Choisir la Côte-Nord envers et contre tous

Publié le 10/09/2011 à 00:00, mis à jour le 08/09/2011 à 16:20

Choisir la Côte-Nord envers et contre tous

Publié le 10/09/2011 à 00:00, mis à jour le 08/09/2011 à 16:20

Par Alain Duhamel

"Je n'avais aucunement l'intention de reprendre l'entreprise dans le domaine de la construction, surtout pas à Baie Comeau! Comme je parle quatre langues, j'envisageais plutôt une carrière à l'international" dit Jennifer Truchon, de Synergica [Photo : Rob

Comme bon nombre de jeunes de la Côte-Nord, Jennifer Truchon a quitté famille, amis et région pendant plusieurs années pour faire des études supérieures à Montréal, en administration des affaires à l'École des hautes études commerciales.

"Je n'avais aucunement l'intention de reprendre une entreprise dans le domaine de la construction, surtout pas à Baie-Comeau ! Comme je parle quatre langues, j'envisageais plutôt une carrière à l'international", dit-elle.

Cependant, après un stage de quelques mois dans l'entreprise fondée par son père, Clément Truchon, elle accepte, en 2005, d'y travailler. Mani Meg, entrepreneur en électricité, n'est alors qu'une petite PME de cinq employés dont le chiffre ne dépasse pas le million de dollars par année. "Le défi était grand, mais il m'intéressait", raconte Jennifer Truchon.

Depuis plusieurs années, elle entendait son père parler de retraite. "Il songeait à liquider son entreprise. Il ne voulait plus subir le stress de la croissance." Peu à peu, l'idée a fait son chemin. Mais pour prendre le flambeau, la future repreneuse devait avant tout parfaire ses connaissances dans le domaine d'activité principal de l'entreprise. "Quand j'ai décidé de prendre la relève, je me suis plongée dans les manuels d'électricité. Ainsi, j'ai pu obtenir ma licence d'entrepreneur en électricité", relate-t-elle.

Aucun regret ni arrière-pensée à propos de son choix professionnel . "Je suis revenue et j'ai rechoisi la Côte-Nord, en toute connaissance de cause", dit-elle. Une décision qui a parfois suscité de l'incompréhension dans son entourage. "Il fallait être vraiment convaincue. Dans mon milieu d'étude, on ne comprenait pas mon choix. Dans les universités, on a tendance à bouder l'industrie de la construction."

Une fille de région

À 33 ans, mère depuis quelques mois, elle occupe le poste de directrice générale de Synergica Électrique, une entreprise de services électriques dont elle est aussi actionnaire.

La PME est née en 2008 de la fusion de deux entrepreneurs électriciens nord- côtiers : Boudreau Électrique, de Port-Cartier, et Mani Meg, de Baie-Comeau. La première venait d'être rachetée par deux de ses cadres, Guylaine Quessy et Rogério Reis, tous deux alors dans la cinquantaine. La seconde avait été promise à Jennifer Truchon par son père, qui avait alors à peine 30 ans. Tous trois sont aujourd'hui actionnaires à parts égales.

Cette alliance intergénérationnelle prépare l'avenir. Dans quelques années, il est prévu que les plus âgés céderont l'entreprise à la plus jeune. "Le regroupement de nos entreprises nous permet de préparer la relève", dit Guylaine Quessy, présidente de Synergica Électrique. "Elle a besoin d'accompagnement et donc de notre expérience. Nous aurons ainsi le temps de bien structurer notre entreprise."

Pour Jennifer Truchon, l'opération est gagnante. "Ils acquièrent une relève dans l'entreprise ; moi, je gagne des gens d'expérience qui peuvent m'aider."

Croissance accélérée

La nouvelle entreprise s'est engagée résolument dans la voie de la croissance et de l'expansion de son marché. Elle emploie une soixantaine de personnes et réalisera cette année un chiffre d'affaires de plus de 9 millions de dollars, soit trois fois le chiffre combiné des deux entreprises fondatrices en 2008. La PME travaille dans tous les secteurs de la construction : résidentiel, institutionnel, commercial et, surtout, dans le génie civil et l'industriel.

Synergica possède des bureaux à Baie-Comeau, Port-Cartier, Havre-Saint-Pierre et un point de service à Forestville. Grâce à une alliance avec un autre entrepreneur électricien de Chapais, Lucien Senneville, elle a formé une coentreprise, GSS Groupe Synergica Senneville, afin d'être mieux placée pour gagner des marchés de construction dans le projet d'aménagement hydroélectrique de La Romaine.

La croissance d'une PME à l'ombre des géants industriels miniers comme Arcelor Mittal pose cependant un défi de recrutement et de rétention de la main-d'oeuvre. Un des moyens trouvés par l'entreprise consiste à constituer une banque de logements ou à louer des appartements dans chacune des villes où elle est présente afin de faciliter l'installation des employés.

Synergica recrute dans sa région, mais aussi au sud, au Saguenay, à Québec et à Montréal, d'où lui proviennent plusieurs candidatures. "Plusieurs de nos employés se sont établis sur la Côte-Nord, parce qu'ils se rendent bien compte qu'il y a de l'avenir ici et qu'ils peuvent travailler régulièrement."

L'Unité spéciale d'intervention a ciblé en priorité les jeunes afin de renforcer leur sentiment d'appartenance à la région.

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