(Image: capture d'écran)
BLOGUE INVITÉ. En visitant la nouvelle usine de production de l’entreprise Firebarns, j’ai réalisé que certains «avantages» de vivre dans une société comme la nôtre peuvent contenir aussi leur lot de pièges.
En effet, lors de ma discussion avec Pierre-Olivier, l’entrepreneur derrière l’entreprise productrice de sauces BBQ et sauces piquantes, j’ai été abasourdi d’entendre, une fois de plus, de la difficulté qu’il a à trouver des employés.
Plus je lui posais des questions, plus ses réponses me désespéraient. Étais-ce en raison des conditions salariales? Non, aucun employé ne travaille au salaire minimum. En raison de son emplacement qui complexifie le transport? Non, l’usine est à quelques minutes des ponts, sur la rive-sud de Québec. En raison de la rareté de la main d’œuvre? Non, des centaines de milliers de Québécois ont perdu leur emploi ou sont à la recherche de nouveaux défis professionnels.
Mais pourquoi donc a-t-il autant de difficulté à recruter? Trois petites lettres: PCU. La fameuse prestation canadienne d’urgence.
Mise en place dès le tout début de la pandémie par le gouvernement Trudeau, il faut avouer que l’intention était non seulement noble mais nécessaire. Cette prestation visait à offrir un soutien financier d’urgence aux travailleurs directement touchés par la crise. Au total, Le gouvernement fédéral a reçu à ce jour plus de 25 millions de demandes et versé près de 75 milliards de dollars en aide, uniquement pour ce programme.
Absolument nécessaire au printemps et au début de l’été, de plus en plus de voix s’élèvent et réclament la fin du programme, décriant haut et fort les effets économiques indésirables de sa longévité. Ce qui était un programme se voulant «d’urgence temporaire» devient, 7 mois plus tard, un programme qui ralentit la relance économique vigoureuse dont on a tant besoin.
Tristement, on ne compte plus les exemples de commerçants, restaurateurs, entrepreneurs qui n’arrivent tout simplement pas à trouver de la main d’œuvre, et ce, au pire moment.
Espérant se «refaire» certains ont malheureusement été obligés de couper des heures, des journées et même refermer temporairement leurs commerces par manque de personnel en raison de cette «concurrence déloyale» de la part de cette prestation.
Pourtant, après des mois de «pause économique», autant pour les employeurs que pour les employés, on se serait attendu à ce que tous redoublent d’effort afin de limiter les pertes financières personnelles et corporatives encaissées ce printemps.
L’économie est une chaîne qui a besoin que tous les maillons soient solidaires afin de rester forte. Pas d’entreprises, pas d’employés, pas d’employés, pas d’entreprises. Afin d’être mutuellement gagnants, cet équilibre exige que l’on ait le même objectif de vitalité économique, pour soi, sa famille ou son entreprise.
Cet équilibre exige donc qu’il faille que les employés soient présents pour donner le meilleur d’eux-mêmes aux entreprises qui leur offrent un emploi, mais il est très important également qu’ils exigent que celles-ci offrent d’aussi bonnes conditions (salariale, flexibilité d’horaire, assurances collectives…) aux employés.
Le gouvernement Trudeau est-il tombé dans un piège en prolongeant la PCU ou en ne mettant pas de balises plus restrictives afin d’y avoir droit? Certes, des centaines de milliers de Canadiens ont encore besoin de cette aide si précieuse, mais qu’en est-il de ceux qui pourraient très bien retourner sur le marché du travail mais qui ne le font pas en ne voyant pas la plus-value pour eux ou pour la société, d’y retourner.
Vivre dans une société qui peut se permettre d’offrir des programmes si généreux est parfois une illusion d’optique. Certes, je n’échangerais aucunement notre place avec celle de certains des pays les plus industrialisés au monde, mais qui, en guise d’aide envers les travailleurs ayant perdu leur emploi, n’ont offert que des miettes comparativement à ce que nous avons eu comme aide ici. Cependant, de l’autre côté de la médaille, ne pas savoir quand arrêter ou ne pas imposer des règles strictes à l’obtention de cette aide peu très rapidement s’avérer tout aussi néfaste pour notre économie.
La prestation canadienne d’urgence prendra fin au début octobre afin que l’assurance-emploi prenne le relais. Espérons seulement qu’autant le gouvernement, que les travailleurs et les entrepreneurs comprendront l’importance de jouer en équipe pour le bien commun!