Pour les vaccins, le principal défi est de les transporter à travers le monde entier sans rompre la chaîne du froid. (Photo: JP Valery pour Unsplash)
Mobilisation des gros porteurs et de conteneurs pharmaceutiques, étude des plans de vols, anticipation des flux : dans les hangars de la zone de fret de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, Air France-KLM est sur le pied de guerre pour préparer l’acheminement des vaccins contre le Covid-19.
Comme au printemps où la compagnie a réalisé 135 vols exclusivement dédiés aux masques entre l’Asie et la France pendant quatre mois, soit 56 000 tonnes, la compagnie se mobilise face à ce « défi logistique ».
Cette fois-ci, le groupe travaille sur « différents scénarios » en attendant de savoir quand le vaccin sera prêt, d’où il viendra, où il faudra l’acheminer et en quelles quantités.
Deux groupes de travail se penchent sur le sujet, notamment sur la sécurisation des flux en coordination avec la gendarmerie et les douanes.
Mais, en attendant les vaccins, les marchandises classiques remplissent les soutes. Beaujolais nouveau, denrées périssables de Noël ou fruits exotiques : dans l’immense zone de fret, le ballet des palettes, des camions de livraison et des avions se poursuit comme à l’accoutumée du mois de novembre.
Sur le tarmac, un Boeing 777 cargo en partance pour Chicago, est prêt à être chargé de toutes sortes de marchandises, dont deux conteneurs pharmaceutiques d’insuline. En une heure, l’immense soute est remplie avant que l’avion ne se dirige rapidement vers la piste de décollage.
Autour, des dizaines de hangars s’étendent sur les douze hectares. Certains d’entre eux abritent des chambres froides à température strictement contrôlée pour les produits pharmaceutiques.
Pour les vaccins, le principal défi est de les transporter à travers le monde entier sans rompre la chaîne du froid. Grâce notamment à des conteneurs spéciaux, branchés à des prises électriques dans les hangars et qui sont ensuite acheminés dans les soutes.
Ce sont dans ce type de conteneurs que seront acheminés les futurs vaccins contre la Covid-19.
Généralement, les vaccins sont transportés à des températures positives, « mais on peut descendre à -20 °C voire -80 °C », comme pour celui développé par Moderna et par Pfizer/BioNTech, grâce à des super-congélateurs, souligne Florent Gand, le responsable des produits pharmaceutiques à Air France.
Une température qu’il faut conserver tout au long du trajet : « Pour cela, on utilise des conteneurs qui ont une autonomie d’environ 100 heures, équipés de traceurs, permettant de suivre à distance la température ».
Grâce aux traceurs, ces conteneurs sont suivis en temps réel dans le centre de contrôle cargo par un coordinateur fret, qui suit les courbes de température sur ordinateur.
À bord de l’avion, ce n’est pas la soute qui est réfrigérée, mais le contenant dans lequel se trouvent les doses de vaccins. Soit le laboratoire a développé son propre colis, refroidi à la glace carbonique. Soit il s’agit d’un conteneur fourni par la compagnie.
Un million de doses par vol
Au pied du cargo en partance pour Chicago, Grégoire Soulié, responsable du centre fret, assure que « quand la majorité du flux de vaccins arrivera, Air France sera capable de le déployer sur tout le réseau et si nécessaire de dédier exclusivement cet avion tout cargo aux vaccins ».
Un avion de ce type peut transporter plus de un million de doses par vol et un avion de passagers long-courrier peut en transporter dans ses soutes plus de 400 000.
En tout, Air France-KLM dispose d’une flotte de plus de 150 gros porteurs offrant d’importantes capacités de fret dans leur soute et de six avions cargo.
« La priorité, c’est d’être mobilisé sur le transport du vaccin et nous serons capables de desservir tout notre réseau », assure M. Soulié, évoquant un « véritable défi logistique » en raison du volume de doses à transporter en peu de temps.
Depuis 30 ans, le groupe franco-néerlandais transporte ce type de marchandises, dite délicates. Contre la rage, encore récemment vers le Brésil, ou plus généralement contre la grippe. Il y a quinze jours, un vaccin contre la Covid-19 en phase 3 des essais cliniques a été transporté entre la Chine et le Chili, avec un transit à Roissy.
Selon Air France, il y aura environ 15 milliards de doses à acheminer dans des temps contraints, via les 8000 avions tout cargo de l’ensemble des compagnies.