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Annie Boilard

Travailler agilement en équipe

Annie Boilard

Expert(e) invité(e)

C’est la faute de Paul!

Annie Boilard|Publié le 11 octobre 2022

C’est la faute de Paul!

Est-ce que je me positionne en victime quand je dis: «Ce n’est pas moi, c’est Paul qui ne m’a pas envoyé l’information?» (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. La victimisation, ça ressemble à quoi?

Sophia est responsable de produire un rapport tous les vendredis pour midi. Elle utilise notamment les données que Paul lui fait parvenir. Mais Paul a d’autres priorités, d’autres dossiers, d’autres urgences. Il veut bien aider Sophia, mais, parfois, il est retardé. Il lui arrive aussi d’oublier d’acheminer les informations.

Quand Paul oublie, Sophia ne peut pas effectuer son travail: elle est alors déçue et elle se sent coupable auprès de son équipe.

Elle en a parlé avec Paul. Les choses se sont améliorées pour un bout puis… c’est revenu. Elle est tannée!

Cette fois-ci, elle décide de ne pas relancer Paul.

Si ce rapport est si important et qu’il est retardé par Paul, quelqu’un s’occupera bien de lui en parler, non?

Attendre passivement est une stratégie contre-productive pour les équipes de travail. Peut-être entendez-vous dans votre équipe des équivalents du type:

• Pas fait, pas eu le temps!

• Désolée gang, ça ira à la semaine prochaine — Nathalie n’est pas rentrée cette semaine.

Rien n’est plus énervant que des collègues qui ont des excuses pour tout et pas de solution à proposer. On les voit venir de loin! C’est la faute de quelqu’un d’autre!

 

La victimisation, comment ça se joue?

L’outil par excellence pour comprendre la dynamique de la victimisation, c’est le triangle dramatique de Karpman.

(Illustration: Wikpan / CC)

 

Dans des situations de vulnérabilité, nous avons toutes et tous (oui oui, vous, moi, nous tous!) tendance à nous réfugier dans l’un des trois coins.

Lorsqu’il est question de victimisation, il s’établit alors une dynamique particulière entre la victime qui cherche son sauveur et le sauveur, qui se valorise à sauver la victime. Le persécuteur (critique, sarcastique) nourrit la dynamique. Ce triangle explique parfois nos dynamiques d’équipe.

 

La victimisation, une bonne stratégie?

Non, définitivement! C’est démobilisant pour les équipes. Ça devient une source de frustration pour les collègues et ça fait dérailler les réalisations collectives.

 

Trois étapes pour réduire la victimisation dans son équipe

1.     Introspection à l’aide du triangle dramatique

  • Est-ce que je contribue au problème ou à la solution?
  • Quels sont vraiment mes réflexes dans l’adversité (sur quelle pointe du triangle est-ce que je me réfugie)?
  • Qu’est-ce que je gagne en fin de compte?
  • Ça dure depuis combien de temps?
  • Qui joue le rôle du sauveur?

 

2.    En parler en équipe et définir un vocabulaire commun

  • Est-ce que je me positionne en victime quand je dis: «Ce n’est pas moi, c’est Paul qui ne m’a pas envoyé l’information?»
  • Et toi, qu’as-tu fait pour obtenir l’information?
  • As-tu appelé Paul? Lui as-tu offert de faire certaines de ses tâches pour qu’il t’envoie les informations dont tu as besoin?
  • En as-tu parlé à son patron, à ton patron?
  • Pourrions-nous revoir nos priorités?

 

3.     Clarifier nos attentes collectives en matière de passivité et de proactivité

  • Qu’est-ce qui est acceptable et non acceptable dans notre équipe?
  • Qu’est-ce que la passivité et la victimisation pour nous?
  • Comment définissons-nous la confiance entre nous?
  • Comment souhaitons-nous être perçus?

 

La victimisation se joue à deux, à trois et en équipe. Son impact est sournois, car l’onde de choc ratisse large.

Il faut aller au-delà du classique: si on ne peut pas respecter une échéance, on en informe son équipe à l’avance! Pour stopper le problème, rien de tel qu’une introspection de qualité suivie d’une profonde réflexion collective.