Les résultats du 3e trimestre dévoilés la semaine dernière ont eu un effet négatif sur le titre de Dollarama. (Photo: 123RF)
La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.
(Illustration: Camille Charbonneau)
Il y a trois mois, lorsque le détaillant à bas prix annonça les résultats du 2e trimestre de son année financière 2024, ceux-ci ont enthousiasmé les investisseurs et le titre a bondi rapidement de 10%.
Les résultats du 3e trimestre dévoilés la semaine dernière ont eu un effet tout à fait contraire, le titre chutant précipitamment pour se retrouver au même niveau qu’avant les résultats du trimestre précédent. Pourtant, ces résultats n’étaient pas mauvais du tout et surpassaient même les attentes des analystes.
Les ventes des magasins comparables ont augmenté de 11,1% comparativement au même trimestre de l’année précédente alors que la prévision du consensus des analystes se situait à environ 10%. Les marges brutes ont été de 45,4% alors que les analystes s’attendaient à 44,1%. Il s’agissait d’une hausse de plus de 210 points centésimaux comparativement à l’année précédente. Enfin, les bénéfices avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) ont totalisé 479 millions de dollars (M$), soit 5,7% de plus que ce que prévoyaient les analystes.
Comment expliquer alors le désaveu des investisseurs survenu par la suite? Rappelons d’abord que le titre est un des plus performants de l’indice S&P/TSX cette année. Il avait même gagné plus de 30% depuis le mois de mars avant la divulgation des derniers résultats.
On peut croire alors à un certain épuisement, signale Philippe Côté, gestionnaire de portefeuilles à Eterna Groupe financier. «Tout le monde détient du Dollarama dans ses portefeuilles, et il est tout naturel que plusieurs étaient en mode de prise de profits après une telle performance», explique-t-il.
L’effet de la Fed
La divulgation des résultats de la société la semaine dernière coïncidait avec la dernière réunion de l’année de la Réserve fédérale américaine (Fed) alors que son président, Jerome Powell, signalait que l’on avait possiblement l’atteint le pivot quant aux hausses de taux d’intérêt. Il n’y aurait plus de hausse et possiblement une première baisse dès l’été prochain, pouvait-on déduire de ses propos.
Cela change quelque peu la dynamique pour le détaillant à bas prix, explique le gestionnaire. Dollarama a certes profité du fait que les consommateurs, submergés par l’inflation et les taux d’intérêt élevés, ont couru vers les détaillants à escompte. Mais cette période pourrait prendre fin en 2024.
Rien de brisé
Malgré ce changement de paradigme, rien n’est brisé dans le fonctionnement de l’entreprise, croit toutefois Philippe Côté. «Elle conserve son positionnement unique, soit celui d’un titre défensif avec un très bon taux de croissance», dit-il. «Sans compter qu’elle est très bien gérée», ajoute-t-il.
L’image que projette le graphique des fluctuations quotidiennes du titre depuis le début de l’année confirme également qu’il n’y a rien de brisé, du moins pour l’instant, explique Monica Rizk, analyste senior pour les publications Phases & Cycles. Le recul récent s’est arrêté sur le solide niveau de support qui se situe à 88-89 $ (ligne ombragée rose), et le titre demeure au-dessus de sa moyenne mobile de 200 jours (ligne grise) qui est le reflet de sa tendance à long terme. «Il n’y a pas trop à craindre tant que le niveau de support tiendra le coup et que le titre se maintiendra au-dessus de sa moyenne de 200 jours», conclut l’analyste.