Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 93e jour

Publié le 27/05/2022 à 09:17, mis à jour le 27/05/2022 à 11:50

Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 93e jour

Publié le 27/05/2022 à 09:17, mis à jour le 27/05/2022 à 11:50

Les bombardements russes ont tué quatre personnes dans la ville au cours des dernières 24 heures. (Photo: La Presse Canadienne)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l'invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 27 mai. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c'est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.

11h04 | Paris — Les séparatistes prorusses ont affirmé vendredi avoir pris la localité de Lyman, un carrefour important du Donbass, alors qu'une frappe russe a fait «une dizaine de morts», vraisemblablement militaires, dans la grande ville du centre de l'Ukraine qu'est Dnipro. 

Voici un point de la situation au 93e jour de la guerre à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

 

L’est

Sur son compte Telegram, l'état-major de la défense territoriale de l'autoproclamée «république» séparatiste prorusse de Donetsk a indiqué avoir «pris le contrôle complet» de Lyman, aidée par des unités de l'autre région séparatiste de Lougansk et «l'appui» des forces armées russes.

Ni l'armée russe ni l'armée ukrainienne n'ont immédiatement commenté cette information que l'AFP n'a pu vérifier de source indépendante. D'après l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), un centre de recherche américain, les forces russes ont toutefois «complètement pris» Lyman jeudi. 

La prise de Lyman ouvrirait aux forces russes la route vers les centres régionaux de Sloviansk, puis Kramatorsk, tout en leur permettant de s'approcher d'un encerclement total de l'agglomération formée par les villes de Severodonetsk et Lyssytchansk, deux autres importantes villes ukrainiennes situées plus à l'est.

À Severodonetsk, «60% du parc de logements a été détruit» par le pilonnage russe, alors que «85-90% des bâtiments de la ville ont été endommagés et nécessiteront une restauration majeure», a estimé Alexander Stryouk, le chef de l'administration civile et militaire de cette ville où 12 à 13 000 habitants sont restés selon lui, sur 100 000 avant la guerre.

Mercredi, Serguiï Gaïdaï, le gouverneur du Lougansk, l'une des deux régions du Donbass, avait indiqué que 95% de la région de Lougansk, où se trouvent Severodonetsk et Lyssytchansk, était désormais sous contrôle russe.

Dans le Donbass, le bassin industriel qui regroupe les régions de Lougansk et Donetsk, «il y a des escarmouches et des combats, parfois dans de très petits hameaux et villages, parfois dans de plus grandes villes, où les Russes gagnent du terrain et le perdent le jour suivant. Chaque jour, il y a du terrain qui change de mains», a estimé jeudi John Kirby, le porte-parole du département américain de la Défense.

«Demain, ce sera peut-être différent, mais aujourd'hui, nous estimons que les Russes ont réalisé des gains progressifs ces deux derniers jours (…) dans le nord-est du Donbass», a-t-il commenté.

 

Le sud et le centre

«Une dizaine» de personnes ont été tuées et une trentaine blessées dans une frappe russe vendredi sur une installation militaire à Dnipro, grande ville industrielle du centre est de l'Ukraine, a annoncé le responsable de la défense territoriale de la ville.

«Des missiles Iskander ont frappé un champ de manœuvre de la Garde nationale. On déplore une dizaine de morts et entre 30 et 35 blessés», a déclaré Guennadi Korban à la chaîne locale Dnipro TV. «Ceci malgré le fait que les militaires et nous avions essayé de prendre des précautions, en répartissant le personnel» sur tout le périmètre de cette installation, a-t-il ajouté, laissant entendre que les victimes étaient militaires.

Sur le front méridional, Moscou s'affaire à consolider son emprise sur les territoires conquis depuis trois mois.

Son groupement militaire ayant la charge des territoires du Sud ukrainien sous contrôle russe aurait reçu ces derniers jours des tanks T-62 «vieux de cinquante ans», a raillé le ministère britannique de la Défense.

Ces T-62 seront «avec quasi-certitude particulièrement vulnérables aux armes antichars», poursuit-il, soulignant que «leur présence sur le champ de bataille souligne pour la Russie le manque d'équipements modernes et prêts au combat.»

Côté ukrainien, les autorités militaires insistent sur l'efficacité des armes fournies par l'Occident, notamment des obusiers récemment donnés par l'Italie et déjà utilisés contre les Russes.

Les États-Unis quant à eux ont prévu de fournir 209 000 obus de 155 mm à l'Ukraine, dont 160 000 sont déjà dans le pays, selon John Kirby. Sur les 108 obusiers que Washington doit céder à Kyiv, 80 sont «déjà au combat», a-t-il précisé.

 

Dizaines de milliers de morts

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol, les autorités ukrainiennes parlent de 20 000 morts.

Sur le plan militaire, le ministère ukrainien de la Défense évalue les pertes russes à plus de 29 750 hommes, 206 avions et plus de 1 300 chars depuis le début de l'invasion le 24 février.

Des sources occidentales évoquent quelque 12 000 soldats russes tués, et une source militaire française a confirmé à l'AFP un chiffre estimé de l'ordre de 15 000.

Ces pertes sur trois mois avoisinent celles enregistrées en neuf ans par l'Armée soviétique en Afghanistan, note le ministère britannique de la Défense.

Le président Zelensky a déclaré mi-avril qu'environ 2 500 à 3 000 soldats ukrainiens avaient été tués et quelque 10 000 blessés. Aucune statistique indépendante n'est disponible.

 

Un tiers des Ukrainiens déplacés ou réfugiés

Plus de huit millions d'Ukrainiens étaient déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). S'y ajoutent 6,6 millions qui ont fui à l'étranger, dont plus de la moitié — 3,5 millions — en Pologne.

«Les réfugiés nouvellement arrivés proviennent souvent de zones fortement touchées par les combats», a expliqué Olga Sarrado, une porte-parole du HCR. «Ils arrivent souvent dans un état de détresse et d’anxiété, ayant laissé derrière eux des membres de leur famille.»

Avant l'invasion russe, l'Ukraine comptait une population de 37 millions de personnes dans les régions sous le contrôle de son gouvernement.

 

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