Se dirige-t-on vers une guerre des devises?

Publié le 28/09/2010 à 08:10, mis à jour le 18/10/2013 à 11:37

Se dirige-t-on vers une guerre des devises?

Publié le 28/09/2010 à 08:10, mis à jour le 18/10/2013 à 11:37

Par Stéphane Rolland

Timothy Geithner, le secrétaire du Trésor américain, a demandé à la Chine de permettre une appréciation de sa devise la semaine dernière. Photo Bloomberg.

La valeur des devises étrangères s’est imposée comme l’un des sujets de l’heure dans les coulisses de la diplomatie internationale alors que plusieurs États craignent que l’équilibre actuel ne nuise à leur économie.

Hier, le ministre des Finances du Brésil, Guido Mantega, a accusé les grands joueurs de l’économie mondiale de manipuler leurs monnaies à la baisse afin de doper leurs exportations. «Nous sommes au beau milieu d’une guerre des devises, a affirmé le ministre. C’est une menace pour nous, car cette guerre nous enlève notre avantage concurrentiel.» Le Brésil a indiqué qu’il utiliserait son fonds souverain afin de déprécier le réal.

Le pays de Lula est toutefois loin d’être le seul État à participer à cette partie de bras de fer internationale. Maintenant que la reprise économique ralentie, les gouvernements voient les exportations comme la clé pour assurer la croissance de leur économie. Ils s’emploient donc à dévaluer leur monnaie pour être plus concurrentiels. Or, tous ne peuvent pas le faire en même temps.

Le bras de fer le plus médiatisé a lieu entre la Chine et les États-Unis la semaine dernière. Les plus importantes personnalités de la politique américaine, dont le président Barack Obama, ont dénoncé à tour de rôle le manque de flexibilité de la politique monétaire chinoise. Les États-Unis, mais aussi l’Union européenne et le Canada, s’inquiètent de l’écart qui se creuse dans leurs échanges commerciaux avec les Chinois.

Monnaies refuge

Les États-Unis, eux aussi, font grincer les dents de leurs partenaires commerciaux. Depuis son sommet du 7 juin, le dollar américain recule. Le dollar australien a avancé de 19%, le franc suisse de 18% et l’euro de 13%, tous par rapport au billet vert.

Même s’il a repris du poil de la bête depuis la crise des finances publiques de certains États de l’Union européenne au printemps dernier, l’euro a aussi connu des faiblesses qui ont contribué à l’appréciation d’autres devises étrangères.

En raison de la faiblesse du dollar américain et de l’euro, les investisseurs ont aussi cherché des monnaies refuges. Le Japon et la Suisse, dans une moindre mesure, en ont souffert. L’appréciation de leur devise a fait craindre pour leurs exportations. La banque centrale du Japon est d’ailleurs intervenue il y a deux semaines afin de déprécier sa monnaie.

«C’est un équilibre complexe, car l’économie mondiale a besoin que les États-Unis soient prospères et les Américains ont besoin d’une devise plus faible pour prospérer, explique Camilla Sutton, analyste de Scotia capitaux. Dès que le billet vert se déprécie, les autres pays s’en plaignent.»

L’instabilité du marché monétaire risque de faire mal aux exportateurs, croit Mme Sutton. «Un exportateur qui a une marge de profit de 18% peut voir celle-ci fondre de 10% en un instant.»

Heureusement pour le Canada, le choc est moins brutal, constate Mme Sutton. Le huard ne s’est apprécié que de 3% depuis le 7 juin, une hausse relativement modérée. «Le huard est resté à un niveau qui demeure favorable aux exportateurs, explique-t-elle. S’il ne s’apprécie pas davantage, la situation sera difficile pour le secteur manufacturier, mais le Canada profitera du prix élevé du pétrole qu’il exporte.»

Avec Financial Post

 

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