En 2020, le marché mondial des batteries lithium-ion était estimé à 41 milliards de dollars américains (52,1 G$CA). Il devrait croître à un taux annuel de 17 % jusqu’en 2027, pour parvenir à une taille de 129 G$US. (Photo: 123RF)
Les minéraux critiques et stratégiques (MCS) sont en demande partout dans le monde, et le vaste territoire que nous occupons en contient. Le Québec est donc très bien positionné pour en profiter.
Conscient de cette situation, le Québec s’est d’ailleurs doté d’un Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques 2020-2025.
En début d’année, PwC Canada a réalisé une étude brossant un portrait documenté des chaînes de valeur actuelles et futures exploitant des MCS.
Ces chaînes de valeur comprennent plusieurs activités : la prospection, l’exploration, la construction d’installations, l’exploitation, la concentration, le traitement, la transformation et la restauration du minerai, sans oublier le recyclage et les technologies nécessaires aux nouveaux usages des matériaux.
L’étude de PwC Canada a dégagé trois filières d’opportunités qui permettrait au Québec de se positionner mondialement comme un joueur important dans l’univers de ces minéraux:
1. L’électrification des transports et les énergies renouvelable
2. Les alliages et les matériaux avancés
3. Les technologies, les télécommunications et la défense
L’étude identifie les minéraux critiques et stratégiques pertinents à chaque groupe, comme l’indique le tableau suivant:
Filières (fenêtre d’opportunités) : électrification des transports et énergies renouvelables
MCS : lithium, graphite, nickel, cobalt, cuivre
Filières (fenêtre d’opportunités) : alliages et matériaux avancés
MCS : magnésium, scandium, titane, vanadium
Filières (fenêtre d’opportunités) : technologies, télécommunications et défense
MCS : Éléments de terres rares, tellure
Quelle filière présente la meilleure fenêtre d’opportunité pour le développement économique du Québec?
J’imagine que vous ne serez pas surpris si je favorise le groupe électrification des transports et énergies renouvelables, avec une nette prédominance pour l’électrification des transports.
Les lignes qui suivent expliquent ma position.
Une demande effrénée
En 2020, le marché mondial des batteries lithium-ion était estimé à 41 milliards de dollars américains (52,1 G$CA). Il devrait croître à un taux annuel de 17 % jusqu’en 2027, pour parvenir à une taille de 129 G$US.
En Amérique du Nord, le taux de croissance annuel devrait atteindre 18 % pendant la même période.
Notons que le fait de vouloir joindre un marché qui affiche de tels taux de croissance n’arrive pas tous les jours dans une économie.
Or, on estime que ces batteries tant recherchées sont composées de cuivre (15%), de lithium (6%), de nickel (27%), de cobalt (7%), de graphite (40%) et d’autres alliages (6%) dont l’aluminium.
Nous possédons tous ces minéraux au Québec, et nous avons en plus un potentiel d’exploitation économique dans un avenir rapproché.
De plus, les experts s’entendent pour dire que le niveau actuel de demande durera encore plusieurs années puisqu’il faudra remplacer un jour ou l’autre un parc automobile imposant.
C’est d’ailleurs ce phénomène économique d’exception qui permet d’accueillir de nouveaux joueurs dans un secteur industriel normalement difficile d’accès comme les mines et leurs infrastructures.
En termes de chaînes de valeur, le Québec dispose de grands secteurs industriels porteurs, dont l’aéronautique et l’aluminium, pour ne citer que les plus évidents.
Or, la production de cellules et de batteries d’alimentation des véhicules électriques pourrait très bien présenter l’occasion de croissance économique et de développement du 21e siècle, autant pour le Québec que pour les centaines d’entreprises impliquées dans une chaîne de valeur.
Deux chantiers exigeants
La mise en place de la filière liée à l’électrification des transports et aux énergies renouvelables exigera deux imposants chantiers.
Le premier consistera à ouvrir plusieurs mines de minéraux critiques et stratégiques.
Le second chantier exigera de bâtir des installations dédiées à la transformation de ces minéraux afin de fabriquer des matériaux actifs, des composantes (anodes et cathodes) et des batteries, tout en assurant leur circularité en fin de vie.
Cette « nouvelle industrie » du Québec serait très diversifiée selon les applications :
- Production de cellules et de blocs de batterie pour les véhicules personnels et commerciaux
- Production de cellules de batteries pour le stockage d’énergie
- Développement d’un écosystème de recyclage incluant la mise en place d’une stratégie sur la responsabilité de la gestion des produits en fin de vie
L’horizon 2025
Le défi majeur de l’électrification des transports et des énergies renouvelables réside certainement dans le temps qu’il reste au Québec pour démarrer cette filière et prendre suffisamment de parts de marchés avant que d’autres économies franchissent les premiers fils d’arrivée.
Il ne reste que trois ans avant la première échéance de 2025 du Plan de valorisation des MCS.
Il devient impératif que les acteurs privés et publics progressent au diapason (et rapidement!) pour saisir cette opportunité́ extraordinaire et structurante pour le Québec. Après la Baie-James, notre prochain défi collectif pourrait bien se cacher dans une batterie « made in Québec ».
Avec la collaboration de Philippe Pourreaux, associé chez PwC Canada, création de valeur