Le centre de transit minier, enfin une réalité à Val-d'Or

Publié le 07/03/2009 à 00:00

Le centre de transit minier, enfin une réalité à Val-d'Or

Publié le 07/03/2009 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

La première pelletée de terre protocolaire a eu lieu en janvier, en présence d'un ministre du gouvernement fédéral (qui accorde au projet une subvention de 2,2 millions de dollars sur un montant total de 6,4 millions de dollars) et ses promoteurs ont trouvé leur premier locataire : la minière Agnico-Eagle y fera transiter ses employés et ses marchandises dès août.

Le bâtiment de 20 000 pieds carrés servira de pont aérien entre l'Abitibi-Témiscamingue, le Nunavut et le Nunavik. Il sera aussi un centre de services intégrés. Il comprendra des bureaux administratifs, une aire de manutention cargo et une salle d'embarquement.

" Avec ce centre, nos locataires pourront mieux desservir leurs activités nordiques ", a indiqué le maire de Val-d'Or, Fernand Trahan. Le centre est l'aboutissement de " 20 ans de travail ", a-t-il ajouté. Il sera le plus grand centre de distribution nordique au Canada, devançant Winnipeg et Yellowknife, a-t-il précisé.

Rappelons que c'est de Val-d'Or que part la plus grande quantité de nourriture acheminée aux communautés autochtones du Nord.

La Corporation de développement économique de Val-d'Or, l'un des instigateurs du projet, évalue les retombées économiques de cette infrastructure à 100 millions par année. " En salaires et en biens divers ", précise Jean-Yves Poitras, son directeur.

Évidemment, toute la communauté d'affaires locale jubile. Les partenaires dans ce projet sont la Corporation, l'administration municipale et l'aéroport régional de Val-d'Or. Ce sont eux qui fournissent la mise de fonds de 1,7 million. Ils ont obtenu des prêts de 2 millions et attendent une contribution du gouvernement du Québec, dit M. Poitras.

Fly in, fly out

Le centre pourra desservir quatre chantiers de 300 travailleurs chacun, selon la formule Fly in, fly out, de plus en plus populaire, dit M. Poitras. Plutôt que de favoriser le développement de villes champignons à proximité des mines, on préfère assurer les déplacements des travailleurs qui retrouveront régulièrement leur famille restée à la maison.

Chez Agnico-Eagle, par exemple, les travailleurs passent deux semaines à la mine et rentrent chez eux pour un congé de deux semaines. Au centre de transit minier, Agnico-Eagle utilisera des appareils - probablement des 727, précise M. Poitras - transformés en " combis " : moitié passagers, moitié cargo. Ces avions s'envoleront vers le site minier de Meadowbank, au Nunavut, autrefois desservi à partir du Manitoba. L'un des avantages du centre de transit réside dans le fait qu'il pourra accueillir ces combis, indique M. Poitras.

Le projet ne fait pas que des heureux toutefois. La ville de Rouyn-Noranda, située à une centaine de kilomètres de Val-d'Or et centre administratif de la région, caressait elle aussi l'idée d'une infrastructure de transit minier, d'autant plus que le transporteur privé Propair y a déjà un entrepôt. Accusé par le président de la Chambre de commerce de Rouyn-Noranda de concurrencer une entreprise privée en utilisant des fonds publics, le ministre d'État au Développement économique du Canada, Denis Lebel, a dû se défendre. " Val-d'Or a été la seule à proposer un projet de développement minier nordique et c'est pour cela qu'elle a eu la subvention ", a-t-il déclaré lors du lancement du projet.

L'état des mines et de la forêt inquiètent

" Quand l'or va bien, l'Abitibi va bien ", disent les gens de la région. Comme le précieux métal vaut près de 900 $ US l'once - 1 200 $ canadiens - le bilan devrait être positif. Mais ce n'est pas si simple, comme en témoigne la décision du producteur de cuivre First Metals de se placer sous la protection de la loi sur la faillite.

Si la production d'or se poursuit, l'exploration minière a baissé de 50 % en quelques mois. Après avoir enregistré un niveau record d'emploi en 2008, l'Abitibi-Témiscamingue retombe sur terre. Une consolidation est à prévoir.

Pour s'en sortir, les produits de créneaux

Dans le secteur forestier, industrie phare pour des villes comme La Sarre, Senneterre et Amos, on ne voit pas la lumière au bout du tunnel. Après deux ans de ralentissement, fermetures et mises à pied continuent de défrayer les manchettes. " Les entreprises qui tiennent le coup sont celles qui sont allées vers les produits de créneau plutôt que sur le volume ", indique Jean-Yves Poitras, commissaire industriel et directeur de la filière bois pour le programme gouvernemental ACCORD.

C'est le cas de Matériaux Blanchette, mentionne-t-il. Des entreprises, comme Nordbord, ont opté pour la semaine de quatre jours, compensée par le régime fédéral de travail partagé.

Mais le fait que les deux secteurs forts, les mines et la forêt, ralentissent en même temps en inquiète plusieurs. " Avant, si l'un allait mal, l'autre compensait, relate M. Poitras. Les deux étaient complémentaires. Ce n'est plus le cas. "

En agriculture, un secteur important pour la région du Témiscamingue, on vise aussi les produits de niche. " Mais l'agriculture ne remplacera jamais le secteur forestier ", déclare Léandre Gervais, vice-président du bureau régional de la firme d'ingénieurs Genivar. Heureusement que l'or et les nombreux projets d'infrastructure (bâtiments, ponts et routes) prévus dans la région sauveront la mise, ajoute-t-il. Et s'il ne faut pas se réjouir de l'éclatement de la bulle minière, il faut quand même en voir les avantages. " Ce sera plus facile pour les autres secteurs de trouver de la main-d'oeuvre à un prix raisonnable ", dit M. Poitras. À certains égards, le boom minier " était ingérable ".

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