« Les conditions sont aujourd’hui favorables à la relance du projet Kami », selon le PDG d’Alderon Iron Ore, Tayfun Eldem.
INDUSTRIE MINIÈRE. Tayfun Eldem entend bien finir ce qu’il a commencé. «Les conditions sont aujourd’hui favorables à la relance du projet Kami», dit le président et chef de la direction de Alderon Iron Ore, qui est revenu dans le giron de cette société minière de Vancouver après y avoir occupé le même poste entre 2011 et 2015.
À l’époque, Alderon avait réalisé différentes études d’estimation des ressources minérales, de faisabilité et environnementales qui lui permettaient d’aller de l’avant avec ce projet de mine de fer évalué à 1 milliard de dollars. L’effondrement des prix du fer à partir de 2014, qui allait chuter sous la barre «psychologique» des 40 $ la tonne, avait alors freiné son élan. Puis, le redressement des prix, ces dernières années, a poussé Alderon et M. Eldem, devenu entre-temps gestionnaire au sein de la firme d’ingénierie Hatch, à Montréal, à reprendre du service. «La vigueur continue du cours du minerai de fer et, surtout, le prix supérieur associé à un minerai à teneur plus élevée nous a convaincus de la viabilité du projet», indique M. Eldem, qui travaille au bureau d’Alderon, à Montréal, rouvert l’an dernier. Il a aussi travaillé pendant plus de 20 ans pour Rio Tinto Iron Ore, au sein duquel il a supervisé les opérations de la mine.
Un projet stratégique
Le projet Kami est situé au coeur de la fosse du Labrador, un territoire reconnu pour posséder les meilleurs gisements de fer du Canada, à proximité des villes minières de Wabush, de Labrador City et de Fermont.
La propriété Kami, entourée par trois autres mines de minerai de fer en exploitation, comprend 305 concessions minières sur une superficie de 7 625 hectares. Elle recèlerait un concentré de minerai de fer à forte teneur (65,2 % Fe) contenant un très faible taux d’impuretés. Or, le minerai de fer à teneur élevée du type qu’Alderon prévoit tirer du projet Kami a frôlé les 100 $ US/tonne en 2018. Le minerai de fer à 62 % Fe, la marchandise de référence, se négociait pour sa part à environ 65 $ US/tonne. Alderon estime que cette prime se maintiendra vraisemblablement dans la fourchette des 20 % à 30 % au cours des prochaines années.
Cet optimisme prend sa source en Chine, où la demande pour un minerai de fer de qualité supérieure est en croissance. «Kami produira un concentré de fer supérieur qui convient parfaitement aux alliages ainsi qu’aux exigences relatives à la qualité de l’air de la Chine, qui souhaite réduire la pollution», explique M. Eldem.
Alderon peut d’ailleurs compter sur un partenaire stratégique chinois, HBIS Group (anciennement Hebei Iron & Steel Group), deuxième plus important producteur d’acier en Chine, qui a versé près de 120 millions de dollars en 2013 en échange d’une participation de 25 % dans le projet Kami.
L’entreprise a déjà conclu des ententes à long terme pour la vente de la totalité de ses concentrés, dont 60 % chez HBIS, en Chine, et 40 % auprès du géant minier Glencore. Les produits tirés du projet Kami seront expédiés par le nouveau quai multiusager en eau profonde près du Port de Sept-Îles.
La création de la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire, une société en commandite mise sur pied par le gouvernement du Québec pour acheter les actifs de Cliffs, parmi lesquels les opérations ferroviaires, est d’ailleurs un autre atout. «Cliffs était très obstructionniste. On n’arrivait pas à s’entendre pour pouvoir utiliser ses installations», précise Tayfun Eldem.
Entre-temps, Alderon poursuit ses démarches pour obtenir le financement dont elle a besoin et mener le projet Kami vers la phase de production.