Siemens annonce son retrait du marché russe

Publié le 12/05/2022 à 09:21, mis à jour le 12/05/2022 à 10:42

Siemens annonce son retrait du marché russe

Publié le 12/05/2022 à 09:21, mis à jour le 12/05/2022 à 10:42

Selon le président russe Vladimir Poutine, «il est évident que (…) la poursuite de l'obsession des sanctions va aboutir inévitablement aux conséquences les plus difficiles pour l'Union européenne, pour ses citoyens». (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 12 mai 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici.     

10h12 | Francfort — Le conglomérat allemand Siemens, un des plus grands groupes industriels européens, a annoncé jeudi son retrait complet de Russie après 170 ans sur place, alors que des charges liées aux sanctions occidentales pèsent sur ses résultats.

Cet impact a atteint déjà 600 millions d'euros sur le bénéfice net au deuxième trimestre de son exercice, qui a plongé de 49% à 1,2 milliard d'euros, a indiqué Siemens. Ce trimestre, décalé, correspondait au premier trimestre calendaire.

«En raison de la guerre en Ukraine, Siemens va se retirer du marché russe» et a «lancé un processus pour mettre fin à toutes les activités industrielles» dans ce pays, explique dans un communiqué l'entreprise.

Seules les opérations liées aux équipements médicaux seront maintenues, a expliqué le dirigeant Roland Busch, qui voit dans la décision «l'application conséquente des sanctions» occidentales.

Dans le même temps, le conglomérat a confirmé ses objectifs annuels de résultats tout en identifiant des «risques financiers potentiels supplémentaires» de quelques centaines de millions d'euros liés à la Russie dont il est impossible de prévoir la portée exacte. Le groupe, qui a 3 000 employés en Russie pour quelque 1% de son chiffre d'affaires, avait déjà interrompu après l'invasion de l'Ukraine les livraisons vers la Russie et le Belarus et y a gelé tout nouveau projet.

«Nous sommes en train d'évaluer les conséquences pour nos employés et allons les soutenir le plus possible», a ajouté M. Busch.

Le recul du bénéfice net au deuxième trimestre s'explique aussi par le fait que celui de son exercice fiscal décalé précédent avait été soutenu par un effet exceptionnel positif de 900 millions d'euros lié à une cession d'activité.

Lors du trimestre écoulé, le géant des turbines, équipements médicaux et trains a par ailleurs vu son chiffre d'affaires progresser de 7%, à 17 milliards d'euros, et ses commandes grimper de 22%.

La division médicale Healthineers a profité de son rachat du spécialiste américain du traitement du cancer Varian et de la demande toujours forte pour des tests rapides de COVID-19.

Son bénéfice avant impôts a progressé de 37%, à 875 millions d'euros.

La branche «mobility» productrice de trains a ressenti le plus important effet des sanctions occidentales contre la Russie, avec notamment une dépréciation financière de 600 millions d'euros, entraînant une perte avant impôts de 369 millions d'euros, contre 205 millions de bénéfice il y a un an.

La filiale «Digital industrie», qui comporte notamment l'activité logiciels du groupe, a vu son chiffre d'affaires progresser de 9, % à 4,6 milliards d'euros, avec un bénéfice stable de 826 millions.

La division «Smart infrastructure», dédiée notamment à l'automatisation industrielle, affiche une croissance des ventes de 8%, à 4 milliards d'euros, et un bénéfice avant impôts de 445 millions (+15 sur un Siemens s'est néanmoins dit «confiant» pour son deuxième semestre, le directeur financier Ralf Thomas identifiant notamment une «amélioration continue des chaînes d'approvisionnement».

Le groupe table sur une hausse entre 6 et 8% du chiffre d'affaires et une «hausse» de son bénéfice par action.

Eu milieu d'après-midi jeudi, le titre était en recul de 3,6% dans un Dax en baisse de 1,6%.

 

Arrêt d'utilisation d'un gazoduc clé par Gazprom

9h14 | Moscou — Le géant gazier russe Gazprom a annoncé jeudi cesser d'utiliser un gazoduc clé pour le transit de gaz vers l'Europe via la Pologne, en réplique aux sanctions occidentales imposées à la Russie à cause de son offensive en Ukraine.

L'adoption des contre-sanctions russes «signifie une interdiction d'utiliser un gazoduc appartenant à EuRoPol GAZ (qui exploite la partie polonaise du gazoduc Yamal-Europe, NDLR) pour transporter du gaz russe à travers la Pologne», a indiqué Gazprom dans un communiqué sur Telegram.

Mercredi, la Russie a annoncé des sanctions contre plus de 30 sociétés de l'Union européenne, des États-Unis et de Singapour, en représailles contre les sanctions dont elle est frappée pour son offensive militaire contre l'Ukraine.

La liste des sociétés sanctionnées comprend 31 compagnies, dont EuRoPol GAZ S.A., le propriétaire de la partie polonaise du gazoduc Yamal-Europe, axe gazier majeur qui achemine du gaz russe à travers le Bélarus et la Pologne jusqu'en Allemagne.

Gazprom ajoute qu'avant cela «la partie polonaise a violé à plusieurs reprises les droits de Gazprom en tant qu'actionnaire d'EuRoPol GAZ et, le 26 avril 2022, a inscrit Gazprom sur la liste des sanctions, bloquant la possibilité pour l'entreprise d'exercer des droits sur les actions et autres titres d'EuRoPol GAZ, et recevoir des dividendes».

Une grande partie des autres sociétés sanctionnées appartiennent à Gazprom Germania, la filiale allemande du géant gazier russe, que l'État allemand a placé sous son contrôle en raison de son importance stratégique. Gazprom a de son côté annoncé début avril son «retrait» de cette filiale, sans en dire davantage.

Ces sanctions incluent une interdiction de transactions et de l'entrée dans les ports russes de navires liés aux sociétés concernées.

Les sanctions occidentales contre la Russie, sans précédent, vont du gel des réserves russes à un embargo sur des produits stratégiques, et des sanctions financières.

Gazprom avait déjà annoncé fin avril suspendre toutes ses livraisons de gaz à la Bulgarie et la Pologne, ces deux pays membres de l'Union européenne ayant refusé de régler leurs factures en roubles, une mesure décidée par Vladimir Poutine en réplique aux sanctions européennes.

En réaction, l'UE avait indiqué que ces deux pays sont désormais approvisionnés par leurs voisins de l'Union européenne. 

Enfin, depuis deux jours le transit gazier vers l'Europe via l'Ukraine est lui aussi affecté par le conflit.

Le gazoduc Nord Stream 1 reliant directement la Russie à l'Allemagne n'est lui pas affecté. 

 

Ukraine: Poutine assure que l'Occident souffre des sanctions plus que Moscou

8h55 | Moscou — Le président russe Vladimir Poutine a assuré jeudi que l'Occident souffrait davantage que la Russie des sanctions imposées à Moscou en raison de l'offensive en Ukraine, se vantant d'une grande résistance de l'économie russe face aux «défis extérieurs».

Les auteurs des sanctions, «guidés par leurs ambitions gonflées et aveugles et par la russophobie, portent un coup beaucoup plus dur à leurs propres intérêts nationaux, à leurs propres économies et à la prospérité de leurs propres citoyens», a déclaré M. Poutine, lors d'une réunion consacrée aux questions économiques. 

«Nous le voyons avant tout en regardant une forte hausse de l'inflation en Europe, qui frôle 20% dans certains pays», a-t-il affirmé.

Selon M. Poutine, «il est évident que (…) la poursuite de l'obsession des sanctions va aboutir inévitablement aux conséquences les plus difficiles pour l'Union européenne, pour ses citoyens».

«Pour sa part, la Russie réussit avec assurance à faire face aux défis extérieurs grâce à sa politique macroéconomique responsable de ces dernières années, ainsi que grâce aux décisions systémiques visant à renforcer sa souveraineté économique et sa sécurité technologique et alimentaire», a assuré Vladimir Poutine.

Il s'est félicité du ralentissement «progressif» de l'inflation après son envolée à 16,7% en mars, ainsi que du renforcement de la devise russe qui a fait preuve jeudi d'une remontée en puissance record depuis le début de l'année 2020, en atteignant à 8h00, heure du Québec, 67,7 roubles pour un euro et 65,2 roubles pour un dollar. 

Début 2022, le taux du rouble était autour de 85 roubles pour un euro et 75 roubles pour un dollar.

Appuyé par des mesures de contrôle monétaire draconiennes prises par la Banque centrale, «le rouble fait preuve probablement de la meilleure dynamique parmi les devises internationales», a estimé M. Poutine.

Les pays occidentaux ont imposé une pluie de sanctions économiques sans précédent à la Russie après le début de son offensive en Ukraine le 24 février.

Pour sa part, M. Poutine n'a cessé de marteler que l'économie russe avait tenu le choc face aux sanctions occidentales et que, malgré les difficultés logistiques et financières qui en découlent, la Russie allait saisir l'occasion pour refonder son économie, qui repose largement sur les exportations d'hydrocarbures.

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