Trouver l'équilibre, à la dure

Publié le 07/06/2011 à 14:15, mis à jour le 28/07/2011 à 14:00

Trouver l'équilibre, à la dure

Publié le 07/06/2011 à 14:15, mis à jour le 28/07/2011 à 14:00

Par Claudine Hébert

Monteriez-vous dans un octogone, à 40 ans, pour participer à un combat d’arts martiaux mixtes ? Pour Hugues Raymond, n’importe quand.

La popularité des combats d’arts martiaux mixtes déborde largement le marché de jeunes émules de Georges Saint-Pierre. Il suffit d’aller frapper aux portes des différents dojos et autres lieux d’entraînement d’arts martiaux mixtes pour constater que ces techniques de combat attirent également une clientèle plus âgée. Une clientèle qui a de 30 à 50 ans, qui veut garder la forme et apprendre à mieux se défendre, au cas où...

Parmi eux, quelques marginaux vont jusqu’à livrer bataille à des adversaires en chair et en os. En classe et sur la scène amateur. « Les techniques d’autodéfense, c’est plus excitant quand on peut les mettre en pratique », affirme Hugues Raymond, 41 ans, un de ces amateurs intrépides du combat libre qui n’a pas hésité à grimper dans l’octogone.

Depuis dix ans, le président-fondateur de la Financière Chelsea, en Outaouais, fréquente trois fois par semaine, à raison de sessions de 90 minutes, le club de Fang Shen Do de Gatineau. Cette discipline, inspirée du kung-fu pratiqué par Bruce Lee, allie kick-boxing chinois, lutte au sol et techniques de judo. Un entraînement auquel il intègre chaque matin 30 minutes d’exercices de flexibilité et de contractions musculaires isométriques. « Ce sport est pour moi une fontaine de jouvence », dit le combattant de 1,92 m, qui pèse 90 kg. Il affirme même être beaucoup plus svelte et énergique qu’à 30 ans.

Cela ne fait pas d’Hugues Raymond quelqu’un qui cherche la bagarre pour autant. Bien sûr, il y a eu quelques altercations, à l’époque où il était portier de bar à Hull, pendant les années 1990. Mais sinon, ce bachelier en sciences politiques et en droit de l’Université d’Ottawa ne s’était jamais battu de sa vie avant de mettre les pieds au club.

Et bien qu’il aime se défouler au dojo, l’expert hypothécaire n’a jamais assisté à un combat d’arts martiaux professionnels, ni regardé à la télé deux combattants à l’œuvre dans la cage.

À quoi ressemble une séance d’entraînement ? Des centaines de push-ups et de sit-ups, de la corde à sauter, des sprints de 100 mètres, des levées de poids, des exercices d’équilibre, des simulations de combats avec ou sans adversaire, et des centaines et des centaines de répétions de coups de pieds, de coups de coudes, de coups de genoux et de coups de poings dans un ballon de boxe jusqu’à ce que le corps frôle l’épuisement. La question qui tue : pourquoi ?

D’abord, pour se défendre. « J’ai été victime d’un cas de rage au volant en compagnie de ma famille il y a dix ans. Je n’ai pas su comment réagir et je suis resté figé. J’ai ressenti la peur, une sensation que je me suis promis de ne plus jamais éprouver dans ces circonstances. » Il faut croire que sa conjointe aussi a eu peur, puisqu’à la suite de cet incident, c’est elle qui lui a offert comme cadeau d’anniversaire sa première inscription au club de Fang Shen Do.

Depuis ce temps, bonjour les ecchymoses et les égratignures… des marques qu’il montre fièrement à sa famille, qui compte trois enfants de 10 à 14 ans, au retour de ses entraînements. Comme cette coupure à l’arcade sourcilière gauche et cette déchirure du muscle pectoral, deux blessures reçues lors des speed-sparring, de courts combats maison de deux minutes qui ont lieu au club tous les jeudis soirs. « Des lésions mineures qui font partie du jeu », répond le vétéran, qui ne craint pas d’enfiler gants, casque et protège-tibias pour participer à ces corps à corps entre partenaires d’entraînement.

Fort des « succès » qu’il a connus dans la cage maison, le combattant ceinture brune a demandé à son entraîneur Patrick Marcil de lui organiser un vrai combat de deux rounds, une requête inhabituelle. Hugues Raymond à dû être patient : « Ce n’est pas facile de trouver un adversaire du même poids, et surtout du même âge que moi dans la discipline », explique le planificateur financier. Il aura fallu un an avant qu’il trouve son adversaire.

Le jour J est finalement arrivé, un samedi soir de février 2010. Devant plus de 400 spectateurs exaltés, rassemblés dans le centre communautaire de Casselman, un petit village franco-ontarien à l’est d’Ottawa, Hugues Raymond s’est retrouvé face à face avec un colosse de 10 ans de moins que lui... et qui pesait 15 kg de plus. Un gars solide, qui encaissait les coups pas mal plus facilement qu’il ne l’aurait cru, raconte l’adepte de Fang Shen Do. Il était tout de même en train de remporter le combat lorsqu’il a subi une déchirure du ligament du genou droit, juste avant la fin du dernier round.

Il y a des activités sportives plus intenses que d’autres. Celle-ci se trouve au haut de l’échelle.

C’est à se demander si sa conjointe, Julie Cousineau, ne regrette pas de lui avoir payé son premier cours… « Parfois, il semble oublier qu’il n’a plus 20 ans », dit-elle. Mais elle ne s’en veut pas de l’avoir lancé dans la cage. Grâce aux arts martiaux mixtes, Hugues Raymond a trouvé le véritable équilibre. Et cela a même changé sa vie. « Sans le Fang Shen Do, il n’aurait pas eu l’audace de quitter son poste de conseiller en négociations aux Affaires indiennes du gouvernement fédéral pour créer sa propre entreprise financière, en 2005 », croit Julie Cousineau. Ce qui vaut bien quelques bosses.

 

(Pour visualiser l'entrevue vidéo, cliquez ici.)

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