Élections: aluminium, assurance-médicaments universelle, GES
La Presse Canadienne|Publié le 27 août 2021Une recherche commandée par le Bloc estime à 900 millions $ les retombées économiques potentielles pour la création d’un fonds sectoriel dédié à la transformation de l’aluminium. (Photo: La Presse Canadienne)
Au jour 13 de la campagne, le Bloc québécois réclame la création d’un fonds sectoriel de 120 millions $ dédié à la transformation de l’aluminium, le Nouveau Parti démocratique viserait à mettre en œuvre un régime d’assurance-médicaments universel dès l’année prochaine et le Parti conservateur utiliserait les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre établies par l’ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet a réclamé la création d’un fonds sectoriel, vendredi, alors qu’il poursuivait sa tournée à Saguenay, dans l’arrondissement de Chicoutimi.
Il a plaidé pour que des sommes soient investies afin d’accentuer le développement de la deuxième et de la troisième transformation de l’aluminium au Québec. Cela aura comme effet de réduire la dépendance du Québec à l’exportation et aux aléas du libre-échange, a déclaré M. Blanchet.
Ce fonds permettrait également aux entreprises d’améliorer leur productivité et leur compétitivité, souligne-t-on. Il soutiendrait une diversification des emplois liés à l’aluminium, a ajouté le candidat du Bloc dans Jonquière, Mario Simard, qui était présent aux côtés de son chef.
Une recherche commandée par le Bloc estime à 900 millions $ les retombées économiques potentielles de ces investissements.
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Assurance-médicaments universelle
Jagmeet Singh a déclaré qu’un gouvernement néo-démocrate viserait à mettre en œuvre un régime d’assurance-médicaments universel, à compter de l’année prochaine.
Lors d’un arrêt de campagne vendredi à Thunder Bay, en Ontario, le chef néo-démocrate a déclaré que des millions de Canadiens ne peuvent pas se payer les médicaments dont ils ont besoin et que son plan permettrait à une famille moyenne d’économiser 550 $ par année.
M. Singh estime que le plan permettrait aux provinces de mieux orienter les fonds vers les soins aux patients et aiderait les employeurs à économiser de l’argent sur les avantages sociaux des employés.
«Je sais que ce sera un travail difficile, mais cela permettra aux familles d’économiser de l’argent, ce sera une bonne chose pour notre système de santé, a dit M. Singh. Les gens ne seront pas malades parce qu’ils ne peuvent obtenir les médicaments dont ils ont besoin. Les gens ne verront pas leur état empirer parce qu’ils ne pouvaient conserver leur santé.»
M. Singh a précisé que le plan coûterait au gouvernement fédéral 10 milliards $, mais qu’il permettrait aux provinces d’économiser 4,2 milliards $.
La promesse du NPD s’inscrit dans un engagement global de créer des plans nationaux de soins dentaires et de santé mentale, et cherche à distinguer les néo-démocrates d’un parti libéral qui a mis l’accent sur des problèmes similaires et a inclus l’assurance-médicaments dans sa plateforme dès 1997.
M. Singh a souligné les initiatives du NPD à la Chambre auxquelles se sont opposés les députés libéraux et conservateurs au cours de la dernière année, notamment un projet de loi d’initiative parlementaire visant à mettre en place une couverture universelle des médicaments et une motion visant à abolir les soins de longue durée à but lucratif.
La plateforme des conservateurs indique qu’ils négocieront de manière constructive avec l’industrie pour réduire les prix des médicaments tandis que le budget libéral d’avril a réitéré l’engagement du gouvernement de 2019 de 500 millions $ pour un programme couvrant les médicaments coûteux pour les maladies rares.
Réduction des émissions de gaz à effet de serre
Le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, ne respecterait pas les nouvelles cibles du Canada de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais plutôt celles établies par l’ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Cette déclaration survient alors que le Canada se prépare à assister à la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, cet automne, où les pays devraient multiplier les engagements.
En vue de cet événement, le gouvernement libéral a haussé ses objectifs en s’engageant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’environ 40 à 45 pour cent par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030. La cible précédente était de 30 pour cent.
L’objectif de 30 pour cent avait été établi par l’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper et était la cible du pays selon l’accord de Paris, en 2015.
Selon Erin O’Toole, le plan conservateur en matière de changements climatiques va «respecter les objectifs de Paris» de 30 pour cent, même si les Nations unies ont spécifié que l’accord nécessitait «des actions de plus en plus ambitieuses» à chaque cinq ans.
«Dans les 10 jours qui ont suivi la publication de notre plan en avril, [Justin Trudeau] a changé ses cibles trois fois, sans avoir de plan», a avancé Erin O’Toole, lors d’un arrêt à Corner Brook, à Terre−Neuve−et−Labrador, dans le cadre de sa campagne électorale.
Le plan du chef conservateur, qui vise un équilibre entre la lutte contre les changements climatiques, la croissance économique et le maintien d’emplois, propose d’imposer un prix sur le carbone pour l’essence et de miser sur les voitures électriques.
«Si les gens veulent que notre pays fonctionne à nouveau, il n’y a qu’une seule option dans cette élection : le Parti conservateur», a clamé Erin O’Toole.
Sauf que de l’avis de Michael Bernstein, directeur général de l’organisme Clean Prosperity, qui a fait des pressions sur les conservateurs pour qu’ils adoptent un plan de tarification du carbone, si Erin O’Toole veut revenait à une cible de 30% ce serait un pas de recul pour le Canada par rapport à ses alliés du G7.
«S’il s’accroche au 30%, il sera forcé de réviser l’objectif actuel du gouvernement fédéral qui a déjà été communiqué à l’ONU dans le cadre de l’accord de Paris», écrit Michael Bernstein dans une déclaration écrite transmise à La Presse Canadienne.
«Cela constituerait une violation de l’accord de Paris et, même s’il n’y a pas vraiment de conséquences légales, cela enverrait un bien mauvais message au reste du monde, incluant des investisseurs potentiels, au sujet du réel engagement du Canada dans la lutte pour le climat», croit-il.
Dans la même veine, Caroline Brouillette, analyste des politiques au sein du Réseau action climat Canada, répond à son tour dans une déclaration écrite qu’une réduction des cibles soumises à l’ONU «ne serait pas qu’une catastrophe diplomatique, mais aussi un échec de reconnaître que le Canada doit faire sa juste part pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius».
«Le rehaussement des ambitions est au cœur de l’accord de Paris. Un nivellement par le bas violerait l’esprit de l’entente», ajoute-t-elle.
Justin Trudeau a annoncé ses nouvelles cibles alors qu’il participait à un sommet virtuel sur le climat organisé par le président américain Joe Biden, qui a promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de son pays de 50 à 52 pour cent.
Le gouvernement libéral a récemment établi un nouvel objectif d’atteindre zéro émission d’ici 2050. Cette proposition a été adoptée à la Chambre des communes, avant la pause estivale, malgré le désaccord des conservateurs.
Le gouvernement n’a toutefois pas encore expliqué comment il planifiait atteindre ces nouveaux objectifs plus ambitieux.