Climat de travail toxique: prévenir plutôt que guérir
Le courrier des lecteurs|Publié le 02 mars 2021(Photo: Tim Mossholder pour Unsplash)
Un texte de Geneviève Desmarais, avocate et CRHA, fondatrice de Resolys inc. spécialisé en amélioration de climat de travail
COURRIER DES LECTEURS. Les médias ont attiré notre attention sur les récents dossiers de climats de travail toxiques et les enquêtes au sein d’organisations comme le Musée des Beaux-Arts de Montréal ou le Bureau de la Gouverneure générale du Canada. Ceci m’amène plus que jamais à vous parler d’un volet bien souvent ignoré ou escamoté par les employeurs : la prévention.
Consultez aussi notre dossier sur la santé des employés.
Bien des employeurs adoptent une politique contre le harcèlement et la discrimination, la publient sur leur intranet, puis espèrent simplement ne jamais devoir l’appliquer. Un rappel annuel leur suffit. Investir dans la formation ou la sensibilisation ne leur semble pas nécessaire.
Faites-vous partie des employeurs qui souhaitent ne pas trop en parler pour ne pas attirer l’attention ou de peur d’ouvrir une boîte de Pandore ? Pourtant, la prévention devrait être au cœur de votre stratégie pour instaurer et maintenir un climat de travail harmonieux. N’oublions pas que l’obligation première d’un employeur est d’assurer un environnement de travail sain et sécuritaire, et non l’adoption d’une politique. La politique est un moyen et non une fin.
J’attire votre attention sur la prévention, mais je vous rassure. Il ne s’agit pas ici d’en faire un sujet quotidien ou hebdomadaire, mais bien de poser une série d’actions pour sensibiliser l’ensemble de votre organisation à un certain nombre d’éléments et réitérer des messages importants qui nous ramènent à l’essentiel : votre bien-être nous tient à cœur !
Instaurer une culture de bienveillance demande du temps et un engagement véritable. Cet engagement doit venir d’abord des plus hautes sphères de l’organisation, être clair et s’insérer dans une série d’actions concrètes. J’insiste ici sur les interventions organisationnelles plutôt que les interventions individuelles ou d’équipe, lesquelles sont bien souvent réactionnelles ou réparatrices plutôt que préventives.
Pour l’organisation, la prévention commence par un diagnostic et le questionnement est presque infini. Qu’avons-nous en place ? Que faisons-nous de bien ? Que pouvons-nous améliorer ? Vers qui nos employés peuvent-ils se tourner ? La formation est-elle suffisante ? Quelles sont les ressources disponibles ? Nos politiques sont-elles à jour ? Y a-t-il eu des signalements et comment ont-ils été traités ? Quel est l’indice du bonheur de nos employés ? Niveau d’engagement ? Taux de roulement ? Raisons des départs ? Taux d’absence maladie ? Reconnaissance de la bienveillance ? Efforts de sensibilisation ?
L’étape du questionnement est cruciale et servira de base pour définir votre stratégie de prévention. Impliquez des employés et des gestionnaires de différentes unités d’affaires, le syndicat, la direction. Créez un comité si la taille de votre organisation le permet. Priorisez les actions et faites preuve de créativité dans la création de votre plan d’action.
Je fais partie de ceux qui croient sincèrement que plus nous en parlerons ouvertement, plus nous investirons dans la prévention organisationnelle et démontreront une absence de tolérance pour le harcèlement et l’incivilité, et moins nos interventions seront dirigées vers le traitement et le rétablissement.
Investissez là où ça paraît le moins, mais où ça rapporte le plus!
Un texte de Geneviève Desmarais, avocate et CRHA, fondatrice de Resolys inc. spécialisé en amélioration de climat de travail