Lutter contre le décrochage de toutes ses forces

Publié le 21/03/2009 à 00:00

Lutter contre le décrochage de toutes ses forces

Publié le 21/03/2009 à 00:00

Par Marc Gosselin

Mobilisation et résultats. Ce sont les meilleurs mots pour qualifier les efforts déployés par l'ensemble de la communauté du Saguenay-Lac-Saint-Jean dans la lutte au décrochage scolaire. À tel point que les autres régions n'hésitent pas à s'inspirer du modèle des Bleuets, qui lui-même s'inspire d'une démarche ontarienne.

Avec un taux d'abandon scolaire de 18,7 % en 2006-2007, la région affichait la meilleure note de toutes les régions québécoises. Un succès à faire rougir de honte Montréal (32,1 %) et l'Outaouais (34,2 %). Pourtant, au milieu des années 1990, le Saguenay-Lac-Saint-Jean s'alignait avec la moyenne québécoise (25 %), qui a peu bougé depuis cette époque. Comment expliquer cette amélioration ?

Sociologue et cofondatrice du Groupe Écobes, un organisme de recherche en sciences sociales appliquées rattaché au Cégep de Jonquière, Suzanne Veillette s'intéresse au décrochage scolaire depuis une trentaine d'années.

"En 1992, Groupe Écobes a mené une vaste recherche en éducation qui a permis de constater d'importantes disparités dans les taux de réussite et de décrochage des élèves en fonction de leur lieu de résidence. Ceux qui provenaient de secteurs défavorisés avaient deux fois moins de chances de décrocher un diplôme d'études collégiales", explique celle qui est coordonnatrice par intérim du Conseil régional de prévention de l'abandon scolaire (CRÉPAS).

Cette étude a été la bougie d'allumage de la mobilisation des intervenants de la région, raconte Mme Veillette. Lors des États généraux sur l'avenir du Saguenay-Lac-Saint-Jean, en 1995, une priorité d'action pour contrer le décrochage scolaire est adoptée à l'unanimité. Le CRÉPAS a vu le jour en 1996.

"Plutôt que de multiplier les structures, nous avons continué de travailler avec le Groupe Écobes. Il est devenu le chargé de projet du CRÉPAS. Notre mobilisation intersectorielle explique en bonne partie le succès que nous avons obtenu dans la lutte au décrochage scolaire.

Les institutions d'enseignement, les commissions scolaires, les enseignants et les parents participent à nos tables de travail", souligne Suzanne Veillette, enseignante à la retraite.

Le premier chantier d'action du CRÉPAS concernait le manque d'orthophonistes dans la région. "Cela nous a permis d'ajouter des orthophonistes et de mieux desservir les élèves à risque de décrocher. C'est important de s'attaquer aux causes en amont", dit-elle.

Des initiatives réussies

Les intervenants de la région ont compris depuis longtemps que la problématique du décrochage dépassait largement le cadre scolaire, qu'elle concernait l'ensemble de la société.

Une facette de l'intervention du CRÉPAS vise le travail étudiant. Au niveau collégial, 70 % des jeunes travaillent pendant leurs études, dit Mme Veillette. En 2002, un comité est mis en place afin d'aider les étudiants à mieux concilier études et travail. La certification Études-Travail est née. Cette mesure est régionalisée en 2007.

Objectif : les entreprises s'engagent volontairement dans une démarche de certification en conciliation études-travail, en partenariat avec l'employé étudiant et son établissement scolaire.

Depuis 2007, 85 entreprises ont été certifiées, dont plusieurs restaurants et commerces de détail de même que les institutions d'enseignement qui, souvent, agissent à titre d'employeurs.

Copropriétaire de quatre centres d'entraînement Curves dans la région, Céline Voyer est accréditée depuis 2007. "Nous avons 12 employés étudiants sur notre personnel de 30 personnes. Avant de planifier les horaires de travail, nous demandons toujours les horaires de cours de nos employés. Par exemple, un étudiant à temps partiel de l'UQAC n'aura pas le même horaire qu'un étudiant à temps plein au Cégep de Jonquière. De plus, les horaires changent en fonction des périodes d'examen et des travaux de fin de session", explique l'entrepreneure.

Le milieu scolaire en profite

Le renversement de situation dans la lutte au décrochage scolaire profite aux cégeps de la région et à l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Depuis le début des années 2000, le CRÉPAS estime que 300 étudiants de plus accèdent aux études supérieures. Ce renversement a permis de ralentir la diminution prévue d'élèves.

Mais ce n'est pas parce que les jeunes accèdent davantage au cégep et à l'université que le travail de suivi pour la diplomation prend fin. Michel Belley, recteur de l'UQAC, confirme que son institution suit de près l'évolution des nouveaux étudiants, notamment pendant les deux premières sessions.

Si, en 1996, le Saguenay-Lac-Saint-Jean était le seul endroit à avoir un organisme régional de lutte au décrochage scolaire, le Québec en compte maintenant 16. Il ne se passe pas une semaine sans que le CRÉPAS ne soit sollicité pour transmettre son expertise. D'ici la fin mars, l'équipe du CRÉPAS aura rencontré des représentants de Laval, des Laurentides et de la Gaspésie qui veulent mieux s'outiller pour contrer le décrochage scolaire.

Enfin, le CRÉPAS a travaillé de près avec le groupe présidé par Jacques L. Ménard qui s'intéresse au décrochage scolaire. Ce groupe d'action, auquel participe notamment le ministère de l'Éducation du Québec ainsi que la Fondation Lucie et André Chagnon, a publié son rapport le 17 mars à Montréal.

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