Entrepreneures, devenez une fille de la construction
Camille Robillard|Mis à jour le 09 juillet 2024La PME a reçu son accréditation d’établissement reconnu par le gouvernement du Québec. (Photo: courtoisie)
La PME Les filles de la construction sont sur le point de lancer un répertoire d’entreprises dirigées, fondées ou majoritairement composées de femmes pour permettre aux femmes de se faire une place «dans ce milieu qui est principalement masculin».
«On se fait souvent demander des références par nos clientes, mais on ne veut pas s’impliquer dans leurs contrats», souligne Marie-France Côté Nolet, fondatrice de l’entreprise qui offre des formations aux femmes qui désirent être plus outillées pour affronter le défi que peuvent représenter les rénovations de leur maison. C’est pour répondre à ce besoin qu’elle a décidé de créer une liste d’entrepreneures — avec une licence de la Régie du bâtiment du Québec — que sa clientèle pourra consulter gratuitement. Une belle manière de faire une pierre deux coups.
Sans vouloir s’avancer sur une date de lancement, la fondatrice espère que le répertoire sera rendu public ce printemps.
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Discipline genrée
Marie-France Côté Nolet a fait ses premiers pas en construction en tant que cliente. La bachelière en administration des affaires, qui a évolué dans l’univers du marketing, a acheté son plex en sol montréalais en novembre 2019. Alors qu’elle et son chum pensaient rénover tranquillement leur nouvelle maison, la réalité les a rapidement rattrapés. Fondation, toiture, fenêtres, plomberie, ventilation, presque tout était à refaire. «Ça m’a occasionné beaucoup d’anxiété», confie-t-elle.
Toutefois, outre l’ampleur des travaux, c’est le traitement que lui réservaient les entrepreneurs avec qui elle a fait affaire qui a été le plus difficile. «Je me faisais traiter de petite madame, on me regardait constamment de haut, on me criait des “je sais de quoi je parle, fais-moi confiance”, on me demandait de parler à mon chum, énumère la propriétaire, précisant toutefois qu’elle ne veut pas généraliser et qu’il existe de très bons entrepreneurs. Je me sentais extrêmement seule là-dedans et lorsque j’essayais de trouver des réponses à mes questions, j’avais des réponses contradictoires. Je ne savais pas à qui faire confiance.»
Marie-France Côté-Nolet, fondatrice de Les filles de la construction (Photo: courtoisie)
Cette expérience a mis en lumière le fossé qui existe entre les hommes et les femmes dans ce qui représente «le plus gros investissement d’une vie». En plus de manquer d’expérience, alors que les chantiers de construction sont composés à 97% d’hommes, les femmes ont peu ou pas de contact dans le domaine.
C’est de ce constat que sont nées Les filles de la construction. Ce qui était au départ une thérapie sous forme de blogue est rapidement devenu une plateforme de formations en ligne — qui a récemment obtenu son accréditation d’établissement reconnu par le gouvernement du Québec — pour aider les femmes à gérer et rentabiliser leurs rénovations. Depuis sa fondation en 2021, l’entreprise a accompagné plus de 500 femmes.
D’autres projets à venir
Afin de rendre ses formations plus accessibles, Marie-France Côté Nolet aimerait d’ici l’année prochaine ajouter des sous-titres pour les personnes sourdes et malentendantes.
«La réalité, c’est que nos formations sont en constante évolution et puisque c’est un gros investissement de temps, nous aimerions stabiliser les bases de notre entreprise avant de nous embarquer dans ce projet, dit la fondatrice. Dès qu’on aura les ressources nécessaires, c’est certain qu’on va le faire. Ça rejoint nos valeurs, pour répondre aux besoins de nos clientes.»
Un autre projet dans les cartons est la création d’une formation destinée aux entrepreneurs. «On aide les clientes à mieux collaborer avec leurs entrepreneurs, mais on aimerait aussi aider les entrepreneurs à mieux collaborer avec leurs clientes.» Au programme: vulgarisation, communication, honnêteté et partenariat avec la clientèle.
«Avoir un bon entrepreneur sur ton projet, ça fait toute la différence. Mais en tant que personne qui s’y connaît peu, trouver le bon entrepreneur, c’est comme jouer à la loterie», déclare Marie-France Côté Nolet.