Donald Trump (Photo: Getty images)
Donald Trump a manifesté mardi son impatience face à la crise sanitaire et dit miser sur une levée « rapide » des restrictions, d’ici mi-avril, malgré la forte accélération des décès dus au nouveau coronavirus aux États-Unis.
«Il faut retourner au travail, beaucoup plus tôt que les gens ne le pensent», a lancé le président américain sur la chaîne Fox News.
Tout en concédant que les restrictions dureraient un peu au-delà des quinze jours initiaux, il a promis de «rouvrir» le pays «rapidement».
«J’adorerais rouvrir d’ici Pâques», qui tombe cette année le 12 avril, a-t-il ensuite dit à plusieurs reprises, assurant, en dépit des réserves de nombreux scientifiques et responsables locaux, que cette échéance était réaliste à condition que les gens retournent au travail «en pratiquant la distanciation sociale».
Le milliardaire républicain s’était résolu à émettre il y a une semaine des recommandations très strictes.
Mais alors que 40% de la population américaine est confinée chez elle ou sur le point de l’être – les restrictions variant d’un État à l’autre -, il ne cache pas à présent sa crainte de voir ces mesures draconiennes et l’arrêt de l’activité s’éterniser.
Le Pentagone lui-même s’est montré moins optimiste en tablant sur «plusieurs mois» de crise, avec un retour à la normale vers juin-juillet seulement aux États-Unis.
Nouvel épicentre
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs prévenu mardi que les États-Unis pourraient bientôt dépasser l’Europe et devenir le nouvel épicentre mondial de la pandémie.
«Nous constatons une très forte accélération du nombre de cas aux États-Unis», a expliqué une porte-parole de l’organisation.
Les États-Unis comptaient mardi en début d’après-midi 600 morts et plus de 50 000 cas officiellement déclarés de COVID-19, selon le comptage de l’Université Johns Hopkins, qui fait référence.
Cela en fait désormais le troisième pays en nombre de cas recensés, derrière la Chine et l’Italie, avec un épicentre américain à New York, où sont enregistrés la majorité des décès.
Dans l’État de New York, «le taux de nouvelles infections double tous les trois jours», a prévenu son gouverneur Andrew Cuomo, en première ligne contre la pandémie dans la plus grande ville américaine, coeur culturel et économique du pays.
«C’est une augmentation drastique», a-t-il insisté, estimant que l’épidémie pourrait y connaître son summum «d’ici 14 à 21 jours», soit plus tôt que prévu.
Cet État de près de 20 millions d’habitants se prépare donc au pire et continue de réclamer au gouvernement fédéral du matériel médical, à commencer par des respirateurs par milliers.
Il a aussi revu à la hausse le besoin de lits d’hôpitaux supplémentaires, à 140 000, alors qu’un premier hôpital de secours doit être opérationnel d’ici environ huit jours à Manhattan.
Malgré cette course contre la montre, le président des États-Unis a donc confirmé sans détour un nouveau changement de ton distillé ces derniers jours.
Après s’être dit «en guerre» la semaine dernière contre cet «ennemi invisible», Donald Trump renoue avec ses propos initiaux, lorsqu’il était accusé par nombre d’experts de minimiser la menace.
Il a ainsi recommencé à comparer la pandémie actuelle à la grippe saisonnière.
«On perd des milliers et des milliers de personnes chaque année à cause de la grippe, et on ne met pas le pays à l’arrêt», a-t-il affirmé lors de son long entretien sur Fox News, en réitérant sa crainte de voir «le remède être pire que le mal».
«On peut détruire un pays en le fermant de cette façon», a-t-il estimé, ajoutant qu’une «grave récession ou une dépression» pourraient faire plus de morts que l’épidémie, notamment si la crise économique devait entraîner «des suicides par milliers».
Le président Trump presse le Congrès de trouver «IMMÉDIATEMENT» un accord sur un plan majeur de relance de la première économie mondiale, comme il l’a tweeté mardi en lettres majuscules. Et les négociations, après quatre jours de tractations intenses, semblaient sur le point d’aboutir.