Grèce: le sulfureux ministre des finances sacrifié pour les créanciers

Publié le 06/07/2015 à 06:41

Grèce: le sulfureux ministre des finances sacrifié pour les créanciers

Publié le 06/07/2015 à 06:41

Par AFP

Yanis Varoufakis, ministre des finances grec, a été sacrifié pour les créanciers. Photo: Bloomberg

Largement victorieux, Alexis Tsipras a fait un geste à l'égard de ses créanciers avec le départ de son sulfureux ministre des Finances, avant un sommet franco-allemand à Paris, crucial pour l'avenir de la Grèce dans l'Europe.

L'annonce surprise a été faite par l'iconoclaste ministre grec, universitaire entré en politique il y a cinq mois, mais c'est bien le premier ministre, Alexis Tsipras, qui a pris la décision de sacrifier ce collaborateur qu'il avait jusqu'ici soutenu contre les critiques de ses partenaires européens. 

Dans un communiqué du ministère, Yanis Varoufakis explique avoir été «informé d'une préférence de certains membres de l'Eurogroupe, et de partenaires associés (...) pour (son) absence des réunions; une idée que le premier ministre a jugé potentiellement utile à l'obtention d'un accord».

Ce choix d'Alexis Tsipras, fort d'une victoire du «non» à 61,31% au référendum organisé dimanche sur les propositions des créanciers, intervient à quelques heures d'une rencontre à Paris de la chancelière allemande, Angela Merkel, et du président français, François Hollande, alors que plane l'incertitude sur le maintien de la Grèce dans la zone euro. 

Athènes croit fermement que les négociations sur les réformes et les mesures budgétaires débattues avec l'UE et le FMI depuis cinq mois peuvent reprendre dès lundi.

La BCE décisive

La situation est d'autant plus urgente que la Grèce n'a plus d'argent, ses banques sont fermées depuis une semaine et fragilisées par les retraits massifs récents de Grecs anxieux.

Tous les regards sont tournés vers la BCE qui, depuis plusieurs jours, a consenti à maintenir en coma artificiel les banques du pays au moyen de prêts d'urgence, les fameux ELA, et doit décider si elle veut continuer de le faire, au risque de violer ses règles. Une réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, annoncée dès vendredi par le gouverneur de la Banque d'Autriche, Ewald Nowotny, est prévue lundi.

Le ministre des Finances français, Michel Sapin, en a appelé lundi matin à l'institution monétaire: le niveau des liquidités fournies aux banques grecques « ne peut pas être abaissé », a-t-il affirmé sur la radio Europe 1.

Paris et Berlin sont « d'accord » pour dire qu'il faut « respecter le vote » des Grecs, mais sont loin d'avoir une vision commune de la réponse à apporter à ce scrutin, qui, plus largement, divise les dirigeants de la zone euro. Un sommet de la zone euro aura lieu mardi soir à Bruxelles.

Le porte-parole du gouvernement français, Stéphane Le Foll a pressé lundi le gouvernement grec de faire de « nouvelles propositions », estimant toutefois que « personne » chez les « dirigeants responsables » ne veut de la sortie de la Grèce de la zone euro.

Le ministre allemand de l'Économie, Sigmar Gabriel, a cependant jugé « difficilement imaginables » de nouvelles négociations dans ces circonstances, déclarant même qu'Alexis Tsipras avait « coupé les derniers ponts » entre son pays et l’Union européenne, dans un entretien au quotidien Tagesspiegel lundi.

Le chef de l'Eurogroupe et ministre des Finances des Pays-Bas, Jeroen Dijsselbloem, a quant à lui jugé le résultat du vote « très regrettable pour l'avenir de la Grèce ».

Le ministre slovaque des Finances, Peter Kazimir, jugeait pour sa part que, désormais, un Grexit - sortie de la Grèce de la zone euro - était « un scénario réaliste ».

Les créanciers se consultent

Mais M. Tsipras a assuré à ses compatriotes que le résultat du référendum ne marquait pas «une rupture avec l'Europe», mais, au contraire, «un renforcement du pouvoir de négociation» de son gouvernement. Il a déclaré que «cette fois, la dette serait sur la table» de ces négociations.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, doit consulter lundi dans la matinée, lors d'une conférence téléphonique, Jeroen Dijsselbloem, Donald Tusk, président du Conseil européen, et Mario Draghi, patron de la Banque centrale européenne (BCE).

Sous l'effet du « non » grec, les marchés asiatiques ont cédé du terrain lundi, l'euro limitant cependant ses pertes: Tokyo a terminé en recul de 2,08%, Hong Kong de 3,18%. Sydney a clôturé en repli de 1,14%.

Paris (-1,22%), Londres (-0,66%) et Francfort (-1,18%) étaient en baisse, mais sans mouvement de panique.

L'euro s'est ponctuellement redressé face au dollar dans les échanges asiatiques après la démission de Yanis Varoufakis.

Dans cette situation périlleuse, Alexis Tsipras, issu du parti de la gauche radicale Syriza, pouvait au moins se féliciter d'avoir remporté le pari du référendum, cinq mois après sa victoire aux élections législatives de janvier.

M. Tsipras, qui aura 41 ans ce mois-ci, a adressé dimanche soir un message d'union à ses compatriotes: quel que soit le vote choisi au référendum, « nous ne faisons qu'un », a-t-il dit. Le raz de marée du « non » a emporté avec lui l'ex-premier ministre et leader du parti conservateur Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, qui a démissionné de ses fonctions.

D'une question simple posée aux Grecs, en substance « Approuvez-vous la proposition de réformes mise sur la table le 25 juin par les créanciers du pays (FMI, UE, BCE)? », les créanciers avaient fait un plébiscite pour ou contre un euro auquel les Grecs sont très attachés, à 74%.

Pour parachever la dramatisation de ce scrutin, ils avaient refusé, la semaine dernière, de poursuivre le programme d'aide en vigueur depuis 2012, laissant la Grèce - qui n'a plus reçu d'aide depuis août 2014 - manquer un paiement de 1,5 milliard au FMI, événement financier rarissime.

Mais les Grecs ont semblé dépasser leur anxiété pour dire le « grand non » espéré par M. Tsipras aux créanciers, qui exigent des réformes très dures de la Grèce depuis 2010, en échange de 240 milliards d'euros de prêts ou promesses de prêts, qui ont porté la dette grecque à près de 180% du PIB.

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