Les taux des pays de la zone euro poursuivaient leur envolée vendredi sur le marché obligataire, fragilisés par de mauvaises statistiques européennes qui renforcent les certitudes des investisseurs sur une entrée imminente de l'Union monétaire en récession.
Vers 12h00, le rendement de l'obligation française à dix ans, qui évolue en sens inverse de la demande, grimpait à 3,358% contre 3,341% jeudi à la clôture.
Le taux des obligations italiennes de même échéance se maintenait au-dessus des 7%, à 7,103% contre 7,058%, un niveau jugé insoutenable sur la durée.
Et les rendements espagnols comparables montaient à 5,659% contre 5,601% la veille.
"Des indicateurs montrent qu'un retour de l'Union monétaire en récession semble inévitable. Cette situation rendra plus difficile la mise en place des programmes d'austérité décidés par les pays européens pour réduire leur déficit, ce qui pèse logiquement sur les rendements obligataires", a commenté Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.
Le taux de chômage dans la zone euro a stagné à son plus haut niveau historique de 10,3% de la population active en novembre.
"Il y a une grande disparité entre le coeur de l'Europe où le chômage est relativement bien contenu et les pays périphériques comme l'Espagne ou la Grèce où il poursuit son envolée", ont souligné les analystes d'ING.
"Les doutes sur la santé du secteur bancaire européen et sur l'ampleur des déficits de certains pays continuent aussi de peser lourdement", a souligné M. Jacq.
La Commission européenne a mis en garde le gouvernement belge à propos de son budget fédéral pour 2012, jugeant que le chiffre du déficit prévu par les services d'Elio Di Rupo était trop optimiste, selon le journal De Morgen.
Les taux belges à dix ans grimpaient à 4,592% contre 4,535% la veille.
Enfin, les désaccords entre responsables européens sur l'instauration d'une taxe sur les transactions financières --Paris annonçant à ses partenaires allemand et italien qu'il pourrait faire cavalier seul dans la mise en place d'une telle mesure-- a renforcé l'inquiétude des investisseurs.
"Il y a une grande cacophonie entre les dirigeants et cela accentue le manque de visibilité pour les marchés", a déploré M. Jacq.
Ces tensions pesaient sur la monnaie européenne, tombée sous le seuil de 1,27 dollar pour la première fois depuis septembre 2010.
A l'inverse, le rendement du Bund allemand reculait à 1,851% contre 1,861% la veille, profitant du rôle de valeur-refuge des titres de dette allemande.
Hors zone euro, le Gilt britannique s'inscrivait à 2,018% contre 2,051%.
Aux États-Unis, le rendement du bon du Trésor à 10 ans diminuait à 1,965% contre 1,995%, tout comme celui à 30 ans à 3,020% contre 3,061%. Les taux courts à trois mois étaient quasi-stables à 0,01%.
Une bonne nouvelle est venue de l'emploi américain: le taux de chômage a reculé en novembre à son niveau le plus bas depuis février 2009 pour s'établir à 8,5% de la population active.
"C'est une grande nouvelle qui confirme que l'économie américaine est sur la bonne voie et continue à se relancer", s'est félicité Phil Flynn, de PFG Best Research.
Sur le marché interbancaire, l'Euribor à trois mois, principal taux en zone euro, a reculé à 1,288% contre 1,303%, tandis que le Libor à trois mois libellé en dollars était à 0,581% contre 0,582%.
