Après une vague haussière, le titre de Netflix se met sur pause
Jean Gagnon|Mis à jour le 13 juin 2024(Photo: Adobe Stock)
La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.
(Illustration: Camille Charbonneau)
Comme pour bien d’autres qui ont profité de la solide hausse boursière depuis l’automne 2022, le titre de Netflix (NFLX, 565,28$US) hésite et laisse craindre qu’une correction se soit amorcée.
«Il ne faut pas s’étonner qu’après un tel rallye, le titre prenne une pause», relativise Cimon Plante, gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale.
Toutefois, rien n’indique pour l’instant que nous soyons à l’aube d’un changement de tendance, explique pour sa part Monica Rizk, analyste technique senior pour les publications Phases & Cycles.
L’écart qui s’était creusé entre la moyenne mobile de 50 jours (ligne noire) et celle de 200 jours (ligne grise) indiquait un état de surachat si prononcé qu’il devait mener tôt ou tard à une correction. Le cours de l’action pourrait maintenant se rapprocher de sa moyenne de 200 jours et de sa ligne de tendance (ligne pointillée). Il faudra qu’il enfonce ses deux moyennes mobiles pour que l’on s’inquiète d’un renversement de tendance, estime l’analyste.
Rappelons qu’au sortir de la pandémie au quatrième trimestre 2021, le titre du fournisseur de films et de séries en ligne et en diffusion continue avait touché 700 $US. Ensuite, devant faire face à une concurrence tous azimuts, le titre est retombé à 200 $US en moins de six mois. Puis, à l’automne 2022, la tendance s’est inversée et le titre surfait depuis ce – Cimon Plante, gestionnaire de portefeuille, Financière Banque Nationale jour sur une solide vague haussière qui semble toutefois avoir été freinée à la suite de la divulgation récente de ses résultats financiers au premier trimestre.
Les investisseurs réalisent que l’argent facile avec ce titre a été fait, croit Cimon Plante. Le temps semble propice pour plusieurs à une prise de profits. La croissance de Netflix au cours des dernières années fait en sorte que l’entreprise compte à présent 270 millions d’abonnés. «Il serait téméraire d’espérer que la croissance puisse se poursuivre au même rythme», dit le gestionnaire.
Toutefois, sans être bon marché, l’évaluation du titre à 30 fois les bénéfices prévus pour les prochains 12 mois n’est pas excessive, estime-t-il. «Malgré une croissance qui pourrait s’avérer moins forte, Netflix demeure très viable», dit-il. Elle est en fait la seule entreprise rentable actuellement parmi les principaux fournisseurs de programmation exclusive et de vidéos en continu.
La direction se fera discrète
À la suite de la présentation des résultats du premier trimestre, les investisseurs ont plutôt mal réagi à l’annonce par la direction qu’elle ne divulguerait plus le nombre de ses abonnés à compter du premier trimestre 2025. Lors des deux séances de négociations qui ont suivi, le cours de l’action est passé de 610 $US à 550 $US.
L’idée de la direction n’est pourtant pas mauvaise, croit Cimon Plante. Elle va ainsi rediriger l’attention des investisseurs vers la croissance des revenus plutôt que vers le nombre d’abonnés. Elle compte sur une hausse du prix des abonnements ainsi que sur la popularité des abonnements à plus bas prix, mais qui comportent de la publicité. N’empêche que la correction enclenchée par ces propos de la direction pourrait durer quelque temps, croit le gestionnaire. Il préfèrera pour sa part regarder aller les choses durant un ou deux trimestres avant de se prononcer davantage, confie-t-il.
Les grands courtiers demeurent optimistes
Les résultats du premier trimestre de Netflix ont été très solides, estime Doug Anmuth, analyste chez JP Morgan. Il note entre autres que la croissance des revenus à taux de change constant s’est accélérée de 530 points centésimaux par rapport à l’année précédente et que les marges opérationnelles se sont améliorées de 710 points centésimaux pour la même période. Il note également que la société a ajouté 9,3 millions de nouveaux abonnés durant le trimestre, soit le nombre le plus élevé depuis le premier trimestre 2020, alors que la demande explosait à l’arrivée de la pandémie. Doug Anmuth maintient sa recommandation de surpondérer le titre et son cours cible sur un an demeure à 650 $US.
Netflix jouit certes d’une position enviable, note par ailleurs Brian J. Pitz, analyste chez BMO Marchés des capitaux. En plus de son contenu original, elle peut intégrer efficacement du contenu sous licence et ainsi favoriser sa croissance. Il prévoit que l’entreprise réalisera des revenus de 9,51 milliards de dollars américains (G $US) à son deuxième trimestre et de 38,8 G $US pour l’ensemble de l’année 2024, ce qui est légèrement à la hausse, comparativement à ses prévisions précédentes. Sa cote pour le titre est de «surperformance»et son cours cible est de 713 $US.
Le croisement des moyennes mobiles
Un croisement des moyennes mobiles constitue généralement la confirmation d’un changement de tendance. Ce fut le cas pour l’action de Netflix alors que les deux plus récents renversements de tendance (voir petites flèches sur le graphique), soit en janvier et en novembre 2022, ont été confirmés lorsque les deux moyennes se sont croisées. Nous sommes pour l’instant assez loin du moment où ce phénomène pourrait se produire, note Monica Rizk.