De simple bottin «fourre-tout» à ses débuts, le site du Panier bleu deviendra transactionnel d’ici la fin de l’année. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. C’est très rapidement au tout début de la pandémie que nous avons fait face à l’importance de l’achat local. En effet, avec une économie à l’agonie face aux mesures drastiques imposées par la virulence de la pandémie, consommer un produit d’ici était devenu une tactique d’autodéfense et de survie économique.
Avec l’annonce du lancement du Panier bleu en avril 2020, le gouvernement québécois se voulait fédérateur de l’achat local. Critiqué de toutes parts, le projet avait comme objectif de faciliter l’accès aux consommateurs aux produits québécois. De simple bottin «fourre-tout» à ses débuts, le site deviendra transactionnel d’ici la fin de l’année.
Cependant, une question reste en suspens depuis le tout début: c’est quoi un produit québécois?
Pour tout vous dire, les réponses sont aussi variables et flexibles que l’offre de produits «québécois» que l’on retrouve actuellement sur le site. Par exemple, on m’offre en première page un tapis de yoga, produit en Chine et vendu à travers un détaillant dont le siège social est à l’extérieur du Québec et dont le titre, inscrit à la bourse de Toronto, est principalement détenu par des fonds et institutions financières américains. Certes, le détaillant a un lieu d’affaires et des employés au Québec, mais McDonald, Toyota et Petro-Canada aussi.
Par conséquent, avec cet exemple bien précis, je comprends donc qu’il suffit d’avoir une place de commerce au Québec afin d’avoir ses produits considérés locaux, peu importe leur provenance? Ne devrions-nous pas faire une différence entre commerce local et produit local? Faut-il simplement avoir des employés basés ici? Faut-il avoir son siège social ou payer ses impôts au Québec? Que faut-il pour être considéré comme «made in Québec»?
Mille questions, aucune réponse. Attention, je veux être bien clair ici. Je ne suis pas ici pour faire le procès de quelque projet que ce soit, bien au contraire, je milite depuis mes premiers jours en affaires sur l’importance de maximiser l’achat local, cependant je soulève une question existentielle dans le débat: c’est quoi un produit québécois?
Je souligne l’effort de clarification du Panier bleu en établissant certains critères comme la propriété de l’entreprise, où le pourcentage de franchisés québécois dans la province, mais la réelle définition dont nous avons besoin est celle qui concerne l’origine des produits et non des commerces!
Car pour vraiment faire rayonner les produits d’ici, il faut avant tout savoir lesquels le sont réellement. Malheureusement, je crains bien que face à l’urgence de la situation, nous ayons sauté plusieurs étapes cruciales au projet.
Il n’est jamais trop tard de remettre les pendules à l’heure et de se mettre à table, tous ensemble, afin de définir ce qu’est un produit local. De cette manière, avec une définition claire, nette et précise, le consommateur pourra facilement faire le bon choix pour notre économie.
À l’ère d’une remise en question du modèle de mondialisation qui domine depuis plusieurs décennies, les deux dernières années, surtout les problèmes de toutes sortes qui en découlent, nous démontrent les limites et surtout les failles du modèle. L’occasion qui se présente à nous est donc idéale afin de définir la nouvelle économie de demain qui doit, sans équivoque, miser sur l’achat local.
Que ce soient des organismes comme «Fabriqué en France» ou «Made in USA» il existe déjà plusieurs modèles sur lesquels s’inspirer. Bien qu’il faille adapter la définition à la réalité de notre province, je suis convaincu que de définir le débat n’aura qu’un effet bénéfique sur notre économie.
Bien qu’il existe déjà au Québec quelques ressources telles «Les produits du Québec» ou «Aliments du Québec» permettant de certifier ses produits, il manque, selon moi, une définition commune et précise par manque de réflexion profonde sur la question.
Cela étant dit, je conclurais en mettant l’accent sur l’importance du rôle du gouvernement québécois dans cette démarche. En effet, je crois que c’est de la responsabilité première de l’état de définir, protéger et promouvoir une future appellation qui viendrait, une fois pour toutes, mettre un terme à ce débat sans fin.