Prendre les rênes plus vite que prévu

Publié le 10/09/2011 à 00:00, mis à jour le 08/09/2011 à 16:34

Prendre les rênes plus vite que prévu

Publié le 10/09/2011 à 00:00, mis à jour le 08/09/2011 à 16:34

Par Alain Duhamel

"Je suis revenue parce que j'avais un emploi assuré et que mon père m'attendait.", dit Annick Santerre, du Groupe Santerre. [Photo : Robert Baronet]

Alexis Santerre planifiait la transmission de son entreprise à sa fille Anick lorsque, en 2009, il meurt dans l'écrasement de son hélicoptère. Sa fille, qui l'accompagnait, survit par miracle. Il a 57 ans, elle, 34. La fête prévue pour souligner le transfert de l'entreprise, une semaine après l'accident, devra être annulée.

Blessée dans l'accident, la jeune femme s'absente des affaires pendant des mois. C'est l'équipe de gestion qui assume la direction de l'entreprise durant cette période.

De retour au travail, une lourde responsabilité l'attend : prendre les commandes de l'entreprise fondée par son père en 1981, à BaieComeau.

"La transmission avait été décidée et le processus s'achevait. J'étais donc prête", raconte celle qui est aujourd'hui présidente-directrice générale du Groupe Santerre.

Un destin assuré

Cette mère de trois enfants grandit dans l'entreprise familiale jusqu'à l'adolescence, puis quitte sa région pour effectuer ses études collégiales et obtient, en 1998, un diplôme en génie électrique de l'Université de Sherbrooke. Elle assure n'avoir jamais douté de son destin : un jour, elle reprendrait l'entreprise de ses parents, dont elle était l'unique enfant. Pendant un temps, en pleine bulle des télécommunications, elle avoue avoir été tentée par une carrière professionnelle ailleurs.

"Je suis revenue, car j'avais un emploi assuré et que mon père m'attendait. Tous mes amis obtenaient de beaux postes dans de grandes compagnies comme Nortel, alors que moi je revenais dans une petite entreprise familiale. C'était moins tendance !"

Elle ne regrette pas son choix. "On peut se réaliser pleinement dans une petite entreprise en région. Je suis encore bien alignée sur mes rêves", dit-elle.

Parfois, il faut partir pour mieux revenir. Après un premier séjour de quatre ans dans l'entreprise familiale, elle accepte un poste à Hydro-Québec. "Cela m'a permis de prendre conscience que j'avais une âme d'entrepreneure et que, peu importe où je travaillerais, je voudrais toujours avoir mon mot à dire."

En 2006, elle revient dans la PME familiale, qui emploie alors 35 personnes et réalise un chiffre annuel avoisinant les 5 millions de dollars (M$).

Le facteur émotion

La transmission de l'entreprise, même dans les meilleures circonstances, demeure une opération délicate et émotive.

"Le plus ardu, dit Anick Santerre, est de déterminer les rôles de chacun. Nous nous entendions bien et nous étions complices, mais, dans une entreprise familiale, il subsiste toujours un facteur émotionnel."

"On veut le bonheur de l'autre, ce qui nous amène à décider en fonction de cela plutôt que de l'intérêt de l'entreprise."

Aujourd'hui, le Groupe Santerre, formé en 2009, emploie 125 personnes et a réalisé un chiffre d'affaires de 25 M$ en 2010.

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