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Productivité: il faut se sortir la tête du sable!

Pierre Graff|Mis à jour le 02 octobre 2024

Productivité: il faut se sortir la tête du sable!

La compétitivité de l'économie ne cesse de diminuer au Québec et au Canada. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Alors que tous les indicateurs clignotent au rouge vif, il est essentiel de s’interroger sur les raisons du déclin relatif de la productivité au Canada et au Québec, et de se pencher sur les solutions concrètes pour relancer la compétitivité de notre économie.

À l’automne 2023, un rapport de l’Institut du Québec, en collaboration avec Manufacturiers et exportateurs du Québec, démontrait que nos industries accusent un retard immense en termes de production horaire par tête. Surtout par rapport aux meneurs internationaux comme le Danemark. Par exemple, lorsque ce pays nordique produit 2,28 unités par heure, le Québec n’en produit qu’une seule. C’est majeur !

Et cela ne s’arrête pas là puisque selon les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), le Canada figure à la 17e place en termes d’investissement en innovation de la productivité. Et qui dit manque d’investissements en innovation dit croissance plus faible de l’économie.

Pire encore, l’OCDE affirme même que la croissance du PIB par habitant au Canada sera la pire parmi les 38 États membres au cours des décennies à venir.

Le temps des mesures anti-économiques doit prendre fin

Le contexte économique difficile force les différents paliers de gouvernement à trouver de nouvelles voies pour remplir les coffres et éponger les déficits. Et souvent, cela n’est pas le contrôle des dépenses.

Or, ajouter au fardeau fiscal, dans un pays parmi les plus taxés au monde, crée un cercle vicieux. Cela réduit de manière importante les sommes qui pourraient être utilisées pour relancer l’économie. Et on ne parle même pas ici de l’impact que cela a sur les vocations entrepreneuriales et les incitatifs à se lancer en affaires.

Pour rappel, un dollar en impôt ou en taxe est un dollar qui n’est pas dépensé en consommation, thésaurisé ou investi. Et lorsque votre économie ne tourne pas fort, le dollar marginal prend toute son importance. Dans ces conditions, par exemple, décider d’augmenter le taux d’inclusion du gain en capital est assez problématique.

C’est ce que l’on peut qualifier de mesures anti-économiques. J’en parlais d’ailleurs plus tôt cette année en faisant notamment un lien avec la Courbe de Laffer, un principe qui tend à démontrer qu’au-delà d’un certain seuil, l’accroissement des taux d’imposition se traduit par un amoidrissement des recettes fiscales.

Une étude publiée en août 2024 par l’Institut économique de Montréal (IEDM) précisait que la mesure ferait d’ailleurs « plus de mal, (avec) moins de bénéfices ».

Parier sur le développement des compétences, l’innovation et les vocations entrepreneuriales

Une économie tourne grâce à des humains, du capital et des idées. Il faut donc agir sur trois fronts afin de contrer la spirale négative actuelle.

Au-delà de l’augmentation de la cadence des investissements en innovation de la productivité, il faudra faciliter la croissance des jeunes pousses par l’innovation ouverte. Ou encore faciliter l’investissement nécessaire pour contrer la dette technologique dans les transferts d’entreprises.

Au niveau de la main-d’œuvre, l’utilisation responsable et quotidienne de l’intelligence artificielle par les professionnels ainsi que le recours au rehaussement et à la requalification des compétences devront s’accélérer.

Enfin, les vocations entrepreneuriales sont nécessaires pour renouveler notre tissu économique et notre bassin d’idées novatrices. Sans incitatifs pour contrer ce déclin, notre économie continuera à se faire lentement déclasser.

Ce ne sont certes que quelques exemples. Mais les solutions existent. Reste à voir si elles seront mises en œuvre.