La banlieue réinventée

Publié le 05/06/2010 à 00:00

La banlieue réinventée

Publié le 05/06/2010 à 00:00

Longueuil, ville fluviale, s'est longtemps vu bloquer l'accès au fleuve. La route 132 et ses six voies était un obstacle campé directement sur ce qui était autrefois le rivage, en face de Montréal.

Longueuil n'était pas seule à en souffrir. Québec était encore plus mal servie, avec le boulevard Champlain à l'ouest et l'autoroute Dufferin-Montmorency à l'est, véritables remparts d'asplhalte et de béton interdisant toute promenade au bord de l'eau. Rimouski, La Malbaie et tant d'autres villes se sont elles aussi laissées défigurer.

Mais un jour, Longueuil a décidé de réagir et de miser sur son côté vert. Elle a récupéré une mince bande de rivage pour en faire une surprenante piste cyclable qui surplombe littéralement le fleuve, à partir du parc Marie-Victorin, près du pont Jacques-Cartier, jusqu'à l'un des joyaux de la grande région montréalaise, le parc des îles de Boucherville. Se sont ajoutés des promenades et des espaces verts, dont le réputé Parcours du Cerf, ce club de golf qui compte 36 trous au coeur d'un vaste développement résidentiel... où circulent, eh oui, des chevreuils. Je n'en ai jamais vu au gré de mes aventures golfiques, mais je me rappelle un renard qui tentait sans succès d'attraper un grand héron. La nature en ville !

On oublierait presque que ce lieu bucolique se trouve à un ou deux kilomètres d'un des plus imposants complexes industriels du Québec : les usines de Pratt & Whitney, un acteur clé de la grappe aérospatiale montréalaise, qui construit et assemble depuis 1928 des moteurs d'avion en employant des milliers de personnes. Tout autour s'étendent d'autres grandes entreprises qui témoignent de la tradition industrielle de Longueuil, dont la Boulangerie Weston, menacée de fermeture. Dommage, car c'était l'odeur de pain chaud qui annonçait aux visiteurs en provenance de l'Est, dont moi, qui suis originaire de Québec, que nous étions presque rendus à Montréal...

À la recherche d'une identité

C'est d'ailleurs là un avantage et un inconvénient pour cette région qui englobe la Rive-Sud de Montréal, et qu'on a trop souvent définie par cette proximité avec la métropole. Il lui fallait se trouver une identité bien à elle.

Un des signaux les plus forts de cette quête d'identité est récemment venu de Brossard et de son fameux Quartier Dix30. D'abord vu avec scepticisme - un autre méga-centre portant le nom de deux autoroutes - le Dix30 s'est imposé avec ses boutiques, mais aussi son hôtel, sa salle de spectacles, son aréna (des Canadiens), et tous ses à-côtés qui sont en train d'en faire une vraie destination. En prime, Brossard abrite la plus importante communauté chinoise du Québec.

La banlieue aurait donc des prétentions ? Pour vous en convaincre, allez faire un tour du côté de Saint-Lambert et de son attachant centre-ville; ou vers Saint-Bruno et son parc niché au coeur de la Montérégie; ou vers Boucherville et sa façade fluviale.

La modernité a rattrapé la Rive-Sud. Longueuil et consorts s'éveillent de leur passé et imaginent leur avenir. Charles Le Moyne de Longueuil (1656-1729) en serait bien fier.

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