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Arbitrage exécutoire: les syndicats des débardeurs prêts à se mobiliser contre Ottawa

La Presse Canadienne|Mis à jour le 29 août 2024

Arbitrage exécutoire: les syndicats des débardeurs prêts à se mobiliser contre Ottawa

Des conteneurs d'expédition sont montrés au port de Montréal, le dimanche 25 avril 2021. (Photo: La Presse Canadienne)

Les trois grands syndicats des débardeurs des principaux ports au pays promettent de se mobiliser si Ottawa refuse de s’engager à éviter le recours à l’arbitrage exécutoire dans le cas d’un futur conflit de travail dans le secteur du débardage. 

Des dirigeants syndicaux représentant notamment les débardeurs des ports de Montréal, de Vancouver et d’Halifax étaient réunis jeudi matin en conférence de presse dans la métropole québécoise.

Ils ont dénoncé la décision du gouvernement Trudeau d’avoir invoqué l’article 107 du Code du travail pour mettre un terme au lock-out décrété par la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) et le Canadien Pacifique Kansas City (CPKC), la semaine dernière. 

Le premier ministre Justin Trudeau a évoqué des considérations économiques et des préoccupations en matière de sécurité publique pour justifier cette décision. 

Craignant que ce cas crée un dangereux précédent pour leur industrie, les syndicats des débardeurs ont décidé d’interpeller le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon.

Ils ont envoyé une lettre à l’élu libéral dans laquelle ils lui demandent s’il a «l’intention d’invoquer l’article 107, afin de suspendre unilatéralement les droits constitutionnels des travailleurs et ordonner l’arbitrage exécutoire advenant une grève ou un lock-out dans le secteur du débardage». 

«Advenant une réponse positive ou une non-réponse de la part du ministre du Travail, les syndicats des débardeurs du Canada vont certainement, dans un premier temps, se mobiliser. On ne restera pas inactif», a affirmé aux médias le conseiller syndical au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Michel Murray. 

Il n’a pas voulu préciser quelle forme pourrait prendre une mobilisation des syndicats. «On va attendre la réponse du ministre, après on va s’organiser si la réponse est positive ou s’il n’y a pas de réponse. Mais il est sûr et certain que les débardeurs de tout le Canada ne laisseront pas mettre au « shredder » le droit au rapport de force qui nous appartient», a fait valoir Michael Murray. 

Il a indiqué que dans un deuxième temps les organisations syndicales feront aussi pression sur le Nouveau Parti démocratique (NPD) pour que ce dernier abandonne son entente de soutien et de confiance avec le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau. 

Un rapport de force ébranlé

Selon Michael Murray, le gouvernement a «d’un coup de crayon» complètement réduit et modifié le rapport de force des travailleurs sous juridiction fédérale aux tables de négociation. 

«Le rapport de force ne veut plus rien dire», a-t-il dit, soutenant que les droits de grève et d’exercer des pressions économiques ont été atteints. La partie deviendra maintenant facile pour les employeurs, croit le conseiller syndical. 

«Il n’y a plus un employeur au Canada où ça va être difficile de négocier. (…) Ils ne vont avoir aucune espèce d’intérêt à négocier avec nous. Ils savent que le gouvernement va faire la sale job pour eux», a affirmé Michael Murray.

Le représentant syndical n’a pas mâché ses mots à l’endroit du gouvernement Trudeau, l’accusant notamment de trahison à l’égard des travailleurs. «Même Stephen Harper n’avait jamais osé aller aussi loin», a-t-il évoqué. 

Rappelons que le Syndicat des débardeurs du port de Montréal est actuellement en négociation avec l’Association des employeurs maritimes pour le renouvellement de la convention collective. Celle-ci est échue depuis le 31 décembre 2023. 

Il y a trois ans, les 1150 débardeurs de Montréal avaient déclenché la grève, provoquant la fermeture du port, l’un des plus achalandés au Canada. Ils ont été forcés de retourner au travail avec l’adoption d’une loi spéciale par la Chambre des communes, quelques jours après le début du débrayage. 

Le gouvernement plaidait alors que la grève causait trop de torts à l’économie canadienne. Le dossier avait été transféré à un arbitre qui a déterminé, dans un jugement rendu en décembre 2022, une partie du contenu de la convention collective.