Grèce: les négociations continuent sur fond de grève générale

Publié le 06/02/2012 à 13:42, mis à jour le 16/10/2013 à 08:06

Grèce: les négociations continuent sur fond de grève générale

Publié le 06/02/2012 à 13:42, mis à jour le 16/10/2013 à 08:06

Par AFP

Les difficiles négociations entre le Premier ministre grec Lucas Papademos et les partis politiques gouvernementaux devraient se poursuivre mardi pour tenter d'arracher l'aval des partis aux réformes exigées par l'UE et le FMI, alors que la Grèce sera en grève générale.

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Lundi soir, alors qu'une première manifestation de l'opposition de gauche, communiste et radicale avait lieu sous une pluie battante dans les rues d'Athènes contre les réformes demandées par la troïka, M. Papademos a rencontré la troïka représentant les créanciers institutionnels du pays, UE, BCE et FMI, dont la patience est mise à rude épreuve par la longueur des tractations.

L'espoir de voir se conclure lundi un accord entre les trois partis au pouvoir sur les mesures à mettre en oeuvre a été douché, la réunion prévue lundi étant reportée à mardi, selon une source gouvernementale.

"Les négociations continuent. Il y a encore des questions à régler", a affirmé cette source à l'AFP pour justifier ce nouveau délai.

L'enjeu est de conclure trois semaines d'une double négociation, à la fois avec les créanciers étrangers et avec les chefs des partis socialiste (Georges Papandréou), conservateur (Antonis Samaras) et d'extrême droite (Georges Karatzaferis), sur les modalités de la nouvelle cure de rigueur prescrite au pays en échange d'un deuxième plan de renflouement de 130 milliards d'euros préparé depuis octobre.

Pour débloquer ces fonds, et avaliser aussi l'opération d'effacement de 100 milliards de dette par les créanciers privés, les bailleurs de fonds institutionnels exigent un engagement explicite des trois hommes, réticents à contresigner des mesures impopulaires et susceptibles d'aggraver la récession.

Mais la longueur des tractations a mis à bout la patience des créanciers.

Les discussions sont "déjà au-delà des délais", a averti lundi Amadeu Altafaj, porte-parole du commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, rappelant que Bruxelles avait tablé sur un dénouement ce week-end.

Réunis à Paris, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont également accru leur pression.

"Les Grecs ont pris des engagements, ils doivent les respecter scrupuleusement, il n'y a pas le choix, le temps presse, c'est une affaire de jours, maintenant il faut conclure" a déclaré M. Sarkozy.

M. Sarkozy et Mme Merkel ont également proposé de bloquer sur un compte une partie des fonds prêtés à la Grèce afin de s'assurer qu'ils servent au remboursement de la dette publique, une idée qui risque de rallumer la polémique sur la mise sous tutelle d'Athènes.

Athènes a un besoin vital d'une nouvelle aide pour éviter le défaut de paiement dès le 20 mars, à l'échéance de créances de 14,5 milliards d'euros.

A l'issue dimanche de cinq heures de discussions avec les trois dirigeants, M. Papademos a fait part d'une entente sur l'ampleur des économies à réaliser (1,5 point de PIB, équivalent à environ 3,3 milliards d'euros), sur la mise en place de réformes visant à abaisser les coûts de production et sur un schéma de recapitalisation des banques.

Selon les médias, les dernières tractations doivent porter sur le montant des coupes prévues dans les retraites complémentaires, sur la réduction réclamée par l'UE et le FMI du salaire minimum ainsi que sur un projet de 15.000 licenciements rapides dans la fonction publique.

Les deux leaders de droite ont fustigé la rigueur prônée en sortant dimanche, mais M. Karatzaféris a ensuite fait part d'évolutions "satisfaisantes".

Le parti socialiste, qui dirigeait le pays jusqu'à l'éviction en novembre de M. Papandréou, ex-Premier ministre élu, est prêt "à faire preuve du même sens des responsabilités" qu'auparavant, a pour sa part déclaré son porte-parole, Panis Béglitis. Mais il ne donnera son feu vert "que s'il y à un accord de tous sur tout", a-il prévenu.

Malgré les retards en tous genres, la presse pariait lundi sur un accord du trio politique grec, qui autoriserait M. Papademos à mener à bien parallèlement l'accord final sur la restructuration de la dette avec les créanciers privés.

"On n'a pas perdu tout espoir. Nous espérons que d'ici mercredi soir les négociations seront closes" entre la Grèce et ses créanciers publics, a indiqué lundi soir à l'AFP une source diplomatique européenne.

Les deux grandes centrales syndicales, GSEE pour le privé et Adedy pour le public, ont d'ailleurs aussi anticipé un accord à leur façon en appelant à une grève générale de 24 heures mardi, qui doit notamment perturber écoles, liaisons avec les îles, transports publics et administration. Une manifestation est prévue dans le centre d'Athènes à la mi-journée.

Les nouvelles mesures "sont la chronique d'une mort annoncée (...), l'objectif est de mettre à bas tout le droit du travail et de baisser les salaires de 20 à 30% en plus des coupes déjà opérées", a déclaré le président de la GSEE, Iannis Panagopoulos.

Sous une pluie battante, 5 000 personnes ont manifesté dès lundi soir à l'appel de la gauche communiste et radicale, a constaté une journaliste de l'AFP.

"On n'a pas peur, le pays peut bien tomber en faillite! Nous, ce qui nous intéresse, c'est que le peuple ne fasse pas faillite, mais que le capital fasse faillite" a expliqué Théodore, employé du secteur privé à l'AFP.

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