L'UE et la Chine concluent un accord de principe sur les investissements

Publié le 30/12/2020 à 13:53

L'UE et la Chine concluent un accord de principe sur les investissements

Publié le 30/12/2020 à 13:53

Par AFP
Des drapeaux de la Chine et de l'Union européenne

(Photo: Getty Images)

L'UE et la Chine ont approuvé mercredi la conclusion «de principe» d'un accord controversé sur les investissements, Pékin promettant d'offrir un accès «sans précédent» aux entreprises européennes tout en s'engageant contre le travail forcé – sans désamorcer un feu nourri de critiques.

Après sept années de pourparlers, cet accord politique a été scellé pendant une visioconférence entre le président chinois, Xi Jinping, les dirigeants de l'Union européenne, Ursula von der Leyen et Charles Michel, ainsi que la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Emmanuel Macron.

Sa signature officielle n'interviendra qu'ultérieurement.

Les dirigeants «ont conclu sur le principe les négociations» de cet accord de protection réciproque des investissements, par lequel Pékin «s'engage à offrir un niveau d'accès sans précédent à son marché» pour les entreprises européennes, selon un communiqué de l'UE.

Pour Bruxelles, l'accord «contribuera au rééquilibrage» entre un marché unique européen largement ouvert et un géant asiatique qui encadre strictement les investisseurs étrangers. Le traité doit notamment interdire les transferts de technologie forcés et renforcer la transparence sur les subventions aux entreprises publiques chinoises. 

L'enjeu est de taille: si la Chine accueille déjà près de 150 milliards d'euros d'investissements venus de l'UE, le texte ouvrira de nouveaux marchés cruciaux – véhicules propres, «cloud», finance, santé – assure Bruxelles.

«Nous sommes ouverts aux affaires, mais attachés à la réciprocité, la concurrence équitable et à nos valeurs», souligne la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. 

De son côté, Xi Jinping a estimé que l'accord «démontrait la détermination de la Chine à promouvoir un haut degré d'ouverture».

Il s'agit d'une occasion aussi pour Pékin de se rapprocher de l'UE, alors qu'il est toujours en conflit commercial avec les États-Unis, à quelques semaines de l'arrivée au pouvoir du gouvernement de Joe Biden – qui avait ouvertement appelé les Européens à la prudence vis-à-vis de la Chine. 

Attentes élevées

L'Allemagne, principale puissance commerciale de l'UE, a salué «un grand succès». Angela Merkel, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE jusqu'à la fin décembre, avait fait de cet accord politique une priorité.

Pour autant, la signature du texte n'interviendra qu'après une finalisation juridique et technique qui pourrait prendre de longs mois, et il devra être approuvé par le Parlement européen avant d'être ratifié.

«La discussion est loin d'être terminée», a prévenu l'eurodéputé allemand Bernd Lange, président de la commission sur le commerce international, faisant état d'«attentes élevées» et exigeant «un levier pour combattre le travail forcé».

Un point sensible: experts et ONG accusent le régime communiste d'avoir interné au Xinjiang, dans l'ouest de la Chine, plus d'un million de membres de la minorité musulmane ouïghoure dans des «camps de rééducation» et de les soumettre à des tâches coercitives, notamment le ramassage du coton.

Entre autres engagements climatiques et sociaux, le texte prévoit que la Chine «s'engage (...) à oeuvrer à la ratification des conventions fondamentales de l'Organisation internationale du travail (OIT), y compris celles (interdisant) le travail forcé», précise le communiqué européen.

Mais cela ne suffit pas à rassurer les eurodéputés, qui avaient adopté mi-décembre une résolution condamnant le travail forcé en Chine des minorités ouïghoure, kazakhe et kirghize.

«Paroles creuses»

L'eurodéputé français Raphaël Glucksmann (Socialistes&Démocrates) réclame des «engagements concrets et vérifiables» de Pékin. «Aucun témoin extérieur ne peut pénétrer dans les usines qui exploitent des esclaves ouïghours. Donc c'est juste des mots», a-t-il déclaré à l'AFP.

«L'UE approuve des paroles creuses dans sa hâte de décrocher un accord en dépit du sort des Ouïghours (...) J'espère que les traducteurs sauront comment dire "vendre ses valeurs" dans les 24 langues officielles de l'Union», tacle Kenneth Roth, directeur de l'ONG Human Rights Watch.

Interrogée lors d’une conférence de presse à Pékin pour savoir quand la Chine comptait ratifier les conventions de l’OIT, une responsable du ministère du Commerce, Li Yongjie, n’a pas répondu, affirmant simplement que la loi chinoise «interdit clairement le travail forcé».

À Bruxelles, où aucune conférence de presse des dirigeants européens n'était organisée, on faisait valoir que les «efforts» de la Chine en la matière serait «décisifs» pour l'adoption et la ratification de l'accord.

«Nous consolidons l’unité et la souveraineté européennes pour porter nos exigences sur le rééquilibrage des relations économiques, l’environnement, le développement et le respect des droits fondamentaux», a insisté Emmanuel Macron, Paris affichant sa «vigilance» sur «la mise en œuvre des engagements pris».

Pour l'eurodéputé Yannick Jadot (Verts), Paris a «abandonné l'honneur de la France». «Nous allons nous battre au Parlement européen pour stopper un tel cynisme», assure-t-il.

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