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COVID-19: traitements et vaccins dans le monde

AFP|Publié le 18 juin 2020

COVID-19: traitements et vaccins dans le monde

(Photo: 123RF)

D’un côté, des dizaines de médicaments testés. De l’autre, une centaine de vaccins en projet. Qu’il s’agisse de traiter la COVID-19 ou de le prévenir, les recherches foisonnent et avancent vite, même si on attend encore la découverte qui changera le cours de la maladie.

 

Traitements: un espoir et des attentes

Dexaméthasone: éviter des morts

Peu cher et facilement disponible, ce stéroïde est à ce stade le seul médicament qui semble améliorer la survie chez des malades de la COVID-19.

Cela ne concerne toutefois que les patients les plus gravement atteints: ceux qui sont placés sous ventilation artificielle et, dans une moindre mesure, ceux à qui on administre de l’oxygène sans pour autant les intuber.

Chez les premiers, la dexaméthasone réduit la mortalité d’un tiers, selon de premiers résultats du vaste essai clinique britannique Recovery.

Annoncés lundi, ces résultats n’ont pas encore été publiés dans une revue scientifique. Mais dans la foulée, le gouvernement britannique a annoncé que ce traitement allait être immédiatement utilisé pour traiter les malades concernés.

La dexaméthasone est déjà utilisée dans de nombreuses indications pour ses puissants effets anti-inflammatoires et immunosuppresseurs.

 

Remdesivir: une efficacité modeste

Ce médicament antiviral est promu par les États-Unis, qui avaient officiellement annoncé fin avril qu’il réduisait le temps de rétablissement des malades.

La publication de ces recherches fin mai dans la revue New England Journal of Medicine a confirmé ces affirmations.

Pour autant, l’efficacité du remdesivir n’est pas spectaculaire: il fait passer la durée de rétablissement des malades hospitalisés de 15 à 11 jours en moyenne et n’a pas prouvé de bénéfices en termes de réduction de la mortalité.

L’utilisation en urgence du remdesivir dans les hôpitaux a été autorisée par les États-Unis, puis le Japon. L’Europe est en train d’étudier une demande d’autorisation de mise sur le marché.

Fabriqué par le laboratoire Gilead, le remdesivir avait été initialement développé – en vain – contre la fièvre hémorragique Ebola.

 

Hydroxychloroquine: la douche écossaise

Vanté par le président américain Donald Trump et le chercheur français controversé Didier Raoult, ce traitement n’a pas confirmé les espoirs placés en lui, bien au contraire.

Début juin, l’essai clinique britannique Recovery a conclu que l’hydroxychloroquine n’avait pas d’effet bénéfique contre la COVID-19.

Ce constat a conduit lundi les autorités sanitaires américaines à retirer l’autorisation d’utiliser en urgence l’hydroxychloroquine contre la COVID-19 (ainsi qu’un médicament proche, la chloroquine).

Puis mercredi, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a annoncé qu’elle arrêtait les essais cliniques sur l’hydroxychloroquine comme traitement de la COVID-19.

Utilisé selon les pays comme traitement du paludisme ou de maladies auto-immunes, ce médicament est au centre d’une longue saga aux aspects très politiques depuis le début de la pandémie.

Une saga marquée par un scandale académique: début juin, la prestigieuse revue The Lancet a dû retirer une étude critique sur l’hydroxychloroquine, entachée de forts soupçons de fraude.

Ce scandale a conforté l’opinion des farouches partisans que garde ce médicament malgré les évidences qui s’accumulent.

 

Une pharmacie pleine

Outre les trois médicaments précités, de nombreux autres sont en cours d’évaluation. Au total, plus d’un millier d’essais cliniques portent sur des dizaines de traitements à travers le monde, selon la base du Lancet (https://covid-trials.org/).

Parmi les principaux traitements potentiels, l’association de deux médicaments anti-VIH, lopinavir et ritonavir (seuls ou combinés à d’autres antiviraux), la transfusion aux malades du plasma sanguin de personnes guéries, la chlorpromazine (un antipsychotique) ou le tocilizumab (qui pourrait lutter contre le phénomène inflammatoire responsable des cas les plus graves).

Mais malgré les effets d’annonce dans une course très concurrentielle, aucune de ces pistes ne s’est pour l’heure révélée concluante.

D’autant qu’il semble illusoire de croire à un produit miracle contre la COVID-19: la plupart des spécialistes pense que la clé ne sera pas une molécule unique mais une combinaison de plusieurs médicaments venant de familles différentes, afin d’additionner leurs effets.

 

Vaccins: la course accélérée

Combien de vaccins?

Dans son dernier point, au 16 juin, l’OMS dénombre 11 essais cliniques en cours pour autant de candidats vaccins à travers le monde.

Près de la moitié de ces essais réalisés sur l’homme le sont en Chine (5). Ce pays, qui a vu émerger le virus SARS-CoV-2 et qui craint une reprise de l’épidémie à Pékin, veut être le premier à disposer d’un vaccin et n’hésite pas à autoriser des procédures accélérées.

Les essais cliniques en cours dans le monde pour des «candidats-vaccins» sont dits de «phase 1», à savoir qu’ils visent avant tout à évaluer la sécurité du produit, ou bien de «phase 2», à savoir qu’ils évaluent déjà leur efficacité.

Seuls des résultats partiels, certains décrits comme «encourageants», ont été publiés pour le moment.

Parmi les projets les plus avancés, on peut citer celui, européen, de l’Université d’Oxford en coopération avec AstraZeneca et celui, chinois, de l’Académie militaire des sciences médicales et de la compagnie pharmaceutique CanSinoBIO.

Outre les essais déjà entamés, l’OMS comptabilise 128 projets de candidats vaccins qui sont en phase pré-clinique d’élaboration.

Un autre décompte réalisé par l’école britannique de médecine, London School of Hygiene & Tropical Medicine dénombre pas moins de 194 projets de vaccins anti-COVID, dont 17 au stade d’essais cliniques.

 

Des approches différentes

L’OMS classe la centaine de projets en cours dans huit catégories différentes correspondant à des types de vaccins éprouvés ou au contraire expérimentaux.

Il s’agit des classiques vaccins de type «vivants atténués» ou «inactivés», des vaccins dits «sous-unitaires» à base de protéines (présentant un antigène au système immunitaire, sans particules virales).

Il s’agit encore de projets de vaccins dits «à vecteur viral», qui utilisent des techniques de pointe pour fabriquer des virus dont l’objet unique est de susciter une réaction immunitaire chez l’homme.

Parmi les projets figurent également des vaccins «à ADN» ou «à ARN» qui sont des produits expérimentaux utilisant des morceaux de matériel génétique modifié.

 

La date, question-clé

L’agence européenne du médicament (EMA) a estimé mi-mai qu’un vaccin pourrait être prêt d’ici un an dans un scénario «optimiste».

Mais les plus optimistes misent carrément sur la fin de cette année pour contrer une éventuelle seconde vague de la pandémie qui pourrait s’abattre sur l’hémisphère nord à l’hiver prochain.

Dans le cadre de son opération «Warp Speed», le gouvernement américain espère délivrer 300 millions de doses de vaccin d’ici janvier 2021 (quasiment l’équivalent de la population américaine), via des financements et soutiens à des laboratoires.

En Chine, la compagnie pharmaceutique étatique Sinopharm, qui prépare actuellement deux candidats-vaccins, espère une mise sur le marché fin 2020-début 2021.

En Europe, où plusieurs projets sont également en cours, on espère également la mise au point avec succès d’un vaccin d’ici la fin de cette année.

Allemagne, France, Italie et Pays-Bas ont d’ailleurs signé un accord avec le groupe pharmaceutique AstraZeneca pour garantir la fourniture à l’UE de 300 millions de doses d’un éventuel vaccin.

 

À quel prix ?

Les groupes pharmaceutiques ont à plusieurs reprises évoqué le fait qu’ils comptent mettre à disposition leur vaccin à des prix raisonnables, voire à prix coûtant.

AstraZeneca s’est engagé à «ne pas faire de profits sur ce vaccin», selon son président pour la France, Olivier Nataf, avec un prix d’environ 2 euros la dose.

 

Qui sera vacciné?

Les États-Unis ont annoncé leur intention de donner la priorité, dans leurs futures campagnes de vaccination, aux personnes âgées, aux citoyens ayant des antécédents médicaux et aux travailleurs dits essentiels.

Selon le gouvernement américain, cela dépendra toutefois aussi des résultats des essais cliniques.