Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires
  • Accueil
  • |
  • Est-ce le déclin de l’empire américain?
Nicolas Duvernois

Chronique d'un entrepreneur

Nicolas Duvernois

Expert(e) invité(e)

Est-ce le déclin de l’empire américain?

Nicolas Duvernois|Publié le 11 août 2020

Est-ce le déclin de l’empire américain?

La statue de la Liberté. (Photo: Getty images)

BLOGUE INVITÉ. C’est en 1776, au début de la Révolution américaine, que Thomas Jefferson écrivait dans la Constitution que «tous les hommes étaient égaux».

Cette phrase, maintenant célèbre, a inspiré au fil des ans des millions d’immigrants à traverser les océans afin de bâtir une nouvelle vie en Amérique. L’immensité du territoire, l’eldorado et sa conquête de l’ouest, le «think big» à l’américaine a influencé des millions d’Italiens, d’Irlandais, de Sud-Américains, à quitter leur terre natale afin de bâtir une nouvelle vie, une meilleure vie dans ce pays qui avait tant à offrir.

Après tout, l’offre était alléchante. Les États-Unis ont longtemps été la terre promise pour toute personne ayant un rêve. Ce qui semblait impossible ailleurs devenait soudainement possible. Pendant des années, le rêve américain était l’ultime objectif à atteindre. Trouver l’amour de sa vie, fonder une famille, obtenir un emploi stable et bien rémunéré, acheter une belle maison avec un beau terrain au gazon vert parfait et pouvoir, pour certains, s’offrir une belle voiture produite avec fierté à Detroit!

D’un point de vue économique, tout était possible. De grandes familles telles les Rockefeller ou les Vanderbilt avaient bâti le pays et amassé de véritables fortunes. L’industrie automobile, l’univers du cinéma et tant d’autres faisaient rêver aux quatre coins de la planète. Des entreprises comme Ford, Coca-Cola ou McDonald’s étaient devenues des symboles planétaires et que dire des personnages plus grands que nature tels Marilyn Monroe, Frank Sinatra et Elvis Presley qui personnifiaient à la perfection cette excellence.

Bien entendu, tout n’était pas rose. Le pays avait été sauvagement colonisé au détriment des nombreux peuples amérindiens qui y vivaient depuis plus de 15 000 ans. Il avait été grandement bâti par le dur labeur de centaines de milliers d’esclaves africains vivant et travaillant dans des conditions atroces.

Ce rêve cachait de graves problèmes de pauvreté, d’inégalités de toutes sortes et de tensions raciales qui, tel un cancer, gangrenaient la société. Le pays que l’on connaît aujourd’hui est la résultante directe de cette histoire certes passionnante, mais ô combien violente et pleine de contradictions.

Il ne faut pas regarder trop loin pour voir que les États-Unis étaient encore, il y a quelques années à peine, la terre promise. Quel entrepreneur n’a pas rêvé que son entreprise soit la prochaine vedette de Silicon Valley? Quelle actrice ne rêve pas de fouler les planches de Broadway ou le tapis rouge des Oscars ? 

Encore aujourd’hui, ce pays représente pour des milliards d’êtres humains la liberté et le succès, mais est-ce encore pour longtemps ? 

Ces quatre dernières années ont démontré qu’être leader est une tâche extrêmement complexe. Il serait trop facile pour moi de blâmer le président Trump pour tous les maux dont cette société souffre. Cependant, je trouve qu’il personnifie très bien le déclin de l’empire américain.

Quotidiennement, nous assistons au naufrage de ce pays dont nous voulions tous faire partie. Classe politicienne usée à la corde, racisme systémique, obsession religieuse malsaine, violence omniprésente, santé publique sur respirateur artificiel et dettes monstrueuses ne sont que quelques signaux d’un pays à bout de souffle.

Écrire ces mots me fait mal. J’aime ce pays qui offre à l’intérieur d’un seul territoire une multitude de lieux que j’adore. Les plages du Maine, l’effervescence de New York, les montagnes du Colorado, ou la joie de vivre de la Louisiane. 

D’un point de vue des affaires, malgré la crise profonde dans laquelle le pays s’étouffe, l’esprit entrepreneurial y est encore très présent. Les entrepreneurs américains sont encore aussi créatifs et conquérants qu’avant, mais vont-ils pouvoir garder ce positivisme et cette force de foncer encore longtemps ? 

Sans de grands changements drastiques autant au niveau politique qu’au cœur même de la société, je crois que nous assisterons à la fin du rêve américain dans les prochaines années. Un nouvel ordre mondial est entrain de voir le jour avec de nouvelles règles ainsi qu’une toute nouvelle dynamique.

Tout indique que les prochaines années seront cruciales. Nous serons témoins d’une nouvelle «guerre froide» qui se prépare entre les États-Unis et la Chine. Deux superpuissances au momemtum et aux objectifs bien différents. Sans la renaissance du rêve américain, l’Amérique a très peu de chance face à une Chine qui sort, ironiquement, grande gagnante de cette pandémie.

Il est encore trop tôt pour se prononcer, mais j’ai le sentiment que le peuple américain n’a pas encore dit son dernier mot.