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Nicolas Duvernois

Chronique d'un entrepreneur

Nicolas Duvernois

Expert(e) invité(e)

67 jours plus tard, ce que la pandémie m’a appris

Nicolas Duvernois|Publié le 19 mai 2020

67 jours plus tard, ce que la pandémie m’a appris

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. C’est le 13 mars 2020 que le Premier Ministre du Québec, François Legault, a déclaré l’état d’urgence sanitaire. Le temps d’un point de presse, notre vie à tous changeait drastiquement.

Inquiétude, incompréhensions, peurs, stress se sont rapidement répandus à travers la population. Jamais personne au Québec n’avait vécu une telle expérience. Au fil des jours, voire même des heures, des mesures de plus en plus restrictives étaient annoncées par nos dirigeants. 

Finalement, quelques jours plus tard, le confinement obligatoire était annoncé. Fermeture des frontières, interdiction de se déplacer sans raison valable, distanciation sociale et même fermeture de régions. Le Québec était officiellement en état de guerre. 

67 jours plus tard, chacun a vécu et continue de vivre les conséquences de cette pandémie à sa manière. Certains trouvent la gestion de crise exagérée, d’autres fermeraient la province au grand complet pour encore plusieurs mois. 

Pour ma part, en toute transparence, j’ai vécu aux cours de ses deux derniers mois un véritable voyage d’émotions et de sentiments de toutes sortes. Stress, joie, culpabilité, peur, surprise, confiance et j’en passe.

Parmi ceux-ci, certains s’installent tout doucement en moi et ancrent ainsi les cicatrices permanentes de cette expérience humaine.

 

Confiance

Dès les premiers jours, j’ai toujours gardé un haut niveau de confiance envers la gestion de crise, les décisions difficiles que prenaient nos dirigeants et envers le Québec «après COVID-19». Cette confiance n’était pas aveugle, mais elle m’était en quelque sorte évidente. C’est dans les moments les plus sombres de l’histoire que l’on voit naître les véritables leaders. Ceux et celles pour qui le chaos n’est aucunement intimidant, au contraire.

Jour après jour, nous avons vu des leaders émerger aux quatre coins du Québec. Politiciens, personnel de la santé, entrepreneurs et des milliers d’autres ont refusé de baisser les bras face à ce défi titanesque. C’est grâce à cette résilience, malgré les incertitudes de toutes sortes, que ma confiance n’a jamais été ébranlée.

 

Tristesse 

On va se le dire, il y a mille et une raisons de ressentir de la tristesse dans cette crise sanitaire. Personnellement, deux points en particuliers m’ont plusieurs fois fait ressentir une grande tristesse.

La première est de voir le quotidien de mes petites filles, ainsi que de millions de jeunes enfants, bouleversé drastiquement du jour au lendemain. Fermeture des CPE, des parcs, interdiction de voir les grands-parents, les amis… Bref, j’ai plusieurs fois ressenti de la tristesse pour mes enfants.

Deuxièmement, plus les jours avançaient, plus nous avons collectivement réalisé l’ampleur de l’hécatombe de cette pandémie envers nos aînés. Véritable histoire d’horreur. Je ressens des frissons ne serait-ce qu’en écrivant ces mots. Abandon, sous-financement chronique, lacunes multiples, nous ne pouvons pas accepter que nos parents et grands-parents qui résident dans les CHSLD puissent finir leurs jours ainsi.

Une chose est certaine, vous pouvez compter sur moi pour faire le suivi et m’assurer qu’une révision du système au grand complet soit effectuée, puis que des actions concrètes drastiques soient très rapidement mises en place.

 

Culpabilité

Je dois dire que travailler dans un bureau à la maison et entendre, derrière la porte, mes filles demander à ma femme quand papa pourra venir jouer avec elles m’a déchiré le cœur. Ce sentiment de culpabilité, je le ressentais avant la crise de par mes multiples déplacements hors de la province et là, ironiquement, je le ressentais presque plus à quelques mètres d’elles.

Bien que je fasse tout pour avoir un maximum de temps de qualité avec elles, j’ai beaucoup de difficulté à vivre avec cette nouvelle réalité de télétravail en présence de mes enfants. J’essaie de me convaincre en me disant qu’elles vont être fières du travail que je fais, qu’elles vont ultimement comprendre pourquoi je travaille autant, mais je me mens à moi-même.

 

Finalement, je crois que la plus grande leçon que j’ai apprise au cours de ses 67 derniers jours est d’arrêter de regarder vers le futur avec le couteau entre les dents, mais plutôt de regarder le futur en n’oubliant pas qu’il y a aussi une vie au présent à vivre.