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CarMax: un titre pour les investisseurs qui savent être patients

Jean Gagnon|Édition de la mi‑juin 2023

CarMax: un titre pour les investisseurs qui savent être patients

(Photo : Shutterstock)

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Si vous avez opté pour l’achat d’une nouvelle voiture récemment, vous avez probablement été surpris, voire estomaqué, par la valeur que le concessionnaire vous offrait en échange de votre voiture usagée.

Les difficultés dans la chaîne d’approvisionnement et un manque important de puces informatiques ont occasionné des retards de production. Tout cela a provoqué de longs délais de livraison aux acheteurs de voitures neuves. Plusieurs se sont alors tournés vers le marché des voitures d’occasion, et les prix se sont envolés. Le cours de l’action de CarMax (KMX, 72,15 $ US), le plus grand détaillant de voitures d’occasion aux États-Unis, a fait de même. Après avoir chuté jusqu’à 40 $ US en avril 2020, au début de la pandémie de COVID-19, le titre a presque quadruplé durant les 18 mois suivants. 

Mais la suite s’est avérée plus difficile. La hausse des prix a rendu les voitures d’occasion de moins en moins abordables, au moment même où les dépenses de consommation commençaient à ralentir. Le cours de l’action de CarMax s’est dégonflé en 2022 pour tomber sous la barre des 60 $ US. Depuis octobre dernier, le titre en est à sa troisième tentative de reprise, chaque fois avec un succès mitigé.

 

Un investissement attrayant

Pourtant, plusieurs éléments liés aux opérations de CarMax sont particulièrement attrayants, et ils ont retenu l’attention de Jean-Philippe Bouchard, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Giverny Capital. D’abord, le détaillant a mis en place un processus d’achat transparent qui s’effectue sans négociation et qui aligne les incitatifs des représentants avec les besoins du client en leur versant une commission fixe peu importe le véhicule vendu, explique-t-il.

Grâce à une large banque de données d’évaluation de véhicules depuis 1993 qui facilite grandement son processus d’approvisionnement, la firme établie à Colonie, dans l’État de New York, a également réussi à maintenir un bénéfice brut par voiture vendue relativement stable, malgré les fluctuations des prix de vente moyens, note le gestionnaire. 

Enfin, CarMax a selon lui réussi à solidifier son avantage concurrentiel, alors que l’un de ses principaux concurrents, Carvana (CVNA, 16,08 $ US) s’est retrouvé aux prises avec un sérieux problème d’endettement à la suite de l’acquisition de l’activité d’enchères physiques d’ADESA en 2022.

Le détaillant montre aussi une bonne performance financière historique. « Ses bénéfices par action ont crû à un taux annuel composé de 16 % entre 2007 et 2021 », affirme Jean-Philippe Bouchard. Ces bénéfices ont diminué en 2022, mais il s’agit à son avis d’une situation temporaire.

« Au cours actuel, l’évaluation est attrayante », ajoute-t-il. Il croit que d’ici cinq à six ans, les bénéfices de l’entreprise pourraient atteindre 10 $ US à 11 $ US par action. « CarMax est une société de grande qualité qui se négocie à un ratio cours/bénéfice sous la moyenne du marché sur des bénéfices normalisés », souligne-t-il.

 

Un bon quatrième trimestre

À son dernier trimestre, CarMax a réalisé de bons résultats, estiment les analystes de la firme américaine Baird Capital. Les ventes ont diminué de 14 %, comme ils l’avaient prévu, mais la firme a su protéger ses prix par unité et contrôler ses dépenses. Si bien que ses bénéfices par action ont atteint 0,44 $ US, alors que le consensus des analystes tablait plutôt sur 0,20 $ US.

Par ailleurs, les analystes de Baird notent que CarMax évolue dans un secteur où les titres font bien lors des débuts de cycles économiques, tout en rappelant que nous sommes, selon les pronostics de la majorité des économistes, actuellement en fin de cycle. Les experts de Baird croient donc que la décision d’acheter des actions de CarMax en ce moment convient surtout aux investisseurs dont l’horizon de temps est suffisamment long pour leur permettre d’affronter une période économique plus difficile.

 

 

Un graphique qui suggère d’être patient 

Le graphique des variations du cours de l’action de CarMax démontre que le titre s’est négocié depuis octobre dernier dans un corridor de fluctuations dont la borne inférieure a été 55 $ US et la borne supérieure 80 $ US.

En termes d’analyse technique, cela indique un bon support pour le titre à 55 $ US, mais aussi une résistance difficile à franchir lorsque le titre approche 80 $ US, explique Monica Rizk, analyste technique senior pour les publications Phases & Cycles. Alors peut-on se demander ce qui cédera en premier, le support ou la résistance ?

Bien que certains facteurs, dont un croisement possible des moyennes mobiles de 50 jours (ligne noire) et de 200 jours (ligne grise), permettent un certain optimisme envers les perspectives à plus long terme du titre de CarMax, Monica Rizk suggère qu’il serait prudent d’attendre que le cours de l’action franchisse la résistance de 80 $ US avant de trop se commettre.