(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Ça faisait au moins trois ou quatre ans que ce local était à louer. Pour tout vous dire, plusieurs fois j’ai failli le louer tellement il était bien placé. On a passé plusieurs soirées autour d’un verre de vin avec ma conjointe Karo afin de discuter de ce que nous ferions de ce local.
Dernièrement, j’ai vu qu’il avait finalement été loué. J’étais content. Il n’y a rien que je déteste plus que de voir un local vide pendant des années. C’est mauvais pour le propriétaire, pour la vitalité de la rue et du quartier, et ça lance un mauvais signal.
J’étais excité de voir quel type de commerce allait y ouvrir. Puis, la déception. Un autre commerce sans âme. Aucun avantage concurrentiel, aucune originalité dans l’offre, le nom, le design… rien. Juste un autre commerce qui offre ce que 10 autres ont offert dans un rayon d’un kilomètre carré par le passé et qui, pour l’immense majorité, n’ont duré qu’un printemps.
Je dois faire partie des derniers mohicans qui n’achètent rien en ligne. J’adore me déplacer (de moins en moins, merci au trafic endémique) afin de vivre l’expérience de l’achat, de rencontrer le commerçant, de discuter, d’essayer, de réfléchir. La plupart de mes achats se font dans des commerces de destination.
Même si je sauverais certainement temps et argent en achetant en ligne, je crois encore au pouvoir de l’achat humain et local. Un achat réfléchi qui permet à un autre humain de vivre de sa passion. Bien que je n’aie rien contre les modèles d’affaires des géants du web, je préfère, vu que j’ai entièrement le choix, encourager un commerçant local.
Depuis plusieurs années déjà, le commerce au détail vit une profonde transformation. Nous parlons souvent de ce que les leaders tels Aldo, Dollarama et autres font pour se réinventer, mais qu’en est-il de l’indépendant, celui qui a comme seul gagne-pain son commerce?
Bien sûr, je souhaite à tous ceux qui osent le plus grand des succès. Cependant, dans un univers aussi compétitif, je me pose bien des questions quand je vois l’ouverture d’un commerce qui n’offre rien d’autre que ce que des dizaines de concurrents offrent déjà!
En affaires, tout est une question de différenciation et d’originalité. Encore plus vrai aujourd’hui, seuls ceux qui sauront se démarquer auront une chance de réussir. L’exemple le plus flagrant est la chute des Sears et Zellers de ce monde, qui n’étaient finalement que d’immenses locaux de marchandises trouvables sur le net et ailleurs à moindre prix.
Les commerçants ayant pignon sur rue sont d’une importance capitale pour la vitalité d’une ville et d’une économie. Non seulement ils offrent très souvent des produits locaux de qualité supérieure, mais ils engagent aussi des centaines de milliers de personnes à travers la province.
Cependant, leur avenir va se jouer dans la prochaine décennie. La compétition du web sont de plus en plus présente et les habitudes d’achat des consommateurs évoluent rapidement. Sans oublier la hausse des loyers commerciaux et des taxes d’affaires, la rareté de la main-d’œuvre et les multiples défis du déplacement en ville. Tout ces éléments feront en sorte que seuls les commerces de destination auront une chance de survie.
En tant que consommateur averti, mon choix est déjà fait. Pour tout vous dire, je préfère de loin encourager un commerçant local qu’un géant mondial. À vous de choisir.