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À l’aube d’une nouvelle ère entrepreneuriale

Le courrier des lecteurs|Publié le 19 septembre 2022

À l’aube d’une nouvelle ère entrepreneuriale

Collectivement, nous avons besoin de cette transformation positive de l’économie, selon Ryan Hillier, chef de la direction et cofondateur, Novalex. (Photo: courtoisie)

Un texte de Ryan Hillier, chef de la direction et cofondateur, Novalex. Il détient une maîtrise en gestion et entrepreneuriat social de la London School of Economics.

COURRIER DES LECTEURS. Depuis maintenant quelque temps, nous remettons, à chaque nouvel.le employé.e de Novalex le livre Let my people go surfing d’Yvon Chouinard. Pour le temps des fêtes l’an dernier, nous en avons également offert en cadeaux à nos clients. 

Le bouquin retrace l’histoire du fondateur de Patagonia, mais aussi les principes et les valeurs qui l’ont guidé dans la création d’une entreprise éthique et respectueuse de l’environnement. Vous pouvez donc imaginer le nombre de textos et de courriels que j’ai reçus mercredi, suivant l’annonce que Chouinard, avec l’accord de sa femme et ses deux enfants, faisait don de son entreprise, valorisée à trois milliards de dollars!  

Cet homme, aujourd’hui âgé de 83 ans, a été l’un des modèles les plus inspirants dans ma propre quête entrepreneuriale. Il faut dire que l’entrepreneuriat à but lucratif, mais également à impact social (for-profit social entrepreneurship), est un concept relativement nouveau. C’est ce qui fait d’Yvon Chouinard une lueur d’espoir du monde corporatif. Avant-gardiste assumé, il a été un entrepreneur en avance sur son temps, voire même un révolutionnaire, du moins en ce qui a trait à la façon dont nous pouvons (et devons) faire des affaires. 

Le plus récent geste du fondateur est la consécration d’une carrière vouée à concilier profits et impact social à travers des méthodes innovantes. «La Terre est maintenant notre seul actionnaire», écrivait Chouinard dans un communiqué annonçant qu’il transférait 100% de ses parts dans Patagonia à un trust dont les profits seront remis à une association de lutte contre la crise environnementale. 

Par son geste, Chouinard appelle toutes les entreprises à repenser leurs actions. L’époque où les dirigeants restent cloitrés dans de vieilles façons de penser et de faire est révolue. La transition vers une ère nouvelle semble enfin être à nos portes. 

La pandémie de la COVID-19 nous a rappelé que les entreprises à but lucratif ont un rôle important à jouer dans la résolution des enjeux sociaux et environnementaux les plus complexes. Le but d’une socitété ne peut se limiter à l’atteinte de rendements toujours plus élevés pour ses actionnaires. 

À travers l’ascension entrepreneuriale improbable de Yvon Chouinard, on doit surtout retenir que la responsabilité sociale des entreprises (RSE) ne doit plus être perçue comme un centre de coûts. Elle est plutôt génératrice de revenus, d’évolutivité et de créativité. Certes, à bien moindre échelle que les succès connus par Patagonia, Novalex en est une preuve! Placer l’impact social au cœur de notre modèle d’affaires nous a permis de devenir le cabinet d’avocats en plus forte croissance au pays, avec une augmentation de notre chiffre d’affaires de 618% au cours des trois dernières années, tout en offrant quelque 25 000 heures de services juridiques pro bono en six ans. 

Nous ne sommes pas les seuls à voir des bénéfices clairs d’une approche authentique à la RSE. Dans un billet publié plus tôt cette année dans la populaire Fortune Magazine, trois leaders de la réputée firme de consultation BCG rapportaient que, selon plusieurs récentes études, « les compagnies les plus performantes sur les sujets entourant la responsabilité sociale des entreprises sont récompensées par des multiples de valorisation de 3 % à 19 % supérieurs à celles qui ont une performance médiane. » 

Or, quand une entreprise fait un choix hors normes en phase de démarrage, elle doit faire face au scepticisme des prêteurs. Il y a lieu de se demander comment nous pouvons encourager davantage celles et ceux qui font le choix d’un modèle d’affaires à fort impact social, les prochains Yvon Chouinard de chez nous. Quelles mesures fiscales avantageuses les gouvernements peuvent-ils mettre en place? Quels rôles peuvent jouer les banques et les investisseurs privés? Comment les universités peuvent-elles adapter la formation offerte à la prochaine génération de dirigeants d’affaires pour qu’ils soient mieux conscientisés par rapport à l’importance et aux bénéfices de railler profits et responsabilité sociale? 

Collectivement, nous avons besoin de cette transformation positive de l’économie. Comme le dit si bien Yvon Chouinard, «si notre but est une planète où la vie prospère, chacun d’entre nous devra prendre ses responsabilités.»

À nous maintenant, fondateurs, dirigeants et gens d’affaires, de faire de nos entreprises des leviers de profitabilité pour le bien commun.