Agilité : Mission possible chez les organisations dites tradition
Événements Les Affaires|Publié le 21 mars 2019Ceux qui croient que la méthode agile n’est réservée qu’aux start-up et autres petites et moyennes entreprises se trompent. Du moins, c’est ce que soutient Guillaume Girard, vice-président ingénierie logicielle et stratégiste Agile et DevOps chez Croesus. M. Girard sera un des panellistes invités de la conférence Gestion agile, présentée par les Événements Les Affaires, le 8 mai prochain, à Montréal.
Vous soutenez que les organisations dites traditionnelles peuvent être agiles, pourquoi ?
Guillaume Girard : Est-ce que vous considérez comme traditionnel le secteur financier, telles les assurances et les institutions bancaires ? Si oui, la gestion agile fait déjà partie des processus intégrés chez quelques-unes de ces grandes sociétés. J’en ai été témoin au moins à trois reprises au cours des dix dernières années. D’ailleurs, même Hydro-Québec, une société dont plusieurs employés sont syndiqués, passe déjà en mode agile à certains niveaux. Certes, ces transformations agiles se sont produites d’abord dans les départements de technologie de l’information (TI). Mais de plus en plus, on voit plusieurs autres départements des entreprises adhérer à ce type de gestion. Mais il y a des conditions.
Quelles sont ces conditions ?
G.G. : En fait, il y en a une très importante. L’adhésion doit d’abord venir de la haute direction. Depuis dix ans, j’observe les mêmes réalités d’une entreprise à l’autre peu importe les secteurs. Dans toutes les organisations, il y a trois types de personnes : celles qu’on appelle les « early adopters », celles qui vont avec le temps adhérer au modèle, et celles, soit un peu plus de 10 % du personnel, qui refuseront d’embarquer. Pour que ça fonctionne, il est donc essentiel que le signal vienne des dirigeants.
N’est-ce pas un peu difficile de convaincre les hauts dirigeants ?
G.G. : La gestion agile ne vient pas avec un manuel d’instruction. Par conséquent, les dirigeants qui veulent adopter ce style de gestion ont besoin d’être convaincus que ce virage est nécessaire pour leur organisation. Sans donc savoir trop dans quoi ils s’embarquent, ils savent que pour réussir, il leur faut les meilleurs experts en agilité.
Et comment ces dirigeants se laissent-ils convaincre?
G.G : Bien que ce modèle de gestion soit assez récent, les données positives à son égard s’accumulent. Il a été démontré par des études de McKenzie que les équipes agiles sont 27 % plus efficaces que celles qui ne le sont pas. La méthode agile représente un avantage non seulement compétitif, mais aussi économique pour les entreprises qui deviennent plus proactives lorsque survient les « crunch time ».
Qu’entendez-vous par « crunch time » ?
G.G. : Ces « crunch time » sont les moments au cours d’une année où l’entreprise passe en mode urgence. Ce sont les moments où l’entreprise doit se concentrer sur les activités qui lui rapportent le plus de valeur. Si la direction ne soutient pas déjà ses équipes qui sont en train d’adopter le mode agile, le réflexe de l’organisation, peu importe qu’elle soit de type traditionnel ou non, sera de revenir à ses vieilles habitudes.