espace de travail.
En conséquence, notre compréhension de la gestion est en train de changer : non seulement les membres des générations X et Y occupent de plus en plus souvent des postes de direction, mais les entreprises s’intéressent aussi à des formes plus complexes de leadership comme le mentorat inversé.
Grâce aux trois conseils qui suivent, les jeunes gestionnaires pourront tirer profit de cette nouvelle variation de l’âge des membres de leurs équipes. Ils pourront mettre en évidence les expériences communes ainsi que les forces respectives de chacune de ces générations.
Ne présumez pas que vous savez mieux
J’affirme souvent que ceux qui appartiennent aux générations Y et Z devraient faire du mentorat inversé auprès de la génération X et des baby-boomers au moins 20 % du temps. Ils ont beaucoup de connaissances à transmettre au sujet des nouvelles tendances et réalités que leurs pairs plus âgés ne comprennent peut-être pas de la même façon. Mais il y a une bonne et une mauvaise façon de procéder à ce rétro-mentorat.
Un élément clé du mentorat inversé est de résister à la tentation de supposer qu’en tant que membre de la génération Y ou Z, vous en savez plus sur un sujet donné. Imaginez-vous en train d’essayer de faire la leçon à Tim Cook ou Bill Gates, tous deux des Boomers, sur la façon d’allumer leur ordinateur simplement parce qu’ils ne sont pas nés à l’aube de l’ère d’Internet. La situation serait embarrassante et, en réalité, ils auraient probablement une chose ou deux à enseigner à un jeune dirigeant sur l’utilisation de la technologie.
De plus, les employés qui sont sur le marché du travail depuis plus longtemps ont des connaissances importantes sur la culture d’une entreprise et le service à la clientèle. Les gestionnaires de la génération Y feraient bien d’en tirer profit en encourageant les employés à partager leurs compétences et connaissances personnelles.
Demandez-leur leur avis
Un gestionnaire plus jeune que le reste de son équipe peut trouver tentant d’éviter de demander de l’aide et ainsi avoir l’impression de faire preuve d’autorité. En réalité, il est d’autant plus important de se fier à ses collègues, car cela montre que vous respectez leur expérience et donne le ton à d’autres interactions au sein de votre organisation. Éviter de faire appel à eux peut aussi créer un sentiment d’exclusion perçu aussi négativement qu’un manque délibéré de respect par rapport à leur expérience.
Demander l’opinion des baby-boomers de votre équipe fait plus que simplement leur remonter le moral ; cela contribue à la qualité générale du travail de votre équipe. Nous pensons souvent à la diversité lorsqu’il est question de type et de sexe, mais l’âge est aussi un facteur important pour élargir le bassin d’idées qui sortent d’un milieu de travail.
La combinaison des perspectives et des expériences des différentes générations engendre un nouveau niveau d’innovation que vous ne pouvez débloquer qu’en sollicitant l’avis de chaque membre de votre équipe, y compris des Boomers.
Tissez des liens entre les générations que vous dirigez
Afficher son engagement au respect intergénérationnel est une première étape utile, mais faire un effort pour encourager les membres de différentes générations à réfléchir à la meilleure façon de travailler ensemble peut contribuer à faire avancer cette mission de façon imprévisible.
La réponse à mon article « OK, Boomer » dans lequel j’encourageais les Boomers à admettre qu’ils aspiraient eux aussi aux modalités de travail plus souples de leurs homologues de la génération Y a révélé que les Boomers avaient tendance à être d’accord avec moi : l’idée de travailler à la maison à l’occasion et d’autres tendances gestionnaires plus récentes les séduit.
J’ai été témoin d’une réaction similaire de la part de Boomers et de membres de la génération X lors d’une récente conférence sur le travail en équipe intergénérationnelle que j’ai animé au siège social de la caisse de retraite PSP à Montréal.
Plusieurs des employés les plus chevronnés exprimaient les mêmes désirs que les membres de la génération Y présents dans la salle. Ils n’avaient tout simplement pas eu l’occasion de le dire avant.
En ouvrant la porte à des conversations franches sur la façon d’évoluer dans un milieu de travail intergénérationnel, que ce soit dans une interaction occasionnelle ou dans un groupe de discussion désigné, les jeunes gestionnaires peuvent aider à combler le clivage perçu entre les baby-boomers, et les membres des générations X, Y et Z.
Lien vers le balado (en anglais seulement)
Le présent article est une transcription condensée et modifiée d’une entrevue animée par Karl Moore, professeur agrégé à l’Université McGill, dans le cadre de l’émission The CEO Series, présentée sur les ondes de CJAD et produite par Marie Labrosse, étudiante à la maîtrise en langue et littérature anglaises à l’Université McGill. L’entrevue intégrale fait partie de la plus récente saison de The CEO Series et est disponible en baladodiffusion. Willing Li. Karl est professeur agrégé, et Emily et Willing est son étudiante à la licence en Commerce à l’Université McGill.