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AstraZeneca: la liste de pays qui suspendent le vaccin s’allonge

AFP et La Presse Canadienne|Publié le 15 mars 2021

AstraZeneca: la liste de pays qui suspendent le vaccin s’allonge

(Photo: 123RF)

Paris, Rome, Berlin, Ljubljana et Madrid ont suspendu lundi la vaccination avec AstraZeneca, allongeant la liste des pays ayant pris cette mesure face aux craintes d’effets secondaires, ce qui porte un coup à la campagne mondiale d’immunisation pour combattre la pandémie, malgré les assurances de l’OMS quant à la sûreté de ce vaccin.

L’arrivée d’une troisième vague de la COVID-19 a contraint l’Italie à se reconfiner lundi et suscite des inquiétudes en Allemagne et en France, laissant planer le spectre de nouvelles restrictions.

Malgré cette situation tendue, l’Allemagne, la France, l’Italie, la Slovénie et l’Espagne ont suspendu lundi par précaution l’administration du vaccin du laboratoire suède-britannique AstraZeneca contre le coronavirus, en attendant un avis de l’Agence européenne des médicaments (EMA).

Ils emboîtent ainsi le pas à plusieurs autres pays, inquiets de possibles effets secondaires comme des difficultés à coaguler ou la formation de caillots sanguins (thrombose).

Suite à ces décisions, l’EMA a annoncé qu’elle tiendrait une « réunion extraordinaire » jeudi sur ce vaccin, ajoutant que ses avantages l’emportent toujours sur les risques.

D’autant que l’Europe, continent le plus touché par la pandémie, a dépassé lundi le seuil des 40 millions de cas et le nombre de nouvelles contaminations y est en hausse.

L’Organisation mondiale de la Santé va quant à elle réunir mardi son groupe d’experts pour étudier la sécurité de ce vaccin, mais d’ores et déjà, sa cheffe scientifique a recommandé de poursuivre son utilisation.

« Nous ne voulons pas que les gens paniquent », a déclaré Soumya Swaminathan à Genève, ajoutant que « jusqu’à présent, nous n’avons pas trouvé d’association entre ces événements et le vaccin ».

Les Pays-Bas avaient suspendu dimanche la vaccination avec AstraZeneca, tout comme l’Irlande, après le signalement en Norvège de quatre nouveaux cas graves de caillots sanguins chez des adultes vaccinés. 

La Norvège en avait fait de même la semaine dernière, comme le Danemark, l’Islande et la Bulgarie.

L’Indonésie a annoncé lundi le report du lancement de sa campagne de vaccination avec AstraZeneca, dans l’attente d’un avis de l’OMS. À l’inverse, la Géorgie a lancé sa campagne avec ce même vaccin, balayant les craintes d’effets secondaires.

Le laboratoire de son côté se défend. Il y a « des preuves très rassurantes qu’il n’y a pas d’augmentation du phénomène de caillot sanguin ici au Royaume-Uni », a affirmé lundi le professeur Andrew Pollard, directeur du Oxford Vaccine Group qui a développé le vaccin avec AstraZeneca.

 

Le Canada garde la foi

Ottawa tout comme Québec continuent à faire confiance au produit.

Les premiers ministres Justin Trudeau et François Legault tenaient une conférence de presse conjointe, à Montréal, lundi matin, pour faire une annonce à saveur économique. Interrogés par les journalistes, tous deux ont maintenu que ce vaccin est sécuritaire et efficace. Ils ont dit se fier aux autorités fédérales et québécoises de santé publique pour faire pareille affirmation.

M. Trudeau a souligné que les lots de ce vaccin, identifiés dans certains pays européens comme étant, peut-être, à l’origine de formation de caillots sanguins chez des vaccinés, ne sont pas en circulation au Canada.

Les deux premiers ministres ont répété que les experts surveillent la situation de près.

M. Trudeau a également enjoint tous les Canadiens à prendre le premier vaccin qui leur est proposé.

Le vaccin AstraZeneca est le troisième qui a reçu le feu vert de Santé Canada. Ottawa a déjà distribué aux provinces des centaines de milliers de doses fabriquées dans une usine en Inde. De ce lot, 300 000 doses doivent servir avant le 2 avril, date de leur péremption.

PFizer-BioNtech et Moderna sont les deux autres vaccins utilisés au pays. On attend toujours une première livraison du vaccin de Johnson & Johnson.

 

 

Pâques confinée en Italie

Le Portugal, lui, très durement frappé en début d’année par la COVID-19, a commencé à alléger lundi ses restrictions, après deux mois d’un confinement généralisé. 

Les crèches, écoles primaires et certains commerces non essentiels (salons de coiffure, librairies…) y ont rouvert, première étape d’un plan de déconfinement étalé jusqu’à début mai.

Mais en Italie, où les 100 000 morts du Covid-19 ont été dépassés, les trois quarts de la péninsule sont classés depuis lundi en « zone rouge » jusqu’au 6 avril, période englobant les fêtes de Pâques. Les écoles y sont fermées, tout comme les bars et restaurants, ainsi que la plupart des commerces non essentiels.

« Je ne m’y attendais pas. Nous vivons au jour le jour », commente Ana Cedeno, serveuse dans le quartier de Trastevere à Rome, se disant « très triste » face à ce nouveau confinement.

Le pays, qui a enregistré dimanche 21 315 cas supplémentaires en 24 heures, table sur une amélioration « dans la seconde moitié du printemps », selon son ministre de la Santé Roberto Speranza.

La France, qui a passé vendredi la barre des 90 000 morts, prévoit quant à elle une centaine d’évacuations sanitaires de patients atteints de la COVID-19 cette semaine depuis la région parisienne, où les services de réanimation sont sous tension.

Le président Emmanuel Macron a annoncé qu’il y aurait « dans les jours qui viennent sans doute de nouvelles décisions » pour lutter contre l’épidémie.

Interrogé sur un possible reconfinement de Paris et sa région, il a appelé à regarder « la réalité de l’épidémie, ville par ville, territoire par territoire ».

 

Mea culpa en Allemagne

En Allemagne, où les autorités viennent d’assouplir les mesures, des inquiétudes pointent également: l’association des médecins de soins intensifs a demandé lundi un retour immédiat à des restrictions sévères « pour simplement empêcher une forte troisième vague ».

Le parti d’Angela Merkel a appelé lundi à une « amélioration » de la gestion de la pandémie par les autorités.

Pour AstraZeneca, ces déconvenues s’ajoutent à une nouvelle baisse de ses livraisons à l’Union européenne d’ici juin, que le laboratoire a été contraint d’annoncer en invoquant des problèmes d’exportations.

Le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton a jugé l’annonce d’AstraZeneca « inacceptable (…), ou en tout cas incompréhensible ». 

La Russie a de son côté annoncé avoir trouvé des accords de production pour son vaccin Spoutnik V « avec des sociétés d’Italie, d’Espagne, de France et d’Allemagne », dans l’attente de son homologation dans l’UE.

Le 9 mars, un premier accord de production avait été annoncé en Italie.

L’Allemagne a, elle, salué la conclusion d’un accord entre le groupe américain Johnson & Johnson et le laboratoire IDT Biologika pour produire des doses de vaccins en Allemagne, alors que l’UE est confrontée à des retards de livraison.

La pandémie a fait au moins 2,65 millions de morts dans le monde, selon un bilan établi lundi par l’AFP.

Plus de 373 millions de doses de vaccins ont été administrées, mais leur distribution est inégale: les pays à revenu « élevé » ou « intermédiaire de la tranche supérieure » (au sens de la Banque mondiale) concentrent près de neuf doses administrées sur dix.