Le véritable enjeu semble être de jauger quand la descente va débuter et quand elle va se terminer. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. On attend avec impatience que le taux directeur commence à baisser, mais il faudra persévérer plus longtemps que prévu. Les experts consultés par la Banque du Canada prédisent que le taux ne baissera qu’en mars 2024. La Banque s’attend à ce que les taux d’intérêt ne reviennent pas à leurs niveaux d’avant pandémie une fois l’inflation maîtrisée, mais ils s’y rapprocheront.
Même si la Banque du Canada, ainsi que plusieurs économistes, n’exclut pas des hausses dans les prochains mois, les experts sondés ne pensent pas que cela va arriver. Et si on examinait ce qui va possiblement se passer lors des 24 prochains mois?
Prévisions
Le 24 juillet 2023, la Banque du Canada a publié un deuxième sondage auprès d’économistes et d’autres experts du marché financier.
La Banque prévoit que l’inflation devrait tourner autour de 3% pour l’année à venir. Elle s’attend à ce que l’inflation revienne à son objectif de 2% vers le milieu de 2025.
Les experts sondés prévoient une diminution du taux directeur à environ 3,5% à la fin de 2024. Il plongerait vers 2,5% par la suite, après que l’inflation ait atteint 2%.
Peut-on se fier aux économistes?
Plusieurs gérants d’estrade ne se gênent pas de les critiquer quand les prévisions économiques sont erronées. Après coup, il est tellement facile d’expliquer et de commenter ce qui s’est passé.
La prévision économique est un exercice périlleux. Le futur est plus facile à prédire quand il est le reflet du passé. Mais il y a des imprévus ou des bouleversements qui sont très difficiles à prédire. Il demeure que les économistes sont d’une grande utilité pour nous aider à prendre une décision.
Au lieu de ne se fier qu’à un seul économiste, des sondages tels que ceux publiés par la Banque du Canada ont pour moi plus de valeur. De plus, une prévision sur 24 mois est un meilleur guide pour une prise de décision qu’une prévision de la prochaine décision de la Banque du Canada.
En janvier 2023, la Banque a publié son premier sondage. Les baisses devaient commencer cet automne. La baisse est prévue six mois plus tard, car l’inflation se révèle plus tenace que prévu.
Engouement pour les taux fixes
Sauf pour les plus réfractaires au risque, très peu optent pour un taux fixe avec un terme de cinq ans. Ce sont les termes de trois ans ou moins qui sont les plus populaires.
Peu optent pour un taux variable actuellement. Je m’attends à ce que les taux variables deviennent plus prisés l’an prochain.
Historiquement, un taux variable a été plus souvent un meilleur choix qu’un taux fixe. Mais récemment cela a été loin d’être le cas. Que nous réserve les prochaines années?
Y a-t-il un pilote dans l’avion?
Mon interprétation du sondage est que ces «pilotes» s’attendent à ce que leur «avion» atterrisse éventuellement à une altitude de 2,5. La majorité pense que nous arriverons en bon port au troisième trimestre de 2025, alors qu’une minorité semble s’attendre que ce sera plus tôt ou plus tard.
Le véritable enjeu semble être de jauger quand la descente va débuter et quand elle va se terminer. Doit-on critiquer le plan de vol si la météo change?
La hausse des taux fait baisser la majorité des facteurs qui composent l’indice des prix à la consommation (IPC), mais a bien sûr fait augmenter le coût de l’intérêt hypothécaire. C’est le principal facteur à l’origine de la hausse de l’IPC dans les 12 derniers mois.
C’est un phénomène connu par les experts et la Banque du Canada. Quand le taux directeur va commencer à baisser, la variation de l’indice du coût de l’intérêt hypothécaire va diminuer et contribuer à modérer l’IPC.
Maintenir le taux directeur à un niveau élevé trop longtemps asphyxierait l’économie. Je croise les doigts pour que le début de la descente ne soit pas reporté, dû à un excès de prudence de la Banque du Canada.
Nous nous dirigeons vers une baisse du taux directeur et une hausse des prix des immeubles. Mais ce ne sera pas en 2023.
Je vous invite à consulter mes articles précédents.